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International

Cuba: Biden profite des manifestations pour se saisir du dossier cubain


Mercredi 14 Juillet 2021

Les manifestations à Cuba offrent au président américain l’opportunité de repousser encore la perspective d’un allégement rapide des sanctions des Etats-Unis.



Photo AFP / YAMIL LAGE
Photo AFP / YAMIL LAGE
Le calme régnait lundi dans la capitale La Havane, où un important dispositif policier était en place tandis que l’accès au Capitole - vers lequel avaient convergé la veille plus d’un millier de personnes - était bloqué. Au moins une centaine de manifestants, activistes et journalistes indépendants ont été arrêtés depuis dimanche à travers le pays, alors que des milliers de personnes étaient descendues dimanche dans les rues de La Havane, de Santiago et d’autres villes pour protester contre la situation économique et sanitaire, allant jusqu’à appeler à la fin du communisme.

Joe Biden a appelé lundi «le régime cubain à entendre son peuple» et son «appel vibrant à la liberté», au lendemain de rassemblements inédits de milliers de personnes qui réclament la fin de «la dictature». Il n’a en revanche rien dit des sanctions américaines, bien que le président cubain Miguel Diaz-Canel, évoquant une «asphyxie économique», leur ait imputé les «troubles sociaux» en cours sur l’île. Les Etats-Unis imposent depuis 1962 un strict embargo économique et financier au régime castriste.

Le président démocrate Barack Obama avait, à la fin de son mandat, entamé une normalisation des relations, rapidement balayée par son successeur républicain Donald Trump. A son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden, qui fut le vice-président de Barack Obama, avait ordonné une réévaluation de cette politique. La porte-parole de l’Exécutif, Jen Psaki, avait toutefois admis en mars que la question cubaine n’était «pas à l’heure actuelle une des priorités du président Biden».

Les Républicains montent au créneau

Depuis dimanche, les républicains, qui soutiennent une ligne dure envers le régime castriste, réclament une réponse ferme face à la répression des manifestants. Le sénateur républicain Marco Rubio a jugé «scandaleuse» la première réaction de l’administration démocrate: un tweet d’une diplomate imputant les manifestations à la hausse des cas de Covid-19 sur l’île. «Joe Biden doit s’opposer au régime communiste, sinon l’Histoire s’en rappellera», a renchéri lundi l’ex-président Trump.

Mais Joe Biden, comme l’avait fait Barack Obama au moment de la répression de la contestation en Iran en 2009, a adopté un ton mesuré, soucieux de ne pas alimenter la rhétorique du régime castriste, prompt à accuser les Etats-Unis de fomenter la crise. Blâmer les Etats-Unis est «une grave erreur», a juste rétorqué son chef de la diplomatie, Antony Blinken.

La Havane blâme Washington

Cuba a imputé à l’»asphyxie économique» des Etats-Unis les manifestations antigouvernementales historiques qui secouent l’île et a procédé à l’arrestation de certains activistes de premier plan, alors que Washington a dit soutenir le droit du peuple cubain à manifester.

Le président Miguel Diaz-Canel a imputé aux sanctions américaines, renforcées ces dernières années, les difficultés économiques que rencontre le pays avec notamment des pénuries de médicaments et des pannes régulières d’électricité.

Pendant sa campagne, Joe Biden avait évoqué l’idée de lever les restrictions sur les voyages de touristes américains vers l’île des Antilles, située à 145 km de la Floride, et les transferts de fonds entre particuliers. Son gouvernement n’y a pas encore donné suite et n’a rien dit de l’inscription de Cuba sur la liste noire des Etats soutenant le terrorisme, décidée à la dernière minute par l’administration Trump, et synonyme de lourdes sanctions.

S’exprimant dans une allocution télévisée, entouré de son gouvernement, le dirigeant cubain a affirmé que les critiques contre la gestion de l’épidémie de Covid-19 sur l’île visaient à fracturer l’unité du peuple. Miguel Diaz-Canel a vilipendé les scènes de violences et les pillages qui se sont déroulées dans plusieurs villes du pays, dénonçant le comportement «totalement vulgaire, indécent et délinquant» des manifestants.

Des dizaines d’arrestations, Internet bloqué
 
Au moins 115 personnes ont été arbitrairement arrêtées lors des plus grandes manifestations populaires à Cuba depuis des décennies, selon l’organisation de défense des droits humains Amnesty International. Il s’agit notamment d’éminents dissidents et journalistes, a posté sur Twitter Erika Guevara-Rosas, directrice d’Amnesty pour les Amériques. Les services de sécurité seraient massivement présents. Certaines vidéos circulent en ligne sur des manifestations à plus petite échelle lundi, mais comme l’accès à Internet est restreint, le monde extérieur reçoit peu d’informations.

Les services de sécurité se montrent très durs. Des vidéos montraient des hommes, qui, selon les opposants au gouvernement, étaient des agents en civil, battant et arrêtant des manifestants. Le gouvernement de La Havane voit ces manifestations comme l’oeuvre de «contre-révolutionnaires» soutenus par Washington pour déstabiliser Cuba.

Le journal du parti communiste PCC, le seul parti autorisé à Cuba, écrit que le peuple est descendu dans la rue pour défendre la révolution. L’ancien président américain, Donald Trump, a renforcé les sanctions contre Cuba, et la pandémie a réduit la quantité de devises étrangères entrant dans le pays. De plus, le nombre d’infections au Covid-19 augmente depuis un certain temps.