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Comment le Maroc doit se préparer à la 3ème phase ?

Confinement


Rédigé par Hajar LEBABI Lundi 6 Avril 2020

Avec l’augmentation du nombre de cas atteints, la situation pandémique au Maroc s’avère plus critique. Comment doit-on alors se préparer pour la prochaine étape ?



Comment le Maroc doit se préparer à la 3ème phase ?
Le compteur s’accélère au Maroc. Aujourd’hui, plus que jamais, le Royaume s’approche de la 3ème phase épidémique et d’alerte sanitaire. Ceci implique que le pays est dans l’obligation de prendre les mesures pour se préparer à toute situation possible.

Le stade 3 se définit par une circulation active du virus. Selon le plan national de riposte, le Maroc atteindra la phase 3 quand le nombre de cas positifs sera de 10.000 personnes. La stratégie sanitaire est différente et passe d’une logique de détection et de prise en charge individuelle à une logique d’action collective. Les tests de dépistage ne sont plus réalisés de manière systématique et les interventions chirurgicales non urgentes sont déprogrammées. Les patients bénins se soignent chez eux.

Les axes majeurs de la 3ème phase

Au stade 3, le virus circule sur l’ensemble du territoire. L’objectif est d’atténuer les effets de la vague épidémique. C’est l’augmentation rapide du nombre de cas qui signe le début de la vague épidémique. Le stade 3 marque l’arrêt de la surveillance individuelle des cas. Il s’agit alors de limiter la contagion par des mesures barrières, de réduire la charge sur le système de santé, de limiter l’absentéisme au travail et de renforcer la capacité de réponse sanitaire.Le stade 3 d’une épidémie peut durer 8 à 12 semaines. Les mesures barrières appliquées à ce stade sont quasi-similaires à celles du stade 2, voire renforcées pour certains points géographiques où le virus circule activement.

Lors de cette phase, 3 axes majeurs sont prévus et détaillés. Il s’agit d’abord d’assurer la prise en charge des patients sans gravité en ambulatoire, ainsi que la prise en charge des patients avec signes de gravité en établissement de santé et la prise en charge des patients sans gravité en ambulatoire et la protection des populations fragiles.

Ce dispositif de maintien à domicile vise à ne pas saturer les capacités d’hospitalisation des établissements de santé et permet de réserver les ressources des établissements de santé aux cas les plus graves et aux personnes les plus fragiles.

Ce stade impose la pleine mobilisation du système de santé (médecine de ville, établissements de santé et établissements médicosociaux). L’ensemble des établissements sanitaires (en sus des établissements identifiés Covid-19) doivent pouvoir participer au diagnostic et à la prise en charge des patients, de même que les établissements médicosociaux doivent monter en charge : être en capacité de repérer les patients Covid-19 et mettre en oeuvre des mesures d’isolement dans leur établissement si nécessaire.

Hajar LEBAB
 

3 questions à Berraho Mohamed Amine

Berraho Mohamed Amine
Berraho Mohamed Amine
«Les quatre prochains jours permettront de prédire avec plus de précision l’évolution de l’épidémie»

Le médecin et professeur d’enseignement supérieur en épidémiologie clinique, nous a livré ses réflexions sur la situation pandémique au Maroc.

-Comment jugez-vous la situation actuelle au Maroc ?
 
Sur le plan épidémiologique, le Maroc est en phase 2 de l’épidémie. Ce stade correspond à l’apparition de foyers à différents endroits du territoire avec des regroupements de patients, appelés clusters.

Le but à ce stade est encore de freiner la propagation du virus et de laisser le temps aux établissements de santé de se préparer pour faire face à l’épidémie et un potentiel passage au stade 3. Sur le plan des mesures misent en place, le Maroc a instauré très précocement des mesures de distanciation sociale et de confinement qui sont classiquement instaurées dans la phase 3. Cette décision, sage et anti-cipatrice, est largement justifiée par les caractéristiques virologiques et épidémiologiques de cette pandémie. Les quatre prochains jours permettront de prédire avec plus de précision l’évolution de l’épidémie. Jusqu’ici, le Maroc a réussi à ralentir la vitesse d’évolution de l’épidémie. Maintenant il faut agir pour l’arrêter le plus rapidement possible et avec le minimum de cas et de morts.

-Si le déconfinement a effectivement lieu, à partir du 20 avril, comment doit-on procéder ?

La décision du déconfinement se basera sur l’évolution de l’épidémie. C’est un processus complexe, progressif et contextuel. Il pourrait en effet se faire par étapes, en se basant sur plusieurs critères, comme la répartition géographique des cas (par régions, villes ou quartiers), la répartition de l’offre de soins (en fonction des lits), la répartition sur la base des régions à fort impact socio-économique ou selon les classes d’âge. Il faut noter qu’une stratégie de déconfinement nécessite obligatoirement des dizaines voire des centaines de milliers de tests sérologiques, que le Maroc n’a pas pour l’instant.

-Est-ce que le pays risque de passer à la 3ème phase ?

Le passage au stade 3 de l’épidémie n’est pas exclu ! Au stade 3, il n’est plus question de freiner l’épidémie mais d’en atténuer les effets. Cela signifie que le virus circule activement sur le territoire et que les efforts doivent être déployés pour contrôler la situation. Sur le plan des mesures à mettre en place, le Maroc a déjà instauré très précocement des mesures de distanciation sociale et de confinement qui sont classiquement instaurées dans la phase 3. Si cette phase est entamée, Il faudra renforcer les mesures de confinement et de distanciation sociale et la mobilisation collective des professionnels de santé.

Receuillis par H. L.

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