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Emploi / Pays arabes et égalité des genres : une équation impossible ?


Rédigé par Chaimae BARKI Mardi 24 Août 2021

Malgré les efforts pour réduire les inégalités, les femmes restent moins bien payées que les hommes et plus rarement nommées à des postes de direction. Une situation qui s’est aggravée pendant la crise pandémique, selon le dernier rapport de la CESAO et du Bureau régional de l’OIT des États arabes. Éclairage.



Emploi / Pays arabes et égalité des genres : une équation impossible ?
La situation du marché du travail continue encore de subir les effets du choc de la crise pandémique, essentiellement marqué par la hausse du taux de chômage et de l’inactivité, particulièrement chez les femmes.

Dans un rapport publié par la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) et le Bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour les États arabes, il est indiqué que la région arabe a les taux de chômage les plus élevés au monde, en particulier chez les femmes et les jeunes avec 14,3 millions de personnes déjà au chômage. Un constat qui s’explique par le manque d’égalité entre les sexes sur les marchés du travail arabes, illustré par la part plus faible des femmes en tant que propriétaires d’entreprises et le peu de postes de direction qu’elles occupent généralement, selon la secrétaire exécutive de la CESAO, Rola Dashti.

« Nous devons remettre en question les perceptions discriminatoires liées au genre sur les marchés du travail afin que les femmes puissent évoluer dans leur carrière et tirer parti de leur niveau d’éducation accru», a-t-elle affirmé.

En effet, sous l’effet conjugué de la propagation du Covid-19, de l’état d’urgence sanitaire et des confinements, les femmes ont été touchées de manière disproportionnée par les suppressions d’emplois et la perte de leurs revenus, qui ont découlé de la crise économique liée au contexte pandémique.

« L’impact de la crise a été particulièrement dévastateur pour les femmes et les jeunes », a-t-elle souligné. « Il est fondamentalement important que nous développions une feuille de route orientée vers l’action pour faire avancer une reprise centrée sur l’humain et construire un avenir meilleur qui offre la sécurité économique, l’égalité des chances et la justice sociale », a-t-elle ajouté.

Le Maroc ne déroge pas à la règle, plusieurs rapports l’attestent …

Ce constat est certes amer mais guère surprenant. Plusieurs rapports élaborés par d’autres instances font état d’inégalité des genres au marché du travail dans les pays arabes, dont le Maroc.

Dans son édition 2021, le rapport annuel WBL (Women, Business and the Law) de la Banque Mondiale, qui a passé au crible 190 pays, a révélé qu’en moyenne, les femmes ne bénéficient que des trois quarts des droits juridiques reconnus aux hommes en matière d’emploi. Dans la région MENA, la situation est encore plus critique puisque “la performance de la région est à peine en dessus de la moyenne mondiale, avec un score de 51,5/100”. Autrement dit, les femmes de la région ne jouissent que de la moitié des droits juridiques reconnus aux hommes.

Par ailleurs, selon une étude baptisée «Coûts économiques des inégalités de genre dans le marché du travail au Maroc», dévoilée le 2 mars 2021, par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) et ONU Femmes, il est indiqué que dans la plupart des pays de la zone MENA, le développement de l’emploi féminin dans le secteur tertiaire reste faible (soit environ un quart de la part des hommes dans les services en 2019).

Cette part jugée faible, conjuguée à la baisse des niveaux de participation féminine à l’activité, génère une masculinisation dominante de l’emploi dans les services, indique l’étude. Il en découle que les activités tertiaires, particulièrement dans le milieu rural, marqué par la dominance de l’agriculture, n’exercent pas encore d’effet de rééquilibrage en faveur de l’emploi des femmes, à l’instar de plusieurs pays et régions du monde.

En effet, la part de l’agriculture dans l’emploi féminin rural est prépondérante avoisinant près de 93% en 2019, selon les chiffres officiels.

Toutefois, la donne change dans le milieu urbain, où l’emploi féminin est caractérisé par une forte progression de la part des services (passant de 54,1% en 1999 à 71% en 2019) au détriment de l’industrie. Quant à la part des services dans l’emploi urbain des hommes, elle a affiché une légère augmentation de 1,6 point pour se situer à 64,4% en 2019, précisent la DEPF et ONU Femmes.

L’égalité homme-femme au travail demeure un voeu pieux

Le rythme des embauches pour les femmes est plus lent et leurs chances d’être recrutées pour des postes dirigeants est nettement plus faible, selon une étude publiée le 31 mars 2021 par le Forum économique mondial (WEF).

La fondation estime que la pandémie du Covid-19 a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité homme-femme, relevant qu’il faudra encore désormais compter 36 ans de plus pour combler les écarts tant sur le plan économique que politique, de santé ou encore d’éducation.

« La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès », a mis en lumière Saâdia Zahidi, membre du Comité exécutif du Forum économique mondial, citée dans le communiqué accompagnant l’étude.

Le fossé s’est surtout creusé au niveau politique. En poursuivant sa trajectoire actuelle, l’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de fin 2019.

Il ne faut pas être un grand clerc pour voir que la bataille contre les discriminations de genre au travail demeure acharnée et que l’égalité des genres est un voeu pieux. Toutefois, on oublie souvent que la parité des genres est une conquête historique, fruit d’un long combat et requiert un investissement social constant.
 
