La comédienne au parcours généreusement soutenu se fait très tôt piquer par l’aiguillon du théâtre. Défaillante en anticorps, elle se laisse ronger, confiant son destin au Père des arts qui la bénit, l’accueille dans son antre sinueux qu’elle apprend à arpenter par à-coups avant de lui détecter les recoins, avant de faire corps avec lui.
La Rbatie de naissance fréquente le lycée français de la capitale avant de s’envoler pour le Canada. Et pourquoi faire simple lorsqu’on est capable de faire compliqué ? Partie à Québec, un bac en sciences mathématiques sous le bras, elle s’engage dans des études en philosophie. Des études qu’elle entend théâtraliser en s’inscrivant aux cours montréalais du centre théâtral universitaire.
La jeune et soyeuse femme respire enfin les effluves de son aspiration première sur le conseil d’une maman qui l’aiguille vers les planches alors que l’enfant rêve de cinéma. Elle réussit, épanouie, son apprentissage mais ne répond pas à l’accent souhaité/exigé par le Canada francophone. Fin de séjour et formalités pour regagner la France, pays «maghrébin».
Acharnement et détermination
Boutaïna El Fekkak débarque à Paris en jeune femme pressée, capable de tout déboulonner en espérant visser à jamais les plaques inscrivant son nom dans le métier qu’elle souhaite chérir pour l’éternité. Elle compte sur son acharnement, sa détermination, sa prime expérience.
Là encore, le cheminement est réputé laborieux. Pour parvenir à enjamber les difficultés, elle se cogne les neurones. Une approche qui lui ouvre des portes mais pas encore le portail. Cours et concours s’imposent à la diplômée philosophe, bûcher jour et nuit rythmant un temps libre qui n’en est plus. La fraîche débarquée se projette comme résidente en France, s’inscrit aux cours parisiens de Claude Mathieu qu’elle délaisse pour s’installer à Strasbourg où elle fait briller ses éclats artistiques. Elle regagne ensuite Paris «là où tout se passe».
Les audiences s’enchaînent et les choix de rôles ne dépendent que de la production. Boutaïna, à force d’acharnement, de labeur dépassant la capacité humaine et intellectuelle en heures «d’ouvrage» finit par se surpasser et étonner. Elle peut enfin dire qu’elle fait du théâtre un métier. Elle est choisie pour camper des rôles des quels elle espère s’affranchir. Si elle s’émancipe dans des pièces de Corneille, Flaubert ou Molière, elle s’engage plus tard dans des compositions qui la rendent accessible aux genres les plus improbables.
Pour une comédienne biberonnée au classique, Boutaïna El Fekkak s’ouvre à l’inconnu -source de renouvellement- et s’engage dans des sources jonchées de ressourcements. Avec son compatriote «slaoui» Abdallah Taïa (Prix de Flore en 2010 pour ‘Le Jour du roi’), elle coécrit et met en scène la pièce de théâtre mi- réelle mi- fictive «Comme la mer, mon amour», titre emprunté au hit de la chanteuse marocaine Samira Saïd «Zayi lbahr, habibi». Pourquoi cette pièce, pourquoi ce thème, pourquoi les deux anciennes connaissances s’y attèlent ? Il est dit que cette collaboration intervint une vingtaine d’années après leur dernière rencontre.
Energie vagabonde
Le récit confond allégrement vérité et songe, le besoin de s’y suspendre. Une énergie vagabonde y prend ses quartiers, l’inspiration venant du mouvement. Dans un récent entretien couplé paru sur un site français, les deux artistes, préalablement «fâchés» se disent tout, sauf l’essentiel à découvrir lors de la représentation de cette pièce inspirée de souvenirs égyptiens que revendiquent l’hétéro et l’homo.
Après des représentations en France sur les planches du Théâtre Ouvert que Boutaïna connaît pour les avoir longtemps fréquentées mais aussi au Théâtre des Chelles, «Comme la mer, mon amour» compte élire domicile en Belgique en octobre avant de migrer vers le Maroc. La pièce se déroule dans la France d’aujourd’hui en renvoyant le spectateur vers l’incompréhension que les deux auteurs essaient d’élucider.
Boutaïna tente tout et son collatéral : «Nous pouvons parler des Marocains, des pauvres et des riches, de Rabat et de Salé pendant des heures tout en éclatant de rire, en se moquant… C’est aussi cette position qu‘on a essayé de transcrire dans la pièce.» La dérision ne forçant jamais la main aux belles âmes, elle étale sa cruauté jusqu’à terrifier les mauvais esprits. Boutaïna El Fekkak devrait «se réjouir» d’avoir repris contact avec l’Egypte ainsi étalée par son coauteur.
