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Energies renouvelables : La tutelle met les bouchées doubles pour relever les défis


Rédigé par Kawtar CHAAT Lundi 20 Juin 2022

Si le Maroc demeure en tête des pays africains dans le secteur des énergies renouvelables, la hausse du prix du pétrole et les inquiétudes concernant le réchauffement climatique ont créé des pressions supplémentaires pour réduire la consommation et renforcer les systèmes de stockage. Ces enjeux sont au coeur des préoccupations de la tutelle.



Grâce à ses engagements ambitieux, le Maroc bénéficie d’une position de leader au niveau de la région MENA dans le secteur des énergies renouvelables. Cependant, les défis auxquels est confrontée l’industrie des énergies renouvelables sont de plus en plus nombreux. Les pressions liées à l’adaptation des entreprises, les politiques gouvernementales, les infrastructures séculaires, le scénario du marché actuel et le manque de système de stockage de batterie approprié font obstacle à une adoption plus large des dispositifs durables.

Lors d’une conférence-débat organisée par la Fondation Universitaire Links sur le thème «Enjeux et défis de la politique énergétique au Maroc», à la Faculté des Sciences Juridiques de Aïn Chok, Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, a fait valoir que pour réussir la transition énergétique vers un modèle économique durable dans le sens large du terme, il faut réussir à atteindre un environnement d’affaires sobre en carbone.

Plusieurs projets d’infrastructure en cours de développement pour réaliser la transition énergétique en sont au stade de la conception et nécessiteront des approches innovantes en matière de contractualisation et de répartition des risques afin de sécuriser les investissements. Les défis inhérents à la transition énergétique constituent ainsi un terreau très fertile pour les juristes.

« La transition énergétique est un projet de réforme très important, mais le principal problème est que nous manquons de capacités juridiques», a relevé la ministre dans ce sens. Ceci dit, il est nécessaire d’initier un dialogue accessible entre le droit de l’énergie et les autres disciplines énergétiques pour faire face aux différents défis, particulièrement la volatilité.

L’énergie est un secteur qui a vécu sa troisième crise, le choc de demandes de 2020 était la troisième crise, donc dans un contexte de relance post-Covid, le Maroc et les pays partenaires doivent traverser ce virage avec prudence, a ajouté la ministre, notant que « nous avons tous les ingrédients pour entrer dans une période de volatilité accrue, preuve en est : les prix du pétrole ont augmenté de 70% sur un an, ceux du charbon de 500% depuis mars, tandis que les prix du gaz ont pris 300%».

Cette volatilité rappelle certaines crises énergétiques que le monde a vécues, notamment celle de 2008 où le prix du baril a atteint 147 dollars, en juillet, avant de tomber à 32 dollars en septembre, prévient-elle.

Les chaînes énergétiques mises à mal

La volatilité est beaucoup plus difficile à gérer que des prix structurellement bas ou structurellement élevés, et nous devons construire une stratégie résiliente pour contrer les effets de la volatilité qui se refléteront sur les prix des matières premières particulièrement.

Selon la ministre, «nous sortons de deux ans de pandémie où les chaînes de valeur ont été déstructurées, donc nous devons faire en sorte que la reprise se fasse de la manière la plus durable possible». De plus, il y a une certaine incertitude par rapport à l’état futur de la demande en énergie, ce qui fait qu’il y a une vision floue quant à la stratégie d’investissement à mettre en place dans ce secteur.

Les piliers de la stratégie énergétique maintenus

Dans ces conditions, le Maroc a choisi de maintenir son dispositif de diversification du mix énergétique qui a permis de développer de nouveaux projets pour répondre à ses besoins croissants en électricité et renforcer sa capacité en énergie propre. «Nous avons été les premiers, en juin 2021, à nous aligner sur un scénario de 82% de capacités installées à l’horizon de 2050», rappelle Benali, notant que le deuxième pilier de la stratégie énergétique marocaine est l’efficacité énergétique en matière de production et de consommation.

Le troisième point concerne la coopération régionale qui constitue, selon la ministre, une base de la gouvernance mondiale sur l’énergie et le climat qui ne peut se faire sans des alliances régionales avec des partenaires publics et privés.

Benali fait appel à l’ingéniosité des juristes

La ministre a par ailleurs mis en avant la nécessité de valoriser le capital naturel, notant que l’utilisation du foncier devrait s’accompagner d’une augmentation du capital manufacturier, industriel et humain, qui a un effet multiplicateur assez important. Elle a ainsi révélé que son département est en train de lancer une grande réflexion sur l’appréhension des services de stockage et de flexibilité qu’offre le système énergétique, entre autres. « Il faut tirer profit de la stabilité politique, des cadres juridiques de notre pays et des contrats commerciaux de notre pays pour mettre en place une réforme en termes de gouvernance dans les deux années à venir », déclare-t-elle.

Quid des systèmes de stockage ?

Pour sa part, Driss Benhima, ex-patron de l’Office national d’électricité et actuel président du cabinet Cambre Advocacy Maroc, a déclaré que la transition énergétique connaîtra une accélération dans les prochaines années, poussée par la conjoncture et par les choix stratégiques du Maroc en matière de développement durable, prévoyant que « l’objectif de 52% du mix électrique national à l’horizon 2030 va être dépassé dans les années à venir, non seulement parce que le gouvernement le décidera, mais parce que le marché le demandera ».

Pour relever les défis actuels du secteur, Benhima propose d’élaborer un système de paiement des concessionnaires et des sociétés chargées de la gestion déléguée, ainsi qu’un système qui fasse centrer le gaz rapidement.

De son côté, Riad Mekouar, professeur en économie monétaire et financière, marchés internationaux et mondialisation à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Aïn Chock à Casablanca, a appelé à faire redémarrer la SAMIR pour renforcer le potentiel énergétique marocain en énergies renouvelables en termes de compétitivité et donner un coup de pouce à l’économie marocaine, reconnaissant que cela aura un coût s’élevant à 800 millions de dollars.

Il a ainsi souligné la nécessité d’un arbitrage objectif des avantages et des coûts du redémarrage des opérations de la raffinerie, insistant sur le fait que la régulation du marché des carburants qui «ne répond pas aux règles de la concurrence» s’impose pour contrer les effets de la flambée des prix.



Kawtar CHAAT









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