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Burkina Faso : Suite au coup d’Etat, inquiétude sur la sécurité des ressortissants marocains


Rédigé par Mohamed ELKORRI Mercredi 5 Octobre 2022

Le coup d’Etat au Burkina Faso, réalisé par la force des armes vendredi soir, est le deuxième renversement de régime dans ce pays au cours de la même année 2022, le premier étant survenu en janvier dernier.



Burkina Faso : Suite au coup d’Etat, inquiétude sur la sécurité des ressortissants marocains
Le pays connaît une importante dégradation de sa situation sécuritaire depuis plusieurs années. La recrudescence de la menace terroriste représente un enjeu majeur dans cette instabilité. Aussi, dans le contexte de la «dégradation continue de la sécurité» dans le pays, les militaires ont annoncé la fermeture des frontières, la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée législative de transition. Ensuite, les auteurs du coup d’Etat ont mis en place un couvre-feu de 21h à 5h. Résultat : la situation a éclaté, vendredi et samedi, avec des tirs dans le quartier de la présidence à Ouagadougou. Paul Henri Damiba, le président renversé, a finalement accepté de démissionner dimanche, avant de partir se réfugier au Togo.

Le Maroc se dit inquiet

Dès la survenue du coup d’Etat à Ouagadougou, le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, s’est mobilisé en installant, via l’ambassade du Royaume à Ouagadougou, une cellule de suivi de la situation au Burkina Faso, et a tenu à rassurer l’opinion publique nationale sur la situation des membres de la communauté marocaine résidant dans ce pays.

La compagnie aérienne nationale Royal Air Maroc (RAM) avait suspendu, dimanche 2 octobre, ses vols vers Ouagadougou, suite à la décision de la fermeture des frontières aériennes du pays. La compagnie a annoncé, lundi 3 octobre, la reprise de ses vols Casablanca-Ouagadougou suite à la réouverture des frontières aériennes au Burkina Faso.

La reprise rapide des vols traduit le rétablissement de la situation sécuritaire dans le pays. Or, la rentrée scolaire ayant eu lieu, une lueur d’espoir s’est manifestée, lundi 3 octobre, jour où la crise était à son apogée. Le secrétaire général du ministère de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues nationales, Ibrahima Sanon, a procédé au lancement officiel de la rentrée 2022-2023.

Les entreprises marocaines au Burkina Faso

Le Burkina Faso, dont l’instabilité politique inquiète, compte plusieurs entreprises marocaines, dont certaines de renom. Dans le secteur du BTP, par exemple, on citera la présence du projet CIMAF Burkina lancé par le groupe Ciment d’Afrique.

Créé en 2011, le groupe est désormais présent en Côte d’Ivoire, Guinée Conakry, Cameroun, Gabon, République du Congo, Mali, Mauritanie, Ghana, Tchad et Guinée Bissau. En novembre 2021, il a décroché un financement de 161,25 millions d’euros auprès de plusieurs bailleurs de fonds internationaux, dont IFC. Ce financement a pour objectif d’aider la société à accroître sa production de ciment en Afrique de l’Ouest afin de répondre à la demande croissante de nouveaux logements et d’infrastructures dans la région.

Maroc-Burkina Faso : accord de protection des investissements

Le Maroc et le Burkina Faso sont liés par plusieurs accords et mémorandums dont un accord d’encouragement et de protection des investissements, noué en 2007. L’accord consiste en la protection des investissements des deux pays sur leurs sols respectifs. Les deux parties s’engagent, au terme de cet accord, à prendre des mesures nécessaires au maintien de l’ordre public, de la protection et de la sécurité pleine et entière des entreprises des deux pays.

Les routiers marocains au Burkina Faso

Des camionneurs marocains se sont, suite à cette crise politique et sécuritaire, retrouvés bloqués au Burkina Faso. Ils ont pu quitter le pays suite aux interventions menées par les autorités marocaines. Des sources syndicales ont révélé au média en ligne Hespress qu’une trentaine de camions marocains sont rentrés au pays, tandis qu’une soixantaine d’autres camions sont toujours présents dans des pays limitrophes du Burkina Faso. Tous les chauffeurs marocains sont en bonne santé, et sont en communication constante et continue avec les instances syndicales auxquelles ils appartiennent.

Selon les informations obtenues par Hespress, les camions marocains transportent des marchandises vers un certain nombre de pays du continent africain, y compris de la viande et des produits laitiers, du matériel médical, du gypse et des légumes. Ces camions transportent également du matériel pour les bureaux marocains, les administrations et les banques dans les pays subsahariens. Environ 80 camions quittent quotidiennement le poste frontière de Guerguerat en direction de cette région africaine.



Mohamed ELKORRI
 


Sentiment anti-français

Le renversement de Damiba a été accompagné par des manifestations contre des institutions françaises. Des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux, selon lesquelles la France avait accordé une protection au chef déchu, notamment en l’accueillant dans son ambassade. Ces affirmations ont été formellement démenties par le ministère français des Affaires étrangères. Des manifestants anti-Damiba se sont attaqués à certains bâtiments français, comme l’Institut français à Ouagadougou.

La ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a dénoncé dimanche des «violences» et des «tentatives d’intrusion » commises à l’encontre de l’ambassade de France. La France, rappelons-le, a renforcé son soutien militaire au Burkina Faso en 2018, à la demande du pays. La task force Sabre, une unité des forces spéciales françaises, est d’ailleurs stationnée à Ouagadougou, la capitale du pays. Cette coopération militaire n’a pas réussi à contenir le sentiment anti-français dans le pays. Ce sentiment n’est pas récent.

En effet, un rapport d’information du Sénat le mentionnait déjà en 2019. Il n’est pas non plus spécifique au Burkina Faso. Le Mali, pays voisin, a également connu plusieurs manifestations anti-françaises ces dernières années, dans un contexte sécuritaire dégradé.