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Afrique / Lutte contre Coronavirus : De l'urgence à l'indépendance vaccinale


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 2 Août 2021

La pandémie a permis de voir non seulement la vulnérabilité des Etats africains mais aussi la faiblesse des infrastructures hospitalières. D’où la nécessité de doter l’Afrique d’industries pharmaceutiques capables de produire des vaccins contre les maladies et virus d’aujourd’hui et ceux de demain.



« Briser le cycle de la dépendance. Veiller à ce que l’Afrique ait la capacité de fabriquer des vaccins et des produits biologiques », tels sont les maîtres mots de l’Initiative africaine de fabrication de vaccins. Un slogan qui exprime la nécessité pour le continent de se doter d’un système industriel sanitaire efficient à l’heure où le nationalisme vaccin est devenu l’apanage des pays industrialisés.

Résultat : jusqu’à présent, presque 79 millions de doses de vaccins contre la Covid-19 sont arrivées en Afrique et 21 millions de personnes, soit tout juste 1,6% de la population de l’Afrique, sont entièrement vaccinées. Les pays à revenu élevé ont administré 61 fois plus de doses par personne que les pays à faible revenu. Pour vacciner entièrement 30 % de la population adulte de l’Afrique d’ici la fin de 2021, le continent a besoin de 820 millions de doses de vaccin, suivant un calendrier à deux doses.

Le COVAX, qui vise à expédier 520 millions de doses en Afrique d’ici la fin 2021, n’arrive pas à suivre le rythme de contamination avec l’arrivée de nouveaux variants. Même si les livraisons de vaccins contre la Covid-19 du Fonds africain pour l’acquisition des vaccins (AVAT) de l’Union africaine sont en augmentation, avec une hausse prévue de 10 millions de doses par mois à partir de septembre. L’AVAT devrait fournir environ 45 millions de doses d’ici la fin de l’année.

Accès aux médicaments

Pour ce qui est de la production de vaccins, la pandémie a permis de voir non seulement la vulnérabilité des Etats africains mais aussi la faiblesse des infrastructures hospitalières. D’où la nécessité de doter l’Afrique d’industries pharmaceutiques capables de produire des vaccins contre les maladies et virus d’aujourd’hui et de demain.

A ce sujet, le docteur Anissa Boumlic-Courtade, membre du directoire de l’association African Vaccine Manufacturing Initiative (AVMI), est on ne peut plus claire : « C’est très important pour l’Afrique de pouvoir développer son industrie pharmaceutique. En cas de pandémie, en cas de situation de crise, ces pays-là n’ont pas forcément accès à ces médicaments ». Elle ajoute même que l‘Union africaine a lancé un chantier à horizon 2040 pour justement augmenter son infrastructure pour la production de molécules biologiques, et en particulier les vaccins, pour essayer de passer de 1%, peut-être à 30 voire même 60% de production de vaccins dans le continent.

Pour ce faire, il va falloir que les Etats africains se mettent au travail, ensemble. En effet, il est évident qu’aujourd’hui, les technologies actuelles qui sont utilisées en Afrique sont basées sur des procédés qui datent de plus de 40 ans, reconnait d’ailleurs l’OMS. Selon les experts de cette institution, l’Afrique doit faire appel à des transferts de technologies ou des développements locaux, c’est-à-dire qu’il y a toute une infrastructure de recherche et de développement à mettre en place. Il y aussi des futurs ingénieurs ou opérateurs qui vont avoir besoin d’une formation solide.

Car il faut le reconnaitre, la fabrication de vaccins est un exercice complexe et chronophage nécessitant un engagement considérable et des ressources financières et techniques. L’investissement en capital requis est considérable et une vision à long terme est essentielle. Bien que les avantages potentiels soient clairs, la mise en oeuvre pratique et la réalisation du résultat souhaité ne sont pas sans défis.

C’est dans cette optique que l’Africa Vaccine Manufacturers Initiative (AVMI) a tout sens d’être. Car avec le soutien de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’AVMI a organisé une consultation d’experts depuis longtemps pour discuter des options pour l’élaboration d’une approche stratégique de cette question.

Recherche et production de vaccins

De son côté, l‘Union africaine a lancé un chantier à l’horizon 2040 pour justement augmenter son infrastructure dans la production de molécules biologiques, et en particulier les vaccins. Aujourd’hui on est à 1%, mais il est question de passer peut-être à 30 voire même 60% de production de vaccins dans le continent.

Qu’est-ce que cela représente en plus d’une indépendance ? Se demande Anissa Boumlic-Courtade. Autrement, pouvoir garantir une sécurité et l’accès à des molécules biologiques, cela peut permettre aussi de contribuer à une économie locale et même réfléchir au-delà puisque, certains pays se voient comme des hubs qui pourraient aussi exporter ces molécules vers d’autres pays au sein de l’Afrique, ou même en dehors de l’Afrique.

Aujourd’hui, il y a eu plusieurs discussions pour avoir un hub en Afrique du Nord, un hub en Afrique de l’Est, Ouest et du Sud. C’est un petit peu la vision à long terme de pouvoir contribuer à une industrie mondiale et non pas que locale pour sortir de l’urgence vaccinale et aller vers l’indépendance vaccinale.

En d’autres termes, il est temps que l’Afrique fasse une évaluation analytique de sa capacité de fabrication de vaccins et des mécanismes d’approvisionnement sur le continent. D’après l’AMVI, cette réflexion doit être axée sur quatre domaines prioritaires dont la dynamique actuelle et future du marché des vaccins, les mécanismes d’approvisionnement en vaccins et mécanismes de financement associés. Il s’agira aussi de la faisabilité technique de l’établissement d’une capacité de fabrication de vaccins durable. Ainsi que le financement et mécanismes de financement pour établir la fabrication de vaccins.

Wolondouka SIDIBE

Une initiative à consolider
 
En septembre 2010, lors de l’International Vaccine Technology Workshop (IVTW) en Inde, un groupe d’Africains intéressés a lancé l’Africa Vaccine Manufacturers Initiative (AVMI). Au-delà de la fourniture de vaccins dans les situations d’urgence, l’AVMI a l’intention de coordonner les efforts des fabricants de vaccins africains et d’autres parties intéressées, qui ont pour vision de voir l’Afrique produire ses propres vaccins et produits biologiques pour les situations de routine et d’urgence. En travaillant avec les gouvernements, les organismes régionaux, les ONG, le secteur privé, les établissements universitaires et les principaux leaders d’opinion pertinents, l’AVMI vise à s’associer à la création d’un environnement sur le continent africain, propice à l’émergence, au développement et à la durabilité des fabricants de vaccins et de produits biologiques qui répondent aux normes de qualité mondiales.
 



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