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Inflation : la Banque mondiale prévoit la poursuite d’une politique monétaire restrictive


Rédigé par L'Opinion Vendredi 10 Février 2023

Le directeur de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, a fait part de l’insuffisance de la stratégie marocaine dans la gestion de l’inflation. En se projetant sur l’avenir, le responsable de l’instance de Bretton Woods prévoit la poursuite de la politique monétaire dans un sens restrictif. Détails.




Elle est rude et éprouvante. La lutte contre l’inflation s’annonce longue et le chemin de la solution est jonché d’obstacles. Malgré les efforts consentis aussi bien par le gouvernement que par la Banque centrale pour atténuer l’ampleur de l’inflation, la stratégie du Royaume accuse plusieurs lacunes. C’est le constat de la Banque mondiale, dont le directeur pour le Maghreb et Malte, Jesko Hentschel, a accordé une interview à « Asharq Businness » dans laquelle il a fait a part de son opinion de la gestion de l’inflation par le Maroc.

Selon l’expert de la Banque mondiale, le gouvernement marocain a pris des mesures de compensation destinées à atténuer les effets de l’inflation sur les foyers pauvres. Toutefois, la stratégie gouvernementale, de son point de vue, demeure limitée pour autant que les classes aisées bénéficient des produits subventionnés plus que les classes défavorisées à faible revenu.

En réalité, le gouvernement a manifestement augmenté le budget alloué à la compensation des produits de première nécessité.  Le budget de la Caisse de compensation, rappelons-le, est passé à 42 MMDH en 2022, soit une hausse de 92% par rapport à 2021. Le gaz, le sucre, le blé et l’électricité demeurent les principaux produits compensés.

Pour parer aux carences actuelles du système de compensation, le gouvernement s’apprête à l’abandonner en instaurant, en 2024, les aides directes en faveur des foyers nécessiteux. Chose que va permettre la mise en place du Registre social unifié que la Banque mondiale a contribué à financer. Cette mesure devrait faire augmenter l’inflation en 2024, après la baisse prévue cette année. Selon les prévisions de BAM, le niveau général des prix devrait reculer à 2,4% en 2023.

A lire les déclarations de Hentschel, on comprend que la Banque mondiale estime que Maroc devrait poursuivre une politique monétaire moins accommodante que les années précédentes. Bank-Al-Maghrib, rappelons-le, a augmenté, à deux reprises, le taux directeur, pour le placer à 2,5%. Il s’agit d’une nécessité, selon l’expert, pour faire face aux conséquences du ralentissement économique. En effet, la volonté de relance de l’économie marocaine se heurte à une conjoncture internationale défavorable, marquée par l’incertitude qui plane sur l’Union européenne qui demeure le principal partenaire du Royaume, et sa première source de la demande extérieure. (L’UE reçoit 60% des exportations marocaines).

Hentshel pense que l’éventuelle ralentissement de l’économie européenne pourrait avoir un impact sur la croissance au Maroc surtout au niveau du PIB non-agricole. Selon ses prévisions, il possible qu’il baisse légèrement en 2023 sous l’effet de la hausse des taux d’intérêt et de l’inflation sur la demande.  

En gros, le gouvernement prévoit un taux de croissance de 4% en 2023, tandis que la Banque mondiale s’accroche à l’hypothèse de 3%, puisqu’elle prend en considération l’effet du durcissement de la politique monétaire.

Le pari est fait sur l’investissement privé, qui devrait être boosté par la nouvelle Charte de l’Investissement qui contient des mesures incitatives comme les primes sectorielles et territoriales.  Ce à quoi s’ajoutent les avantages du Fonds Mohammed VI pour l’investissement dont la vocation est de soutenir la capitalisation des sociétés œuvrant dans des projets stratégiques. Ces deux chantiers sont soutenus par la Banque mondiale.

Rappelons, à cet égard, que le Maroc veut pousser le secteur privé à investir plus pour remplacer l’Etat qui demeure le principal investisseur au Maroc. Le Royaume ambitionne d’augmenter la part du privé de l’investissement global à 50% en 2026 et puis aux deux tiers à l’horizon de 2035. Un objectif ambitieux, réalisable et nécessaire », aux yeux de Jesko Hentschel.