
En pleines discussions sur la nécessité d’une réforme urgente et effective des programmes et des méthodes d’enseignement, l’enquête PNEA dresse un état des lieux peu reluisant sur le niveau des étudiants en dégradation continue dans les différents cycles et niveaux scolaires.
L’étude a porté sur les apprentissages de 36.808 élèves dans les milieux rural et urbain, dans le public et le privé et dans les écoles communales. Les résultats du PNEA 2019 offrent une évaluation des acquis et des compétences des élèves, en se référant au programme prescrit, à la fin de la 6ème année primaire et de la 3ème année du secondaire collégial, afin d’examiner la performance des élèves et ses déterminants.
Ces résultats reflètent une faiblesse notoire au niveau des acquis chez une bonne partie des élèves à l’enseignement fondamental, à des degrés variés, en langues, en mathématiques et en sciences. Ceci est de nature à engendrer des déperditions à travers l’abandon et le redoublement, impactant ainsi négativement la survie scolaire des jeunes, et anéantissant tous les efforts investis par les pouvoirs publics dans les réformes successives de l’Education.
Des problèmes multi-niveaux
Les problèmes liés à l’accessibilité, l’infrastructure de base, la disponibilité de ressources humaines et matérielles incitent à améliorer l’offre scolaire dans les établissements publics fréquentés majoritairement par des élèves défavorisés sur le plan socioéconomique.
Une des conclusions que l’on peut tirer des résultats de l’étude est que l’enseignement fondamental public est un carrefour de contraintes : celles qui relèvent de l’établissement avec tout ce qu’il compte comme infrastructure, ressources, qualité des enseignants et leurs pratiques pédagogiques, ainsi que leurs habilités dans l’enseignement…, et celles qui relèvent de l’élève et de ses caractéristiques familiales, sociales, culturelles et territoriales…Ces contraintes n’affectent pas tous les élèves de la même manière.
En effet, le faible niveau socio-économique et culturel de la famille continue à affecter les acquis scolaires des élèves, surtout ceux de la 3ème année du secondaire collégial, car l’école peine toujours à contrecarrer ce handicap et à instaurer l’équité qui ne signifie pas la non différenciation, mais une égalité des chances. Cette dernière implique que ceux qui se trouvent dépourvus de capital ressources familiales ont des difficultés pendant leur scolarité.
Ecart public-privé
Le rapport met en évidence que la performance des élèves scolarisés dans le secteur privé est supérieure à celle des élèves du public. Quelle que soit la matière principale (mathématiques, arabe, français, SVT, physique-chimie), seuls 8 à 9% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant contre une moyenne de 50% dans l’école privée. Il faut cependant souligner que le secteur privé ne fait pas face aux mêmes contraintes que les établissements publics.
En effet, le secteur privé dote ses établissements de ressources et d’infrastructure pour attirer les élèves et les parents et arrive à maîtriser le temps d’enseignement avec des enseignants tenus par des contrats, par l’exigence de la présence et du rendement.
Ce secteur arrive également à attirer relativement plus des familles favorisées, instruites et disposant des moyens pour payer les frais de scolarité de leurs enfants, ainsi que le soutien scolaire supplémentaire compensant toute faiblesse de l’école. Certaines écoles privées sélectionnent même à l’entrée les élèves pour garder le niveau requis qui servirait à leur attractivité auprès des familles.
Pour rappel, Chakib Benmoussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement du Maroc, et actuel ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, a indiqué que la tutelle lancera une révision globale des programmes du cycle secondaire afin d’arrimer la mission d’enseignement aux exigences de la mutation du secteur. Les chiffres présentés dans ce rapport viennent alors confirmer la légitimité et l’urgence de ladite réforme.
L’étude a porté sur les apprentissages de 36.808 élèves dans les milieux rural et urbain, dans le public et le privé et dans les écoles communales. Les résultats du PNEA 2019 offrent une évaluation des acquis et des compétences des élèves, en se référant au programme prescrit, à la fin de la 6ème année primaire et de la 3ème année du secondaire collégial, afin d’examiner la performance des élèves et ses déterminants.
