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Enseignement supérieur : L’université marocaine appelée à former des lauréats «employables»


Rédigé par ​Anass MACHLOUKH Mercredi 11 Janvier 2023

Dans la réforme universitaire envisagée, Abdellatif Miraoui entend réajuster l’architecture des programmes pédagogiques dans l’optique de former des étudiants employables. Le ministre a dévoilé sa recette devant les membres du Conseil Supérieur de l’Education. Détails.



Le temps presse. Il faut aller vite. Peu de mois nous séparent de la mise en application officielle de la réforme de l’université marocaine que le ministre de tutelle, Abdellatif Miraoui, a promise dès sa prise de fonctions. Ce dernier est venu, lundi, en exposer les grandes lignes aux membres du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique. Une façon d’obtenir la bénédiction des sages du Conseil avant de d’entamer son grand chantier destiné à redresser l’enseignement supérieur, qu’il souhaite entourer d’un consensus national. Sans quoi il se priverait d’un grand atout pour assurer sa réussite.

La réforme, rappelons-le, devrait décliner les conclusions des assises régionales que le ministre mène depuis plus d’un an avec l’ensemble des responsables universitaires à travers le Royaume. Le Conseil supérieur a pris acte de l’état d’avancement des discussions. 13 assises ont eu lieu de mars à novembre 2022. Puis, il y a eu des discussions au sein du ministère avec les doyens, les responsables de cursus, les enseignants et les associations estudiantines. L’objectif est de parvenir à une révision totale des programmes pédagogiques, des outils de travail et des cahiers de charges.

Vers des formations professionnellement «utiles»
 
Sans s’attarder sur le diagnostic de l’état actuel de l’université marocaine, dont les tares sont connues de tout le monde, Abdellatif Miraoui a résumé sa réforme qui s’inspire visiblement des grands repères du Nouveau Modèle de Développement. En gros, l’ex-doyen veut clairement faire des universités des usines à fabrication de candidats éligibles au marché du travail et suffisamment qualifiés pour y accéder facilement. C’est là justement où l’ancien modèle a échoué.

Il suffit de prendre la mesure du taux de chômage élevé parmi les diplômés pour attester de l’échec de l’université à assumer sa vocation de pont vers le marché du travail. En parlant de cela, Abdellatif Miraoui a donné un chiffre qui fait froid dans le dos. 18,7% des lauréats des établissements à accès ouvert se retrouvent sans emploi tandis que ceux des établissements dont l’accès est régulé se portent bien mieux (avec un taux de 8,5%).

Les racines du problème sont identifiées : les lauréats manquent d’outils linguistiques, numériques et relationnels indispensables pour se faire rapidement une place dans le monde du travail. Raison pour laquelle la nouvelle réforme fixe les objectifs pour chaque étape du parcours universitaire. A l’issue de la Licence, il faut avoir des étudiants assez responsables et suffisamment dotés des outils techniques et linguistiques nécessaires pour trouver un emploi. Quant au Master, il a vocation à les rendre « experts » dans leur domaine de spécialité. Les étudiants y sont censés s’imprégner de l’esprit critique et du sens de l’innovation pour devenir un facteur de compétitivité pour leurs entreprises. Pour ce qui est du cycle du doctorat, il est voué à accoucher d’une nouvelle génération de chercheurs formés selon les standards internationaux.

Licence, master, doctorat : une nouvelle architecture 
 
En gros, l’architecture des programmes de licence et du master s’inspire profondément du Système européen de transfert et d’accumulation de crédits. Dans la pratique, la licence sera composée de 30 modules (120 crédits Ects), répartis sur 6 semestres et accompagnés de programmes de langues (24 crédits Ects), de techniques numériques (18 Ects) et de soft skills (18 Ects). 

Ainsi, la réforme conditionne désormais l’obtention du diplôme universitaire à la maîtrise des langues étrangères, des techniques numériques et à l’expérience professionnelle. Or, Abdellatif Miraoui veut développer l’apprentissage de ces techniques, sachant pertinemment qu’il n’y a pas assez de moyens au niveau des universités. Raison pour laquelle le ministre compte sur l’engage[1]ment personnel des étudiants qui auront à leur disposition une plateforme numérique dédiée à la formation linguistique. Ainsi, 30% de la formation sera faite en ligne et 70% en présentiel. La réforme, rappelons-le, exige un niveau B2 dans une langue étrangère (l’anglais et le français).

Des « startups » au sein des universités 
 
Face aux membres du Conseil, Miraoui a également dévoilé un nouveau concept dont le but est d’inciter les étudiants à devenir plus créatifs. Il s’agit du « Code 212 » : ce sont des espaces de coworking, équipés du matériel numérique, et destinés à familiariser les étudiants avec l’environnement des startups. Par ailleurs, toutes les mesures susmentionnées ont pour but de rehausser l’image de l’université qui n’a eu de cesse de se dégrader ces dernières années, tellement elle n’est plus attractive pour les étudiants.

D’où le phénomène de désertion qui a pris de proportions telles que près de la moitié des étudiants n’achèvent pas leurs parcours d’études supérieures. Selon l’exposé de Miraoui, 50% des étudiants sortent de l’université sans obtenir de diplômes. Les raisons sont multiples. Mais le manque d’encadrement en est une, puisqu’il est connu de tout le monde que seules l’autoformation et la persévérance solitaire demeurent le recours pour vous mener jusqu’au bout du chemin. Les chiffres indiquent qu’il existe un professeur pour 120 étudiants, ce qui est dérisoire par rapport à des pays comme la Turquie, capable de fournir 25 enseignants pour le même nombre d’étudiants.

Anass MACHLOUKH

Enseignement supérieur : L’université marocaine appelée à former des lauréats «employables»








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