Autour de l'hémicycle, les esprits s’échauffent. Les antichambres des bureaux des présidents des groupes parlementaires grouillent de monde. Chacun se prépare pour mener l’enquête sur les subventions accordées aux importateurs de bétail soupçonnés de s’être rempli les poches sur le dos de l’Etat.
Le bras de fer est à son paroxysme entre la majorité et l’opposition qui se disputent le “privilège” de mener la quête vers “la vérité” au moment où le gouvernement n’arrive pas à convaincre le commun des citoyens de sa version des faits.
Maintenant, tout le monde attend le verdict du Bureau de l’Assemblée qui va trancher sur les demandes contradictoires. Alors que la majorité réclame simplement une mission exploratoire, l'opposition exige une commission d’enquête. La première a vocation d’éclairer l’opinion avec un rapport non contraignant, tandis que la deuxième peut avoir des implications beaucoup plus larges.
Au milieu de la confusion, on étudie la possibilité d’une mission commune comme elles portent toutes sur le même sujet, mais reste à savoir la forme. La commission des secteurs productifs s'est réunie, lundi, dans la salle 8, à cet effet. Entre-temps, le suspense est à son comble.
L’opposition de plus en plus menaçante !
Les partis de l’opposition s’attachent opiniâtrement à leur demande sans en avoir, pourtant, les moyens. La commission d’enquête a peu de chances d’aboutir puisqu'il faut 132 signatures. L’opposition n’est pas parvenue à les recueillir. C’est pratiquement une mission impossible. Pour rappel, selon l’article 67 de la Constitution, une commission d’enquête ne peut voir le jour qu’à la demande du tiers des députés ou des Conseillers.
De son côté, la majorité reste confiante sur le sort de sa requête. “Le Bureau de l'Assemblée va bientôt statuer”, nous confie un député de la majorité sur un ton optimiste. Cette démarche rebute l’opposition qui crie au scandale et multiplie les esclandres médiatiques. La majorité est accusée de lui faire obstruction. Ce sera une mission d’enquête ou de fronde, lâche un député sous couvert d’anonymat.
L’opposition fait de ce sujet un cheval de bataille pour faire tomber le gouvernement en cas d’échec de sa démarche. Le Mouvement Populaire a ouvertement menacé de censurer le gouvernement d’Aziz Akhannouch. Au micro de nos confrères de “Le360”, le chef de file des députés du MP, Driss Sentissi, a expliqué que la motion de censure est d’autant plus bénéfique qu’elle élargirait le débat sur les subventions accordées par l’Etat à tous les secteurs, dont le Tourisme et le Transport.
Paralysée par sa faiblesse aussi numérique que politique, l’opposition use de tous les moyens à sa disposition pour faire pression. L’essentiel, c’est de gagner les esprits. Plus symbolique qu’autre chose, la censure n’a nulle chance d’aboutir, étant donné la supériorité numérique écrasante de la majorité à l’hémicycle.
Controverse interrompue !
Ce scandale dure depuis des mois et ne cesse d’envenimer le débat politique. Où sont partis les milliards déboursés par l’Etat pour stabiliser les prix des viandes rouges, qui en a réellement bénéficié et comment ? Autant de questions qui taraudent les esprits, d’autant plus que les soupçons de détournement de fonds publics par des importateurs demeurent trop sérieux pour les balayer d’un revers de la main.
On dit que les chiffres sont têtus. Or, ce n’est pas le cas dans cette affaire où chacun s’attache au sien. Depuis l’éclatement de la polémique, le montant réel des subventions n’a jamais fait l'unanimité.
L’opposition a estimé que la facture totale s’élève à 13,3 milliards de dirhams depuis le 21 octobre 2022, tandis que le gouvernement conteste ce chiffre. Selon le dernier communiqué du ministère de l’Agriculture, qui, force est de le reconnaître, n’a pas eu l’effet escompté, le total s’élève à 437 millions de dirhams, dont 193 MDH déboursés en 2023 et 244 MDH l’année suivante. L'Exécutif dit avoir subventionné 875.000 têtes d’ovins depuis le début de l’opération. 156 importateurs en ont bénéficié.