Finalement, l’amour des lieux ou des légendes n’est réellement consommé que quand il est senti. Que la paix viole les mauvais rêves.
La Rbatie de naissance fréquente le lycée français de la capitale avant de s’envoler pour le Canada. Et pourquoi faire simple lorsqu’on est capable de faire compliqué ? Partie à Québec, un bac en sciences mathématiques sous le bras, elle s’engage dans des études en philosophie. Des études qu’elle entend théâtraliser en s’inscrivant aux cours montréalais du centre théâtral universitaire.
La jeune et soyeuse femme respire enfin les effluves de son aspiration première sur le conseil d’une maman qui l’aiguille vers les planches alors que l’enfant rêve de cinéma. Elle réussit, épanouie, son apprentissage mais ne répond pas à l’accent souhaité/exigé par le Canada francophone. Fin de séjour et formalités pour regagner la France, pays «maghrébin».
Acharnement et détermination
Boutaïna El Fekkak débarque à Paris en jeune femme pressée, capable de tout déboulonner en espérant visser à jamais les plaques inscrivant son nom dans le métier qu’elle souhaite chérir pour l’éternité. Elle compte sur son acharnement, sa détermination, sa prime expérience.
Là encore, le cheminement est réputé laborieux. Pour parvenir à enjamber les difficultés, elle se cogne les neurones. Une approche qui lui ouvre des portes mais pas encore le portail. Cours et concours s’imposent à la diplômée philosophe, bûcher jour et nuit rythmant un temps libre qui n’en est plus. La fraîche débarquée se projette comme résidente en France, s’inscrit aux cours parisiens de Claude Mathieu qu’elle délaisse pour s’installer à Strasbourg où elle fait briller ses éclats artistiques. Elle regagne ensuite Paris «là où tout se passe».
Les audiences s’enchaînent et les choix de rôles ne dépendent que de la production. Boutaïna, à force d’acharnement, de labeur dépassant la capacité humaine et intellectuelle en heures «d’ouvrage» finit par se surpasser et étonner. Elle peut enfin dire qu’elle fait du théâtre un métier. Elle est choisie pour camper des rôles des quels elle espère s’affranchir. Si elle s’émancipe dans des pièces de Corneille, Flaubert ou Molière, elle s’engage plus tard dans des compositions qui la rendent accessible aux genres les plus improbables.
Pour une comédienne biberonnée au classique, Boutaïna El Fekkak s’ouvre à l’inconnu -source de renouvellement- et s’engage dans des sources jonchées de ressourcements. Avec son compatriote «slaoui» Abdallah Taïa (Prix de Flore en 2010 pour ‘Le Jour du roi’), elle coécrit et met en scène la pièce de théâtre mi- réelle mi- fictive «Comme la mer, mon amour», titre emprunté au hit de la chanteuse marocaine Samira Saïd «Zayi lbahr, habibi». Pourquoi cette pièce, pourquoi ce thème, pourquoi les deux anciennes connaissances s’y attèlent ? Il est dit que cette collaboration intervint une vingtaine d’années après leur dernière rencontre.
Energie vagabonde
Le récit confond allégrement vérité et songe, le besoin de s’y suspendre. Une énergie vagabonde y prend ses quartiers, l’inspiration venant du mouvement. Dans un récent entretien couplé paru sur un site français, les deux artistes, préalablement «fâchés» se disent tout, sauf l’essentiel à découvrir lors de la représentation de cette pièce inspirée de souvenirs égyptiens que revendiquent l’hétéro et l’homo.
Après des représentations en France sur les planches du Théâtre Ouvert que Boutaïna connaît pour les avoir longtemps fréquentées mais aussi au Théâtre des Chelles, «Comme la mer, mon amour» compte élire domicile en Belgique en octobre avant de migrer vers le Maroc. La pièce se déroule dans la France d’aujourd’hui en renvoyant le spectateur vers l’incompréhension que les deux auteurs essaient d’élucider.
Boutaïna tente tout et son collatéral : «Nous pouvons parler des Marocains, des pauvres et des riches, de Rabat et de Salé pendant des heures tout en éclatant de rire, en se moquant… C’est aussi cette position qu‘on a essayé de transcrire dans la pièce.» La dérision ne forçant jamais la main aux belles âmes, elle étale sa cruauté jusqu’à terrifier les mauvais esprits. Boutaïna El Fekkak devrait «se réjouir» d’avoir repris contact avec l’Egypte ainsi étalée par son coauteur.
Finalement, l’amour des lieux ou des légendes n’est réellement consommé que quand il est senti. Que la paix viole les mauvais rêves.
Anis HAJJAM