Ces résultats reflètent une faiblesse notoire au niveau des acquis chez une bonne partie des élèves à l’enseignement fondamental, à des degrés variés, en langues, en mathématiques et en sciences. Ceci est de nature à engendrer des déperditions à travers l’abandon et le redoublement, impactant ainsi négativement la survie scolaire des jeunes, et anéantissant tous les efforts investis par les pouvoirs publics dans les réformes successives de l’Education.
Des problèmes multi-niveaux
Les problèmes liés à l’accessibilité, l’infrastructure de base, la disponibilité de ressources humaines et matérielles incitent à améliorer l’offre scolaire dans les établissements publics fréquentés majoritairement par des élèves défavorisés sur le plan socioéconomique.
Une des conclusions que l’on peut tirer des résultats de l’étude est que l’enseignement fondamental public est un carrefour de contraintes : celles qui relèvent de l’établissement avec tout ce qu’il compte comme infrastructure, ressources, qualité des enseignants et leurs pratiques pédagogiques, ainsi que leurs habilités dans l’enseignement…, et celles qui relèvent de l’élève et de ses caractéristiques familiales, sociales, culturelles et territoriales…Ces contraintes n’affectent pas tous les élèves de la même manière.
En effet, le faible niveau socio-économique et culturel de la famille continue à affecter les acquis scolaires des élèves, surtout ceux de la 3ème année du secondaire collégial, car l’école peine toujours à contrecarrer ce handicap et à instaurer l’équité qui ne signifie pas la non différenciation, mais une égalité des chances. Cette dernière implique que ceux qui se trouvent dépourvus de capital ressources familiales ont des difficultés pendant leur scolarité.
Ecart public-privé
Le rapport met en évidence que la performance des élèves scolarisés dans le secteur privé est supérieure à celle des élèves du public. Quelle que soit la matière principale (mathématiques, arabe, français, SVT, physique-chimie), seuls 8 à 9% des élèves de l’école publique ont un niveau satisfaisant contre une moyenne de 50% dans l’école privée. Il faut cependant souligner que le secteur privé ne fait pas face aux mêmes contraintes que les établissements publics.
En effet, le secteur privé dote ses établissements de ressources et d’infrastructure pour attirer les élèves et les parents et arrive à maîtriser le temps d’enseignement avec des enseignants tenus par des contrats, par l’exigence de la présence et du rendement.
Ce secteur arrive également à attirer relativement plus des familles favorisées, instruites et disposant des moyens pour payer les frais de scolarité de leurs enfants, ainsi que le soutien scolaire supplémentaire compensant toute faiblesse de l’école. Certaines écoles privées sélectionnent même à l’entrée les élèves pour garder le niveau requis qui servirait à leur attractivité auprès des familles.
Pour rappel, Chakib Benmoussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement du Maroc, et actuel ministre de l’Education nationale, du Préscolaire et des Sports, a indiqué que la tutelle lancera une révision globale des programmes du cycle secondaire afin d’arrimer la mission d’enseignement aux exigences de la mutation du secteur. Les chiffres présentés dans ce rapport viennent alors confirmer la légitimité et l’urgence de ladite réforme.
Hiba CHAKER
Repères
Le diplôme des enseignants ne compte pas !
Il ressort des résultats du PNEA-2019 que la formation académique des enseignants et leurs diplômes (même le doctorat) n’ont aucun effet significatif sur les performances des élèves ! La formation continue, selon les réponses des enseignants au questionnaire, est jugée inadéquate. « Leur expérience professionnelle et le passage de l’enseignant par les centres de formation, ont un effet positif sur les scores des élèves. Par contre, ces scores sont moins élevés pour les élèves qui ont les enseignants en contrat avec les AREF », annonce le rapport.
Des programmes trop chargés
Cette évaluation montre également que ce qui affaiblit le système éducatif est qu’un tiers, et parfois plus, des élèves n’arrive pas à suivre les programmes prescrits des matières dans le primaire et au collège. Ceci représente le noeud gordien du système éducatif, qui ne peut être tranché que par une réforme profonde de l’enseignement fondamental, comme le recommande la Vision Stratégique de la Réforme 2015-2030 et le stipule la loi-cadre 51-17.