Le vrai débat
Le problème n’est pas le chiffre. Le diable se cache dans les détails. C’est la structure même du marché des viandes rouges qui soulève des questions. Les déclarations tenues, en février dernier, par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, sur le plateau de Medi1, n’ont laissé personne indifférent. 18 importateurs auraient, selon lui, pris en otage le marché avec leurs pratiques spéculatives.
Maintenant, l’enjeu est d’évaluer minutieusement la facture et étudier le dossier sous tous ses aspects, au moment où l’opposition s’attache au chiffre : 13,3 milliards de dirhams qu’auraient coûté les subventions et toutes sortes d’allègements, y compris les exonérations douanières et fiscales.
L’enfer est pavé de bonnes intentions !
Aujourd’hui, tout le monde convient que ce fut un échec, bien que l’intention du gouvernement était louable au départ. Pour stabiliser le prix des viandes rouges, l’Exécutif a préféré agir sur l’offre pour pousser la courbe à la baisse.
Face au déficit du cheptel national, terriblement amenuisé par la sécheresse, il n’y avait d’autre choix que d’encourager l’importation. A coup d’exonérations douanières et fiscales en plus d’une subvention de 500 dirhams par tête, on donnait libre cours aux importateurs dans l’espoir d'inonder le marché.
Pour autant, il n’en fut rien. L’effet escompté sur les prix n’a pas eu lieu. La viande arrivait toujours chère dans l’assiette du citoyen. La spéculation, hélas, a tourné à plein régime devant les yeux ébahis de l’opinion publique qui a réalisé une nouvelle fois les travers des marchés dont les chaînes d’approvisionnement n’ont jamais fonctionné correctement.
Loin de s’éteindre, la polémique continue d'enflammer le débat public au point de s’imposer encore dans les meetings politiques. Face aux militants du RNI, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, n’a pas ménagé ses adversaires de l’opposition qui l’accablent de critiques depuis le début de cette affaire. Depuis Dakhla où son parti était en meeting, il a dénoncé un déferlement de contre-vérités.
Au moment où l’opposition monte au créneau, la majorité préserve son flegme sans éluder le sujet. Bien qu’il fasse partie du gouvernement, l’Istiqlal a reconnu l’échec des subventions sans que cela crée des tensions au sein de la coalition qui continue de parler d’une seule voix au sein du Parlement.
Le bras de fer est à son paroxysme entre la majorité et l’opposition qui se disputent le “privilège” de mener la quête vers “la vérité” au moment où le gouvernement n’arrive pas à convaincre le commun des citoyens de sa version des faits.
Maintenant, tout le monde attend le verdict du Bureau de l’Assemblée qui va trancher sur les demandes contradictoires. Alors que la majorité réclame simplement une mission exploratoire, l'opposition exige une commission d’enquête. La première a vocation d’éclairer l’opinion avec un rapport non contraignant, tandis que la deuxième peut avoir des implications beaucoup plus larges.
Au milieu de la confusion, on étudie la possibilité d’une mission commune comme elles portent toutes sur le même sujet, mais reste à savoir la forme. La commission des secteurs productifs s'est réunie, lundi, dans la salle 8, à cet effet. Entre-temps, le suspense est à son comble.
L’opposition de plus en plus menaçante !
Les partis de l’opposition s’attachent opiniâtrement à leur demande sans en avoir, pourtant, les moyens. La commission d’enquête a peu de chances d’aboutir puisqu'il faut 132 signatures. L’opposition n’est pas parvenue à les recueillir. C’est pratiquement une mission impossible. Pour rappel, selon l’article 67 de la Constitution, une commission d’enquête ne peut voir le jour qu’à la demande du tiers des députés ou des Conseillers.
De son côté, la majorité reste confiante sur le sort de sa requête. “Le Bureau de l'Assemblée va bientôt statuer”, nous confie un député de la majorité sur un ton optimiste. Cette démarche rebute l’opposition qui crie au scandale et multiplie les esclandres médiatiques. La majorité est accusée de lui faire obstruction. Ce sera une mission d’enquête ou de fronde, lâche un député sous couvert d’anonymat.