Chaimae BARKI


Féminisation du journalisme

Du pain sur la planche

 
Lors d’un webinaire organisé à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, diverses personnalités médiatiques et politiques ont cherché réponse à la question de la féminisation des Rédactions, tous supports médiatiques confondus. Selon Bahia Amrani, DG du groupe « Le Reporter », les femmes journalistes ne sont ni proches de la parité ni convenablement représentées.

Même si, à la fin des années 80, il n’y avait que 53 journalistes femmes et qu’en comparant ce chiffre là à celui de 2020, « certains peuvent être satisfaits », il faut tout de même « se demander pourquoi cette évolution est -elle si lente ? », a-t-elle précisé.

En effet, « selon les chiffres du CNP (Conseil National de la Presse) arrêtés en 2020, il y a eu 2.928 cartes de presse octroyées à des journalistes professionnels. Parmi eux, on ne compte que 831 femmes seulement », a-t-elle déploré. De plus, « seules 5% de femmes sont représentées sur l’ensemble des médias au Maroc », avait indiqué Fathia Elaouni, présidente du comité permanent des Panafricaines en citant une étude menée par le « Global media monitoring project ».

Dans le même sillage, Amina Benkhadra , DG de l’ONHYM, a martelé que « Si la SNRT compte 228 femmes et que la presse électronique en compte 259, comme l’indique Bahia Amrani, il convient de souligner que près de 80% des journalistes au Maroc sont des hommes ». Or, et comme l’avait précisé Bassima Hakkaoui, ancienne ministre de la Solidarité, « de nombreux pays très avancés n’ont pas atteint la parité. Le monde entier parle des inégalités qui existent toujours et contre lesquelles il faut lutter par tous les moyens ». Au Maroc, malgré les efforts et les avancées progressives, le constat reste amer et les chiffres le confirment.

C. B.

Entrepreneuriat / Leadership féminin : un futur prometteur

Face à la discrimination qu’elles subissent dans le marché du travail, les femmes, conscientes de leur force, ont pris leur sort à bras-le-corps parce qu’elles ont à coeur de réaliser les missions qu’elles se donnent. Armées d’une persévérance à toute épreuve, elles avancent et relèvent les défis.

En fait, deux secteurs de l’entrepreneuriat féminin cohabitent aujourd’hui au Maroc : un secteur artisanal et un secteur moderne dominé par une nouvelle génération de femmes-entrepreneures hautement formées et institutionnalisées.

Dans l’ordre judiciaire marocain, on a connu la première femme juge, Zhor El Horr, en 1979. Depuis cette nomination, les postes judiciaires sont de plus en plus attrayants pour les femmes marocaines et on compte aujourd’hui plus de 1 000 femmes juges, sur un total de 4 175 magistrats travaillant dans les tribunaux du pays.

Pour le corps sanitaire national, et selon le Ministère de la Santé, le taux de répartition entre hommes et femmes, toutes spécialités confondues, était de 60% pour les hommes, 40% pour les femmes, avec une variation significative entre public et privé. Les femmes sont en effet, à cette date, 48% dans le public, tandis qu’elles ne sont que 30% dans le privé.

Le rôle des femmes dans la relance économique à travers le monde est indiscutablement fondamental, raison pour laquelle il est temps que les femmes qualifiées et compétentes occupent des postes de direction de plus en plus importants. Le Maroc, pays de femmes telles Assayyida lhorra, Zaynab Nafzaouia ou encore Khnata Bent Bakkar ne peut que compter sur ses entrepreneures, ses dirigeantes et ses femmes leaders qui marquent de leurs empreintes tous les domaines.
C. B.

A l’instar des femmes, les jeunes arabes victimes du chômage


Selon le rapport Intitulé « Vers une voie productive et inclusive : la création d’emplois dans la région arabe » de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) et le Bureau régional de l’Organisation internationale du travail (OIT) pour les États arabes, les jeunes autant que les femmes sont victimes du chômage et comptent 14,3 millions de personnes sans emploi.

Par ailleurs, un bilan établi par l’UNICEF en 2021 précise que la région Moyen-Orient et Afrique du Nord détient un record mondial, celui des jeunes sans emploi, affirme le directeur régional de l’Organisation, Ted Chaiban. En fait, et selon Chaiban, la situation a empiré après 2011, la vie et l’avenir des jeunes ont été mis en péril par la multiplication des conflits et la chute des prix du pétrole et le résultat est accablant dans une région qui compte 124 millions de jeunes entre 10 et 24 ans, soit 26% de la population, selon l’UNICEF.

En outre, le taux de chômage est de 29% en Afrique du Nord et 25% au Moyen-Orient. Et il est plus élevé chez les femmes avec respectivement 39 et 41%.

Or, les perspectives ne sont pas réjouissantes. Il faudrait, selon la Banque Mondiale, créer 300 millions de nouveaux emplois d’ici 2050 afin de satisfaire la demande des jeunes entrant sur le marché du travail, les pays de la région MENA devront dès aujourd’hui «créer 800.000 emplois par mois», a indiqué un responsable de la Banque Mondiale en janvier dernier.

Afin d’arrêter cette hémorragie, « il est indispensable de réformer le secteur de l’éducation dans la région, d’impliquer les enfants et les jeunes, de leur donner les outils nécessaires pour répondre au changement rapide de l’économie, aux demandes du marché et de l’emploi dans l’avenir », a expliqué Ted Chaiban.
 
C. B.