3 questions à Rahma Bourquia
« Un système éducatif qui est fort devrait affaiblir l’effet socioéconomique sur les acquis des élèves »
La directrice de l’Autorité nationale d’évaluation du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche scientifique au Maroc, décrypte pour les lecteurs de «L’Opinion» les grandes lignes de l’enquête sur le Programme national d’évaluation des acquis des élèves.
- Comment évaluez-vous les évolutions des acquis des élèves?
- Le constat est globalement le même depuis 2008, les acquis sont faibles ! Mais on ne peut pas comparer puisque les méthodologies utilisées pour nos études ont évolué. Toutefois, on peut dire qu’en 2016, par exemple, l’effet du privé était moindre. Néanmoins, on a l’idée de stabiliser la méthodologie, à l’image des enquêtes internationales, afin de comparer en 2024 les acquis avec ceux en 2019 par exemple.
- Que pensez-vous de la décision du ministère de l’Education portant sur la fixation de l’âge maximum de 30 ans pour passer le concours de recrutement des enseignants ?
- Le Conseil se base sur des enquêtes, des études internationales, et sur l’actualité au monde de la pédagogie et de la didactique pour exprimer sa position. Au niveau mondial, cette question d’âge ne se pose même pas puisque la majorité des enseignants intègrent le métier après une formation à l’université puis une formation professionnelle, formations qui ne dépassent pas 5 ans en moyenne.
Au Maroc, on a des enseignants qui ont intégré la profession sous différents programmes et conditions, parfois sans même bénéficier d’une formation vu le besoin urgent qu’on avait, ce qui explique un peu la situation alarmante qu’on vit actuellement.
- Pourquoi l’origine socioéconomique des étudiants continue à affecter leurs performances scolaires ?
- Le débat sur l’influence du niveau socioéconomique des élèves sur leur enseignement est mondial, on peut citer, à titre d’exemple, le cas des écoles en banlieues françaises où le niveau général est au-dessous de ceux en centre-villes. Les différences socioéconomiques sont présentes partout et vont durer, il ne faut seulement pas que ça affecte les acquis des élèves. Un système éducatif qui est fort devrait affaiblir cet effet. On doit alors traiter ce problème à deux niveaux, d’abord à travers le développement national, puis au niveau de l’école à travers le soutien des programmes adaptés.
- Comment évaluez-vous les évolutions des acquis des élèves?
- Le constat est globalement le même depuis 2008, les acquis sont faibles ! Mais on ne peut pas comparer puisque les méthodologies utilisées pour nos études ont évolué. Toutefois, on peut dire qu’en 2016, par exemple, l’effet du privé était moindre. Néanmoins, on a l’idée de stabiliser la méthodologie, à l’image des enquêtes internationales, afin de comparer en 2024 les acquis avec ceux en 2019 par exemple.
- Que pensez-vous de la décision du ministère de l’Education portant sur la fixation de l’âge maximum de 30 ans pour passer le concours de recrutement des enseignants ?
- Le Conseil se base sur des enquêtes, des études internationales, et sur l’actualité au monde de la pédagogie et de la didactique pour exprimer sa position. Au niveau mondial, cette question d’âge ne se pose même pas puisque la majorité des enseignants intègrent le métier après une formation à l’université puis une formation professionnelle, formations qui ne dépassent pas 5 ans en moyenne.
Au Maroc, on a des enseignants qui ont intégré la profession sous différents programmes et conditions, parfois sans même bénéficier d’une formation vu le besoin urgent qu’on avait, ce qui explique un peu la situation alarmante qu’on vit actuellement.
- Pourquoi l’origine socioéconomique des étudiants continue à affecter leurs performances scolaires ?
- Le débat sur l’influence du niveau socioéconomique des élèves sur leur enseignement est mondial, on peut citer, à titre d’exemple, le cas des écoles en banlieues françaises où le niveau général est au-dessous de ceux en centre-villes. Les différences socioéconomiques sont présentes partout et vont durer, il ne faut seulement pas que ça affecte les acquis des élèves. Un système éducatif qui est fort devrait affaiblir cet effet. On doit alors traiter ce problème à deux niveaux, d’abord à travers le développement national, puis au niveau de l’école à travers le soutien des programmes adaptés.
Recueillis par H. Ch.