L’opposition fait de ce sujet un cheval de bataille pour faire tomber le gouvernement en cas d’échec de sa démarche. Le Mouvement Populaire a ouvertement menacé de censurer le gouvernement d’Aziz Akhannouch. Au micro de nos confrères de “Le360”, le chef de file des députés du MP, Driss Sentissi, a expliqué que la motion de censure est d’autant plus bénéfique qu’elle élargirait le débat sur les subventions accordées par l’Etat à tous les secteurs, dont le Tourisme et le Transport.
Paralysée par sa faiblesse aussi numérique que politique, l’opposition use de tous les moyens à sa disposition pour faire pression. L’essentiel, c’est de gagner les esprits. Plus symbolique qu’autre chose, la censure n’a nulle chance d’aboutir, étant donné la supériorité numérique écrasante de la majorité à l’hémicycle.
Controverse interrompue !
Ce scandale dure depuis des mois et ne cesse d’envenimer le débat politique. Où sont partis les milliards déboursés par l’Etat pour stabiliser les prix des viandes rouges, qui en a réellement bénéficié et comment ? Autant de questions qui taraudent les esprits, d’autant plus que les soupçons de détournement de fonds publics par des importateurs demeurent trop sérieux pour les balayer d’un revers de la main.
On dit que les chiffres sont têtus. Or, ce n’est pas le cas dans cette affaire où chacun s’attache au sien. Depuis l’éclatement de la polémique, le montant réel des subventions n’a jamais fait l'unanimité.
L’opposition a estimé que la facture totale s’élève à 13,3 milliards de dirhams depuis le 21 octobre 2022, tandis que le gouvernement conteste ce chiffre. Selon le dernier communiqué du ministère de l’Agriculture, qui, force est de le reconnaître, n’a pas eu l’effet escompté, le total s’élève à 437 millions de dirhams, dont 193 MDH déboursés en 2023 et 244 MDH l’année suivante. L'Exécutif dit avoir subventionné 875.000 têtes d’ovins depuis le début de l’opération. 156 importateurs en ont bénéficié.
Le vrai débat
Le problème n’est pas le chiffre. Le diable se cache dans les détails. C’est la structure même du marché des viandes rouges qui soulève des questions. Les déclarations tenues, en février dernier, par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, sur le plateau de Medi1, n’ont laissé personne indifférent. 18 importateurs auraient, selon lui, pris en otage le marché avec leurs pratiques spéculatives.
Maintenant, l’enjeu est d’évaluer minutieusement la facture et étudier le dossier sous tous ses aspects, au moment où l’opposition s’attache au chiffre : 13,3 milliards de dirhams qu’auraient coûté les subventions et toutes sortes d’allègements, y compris les exonérations douanières et fiscales.
L’enfer est pavé de bonnes intentions !
Aujourd’hui, tout le monde convient que ce fut un échec, bien que l’intention du gouvernement était louable au départ. Pour stabiliser le prix des viandes rouges, l’Exécutif a préféré agir sur l’offre pour pousser la courbe à la baisse.
Face au déficit du cheptel national, terriblement amenuisé par la sécheresse, il n’y avait d’autre choix que d’encourager l’importation. A coup d’exonérations douanières et fiscales en plus d’une subvention de 500 dirhams par tête, on donnait libre cours aux importateurs dans l’espoir d'inonder le marché.
Pour autant, il n’en fut rien. L’effet escompté sur les prix n’a pas eu lieu. La viande arrivait toujours chère dans l’assiette du citoyen. La spéculation, hélas, a tourné à plein régime devant les yeux ébahis de l’opinion publique qui a réalisé une nouvelle fois les travers des marchés dont les chaînes d’approvisionnement n’ont jamais fonctionné correctement.
Loin de s’éteindre, la polémique continue d'enflammer le débat public au point de s’imposer encore dans les meetings politiques. Face aux militants du RNI, le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, n’a pas ménagé ses adversaires de l’opposition qui l’accablent de critiques depuis le début de cette affaire. Depuis Dakhla où son parti était en meeting, il a dénoncé un déferlement de contre-vérités.
Au moment où l’opposition monte au créneau, la majorité préserve son flegme sans éluder le sujet. Bien qu’il fasse partie du gouvernement, l’Istiqlal a reconnu l’échec des subventions sans que cela crée des tensions au sein de la coalition qui continue de parler d’une seule voix au sein du Parlement.