Difficile de résister aux clichés et autres préjugés lorsque l’on s’apprête à fouler pour la première fois le sol du Sahara marocain. Le 50ème anniversaire de la Marche verte est une occasion de revenir sur l’évolution de cette lointaine contrée.
Pays de sable et de rocaille, terre des dromadaires et des hommes bleus, royaume de l’immensité vierge immaculée…Telles des cartes postales, les images allégoriques qui défilent sur la route des provinces méridionales du Maroc ne font qu’accentuer cette fâcheuse tendance au simplisme et à l’exotisme qui s’empare de tout touriste non averti. Mais au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans cette profondeur désertique et historique du Maroc, les fantasmes s’évaporent pour céder le pas à une vision plus réaliste des choses. Parmi ces invitations à la lucidité, Lâayoune est une cité qui semble surgir de nulle part…Tel un mirage !
Le cordon ombilical du Sahara
Située à 500 kilomètres au Sud d’Agadir et à mille kilomètres au Sud de Rabat, Lâayoune dispose aujourd’hui d’une infrastructure digne des plus grandes villes marocaines. Cette ville, qualifiée de capitale économique des régions du Sud et qui vit au rythme de la réalisation de plusieurs projets socio-économiques de nature à en faire un véritable pôle économique et urbain, est une démonstration de la force et de la bonne gouvernance du Parti de l’Istiqlal qui préside la région.
Sur le tarmac de l’aéroport Hassan Ier, les avions de la Royal Air Maroc (RAM) se succèdent à un rythme de deux vols par jour. Mais c’est à la voie terrestre et surtout à la mythique Route Nationale 1 (RN 1) que cette ville chef-lieu de la région doit réellement son ancrage au reste du pays. Véritable cordon ombilical du Sahara marocain, la RN 1 est une étroite mais longue bande d’asphalte réellement stratégique qui s’étire sur plusieurs centaines de kilomètres. Cette route - que les chauffeurs routiers ont baptisée « Trans-Saharienne » - témoigne à elle seule des efforts considérables et des sacrifices importants consentis par le Royaume, durant plus de trois décennies, afin de hisser les provinces du Sud à leur niveau actuel de développement. D’Agadir au Nord, en passant par Guelmim, Tan-Tan, Akhfennir (près de Tarfaya), Laâyoune jusqu’à Boujdour, Dakhla et Lagouira à la pointe Sud, la RN 1 traverse en effet le Sahara de bout en bout, avant de se perdre dans les confins de la Mauritanie voisine. Chaque jour, elle est sillonnée par des milliers de véhicules, principalement des camions transportant des marchandises très diverses de part et d’autre du pays.
À Laâyoune, cette route qui traverse un paysage sans cesse changeant bénéficie désormais d’investissements d’envergure visant à l’élargir et à construire 16 ouvrages d’art, dont un pont à Laâyoune d’une longueur d’environ 1.600 m avec un coût estimé à 1,1 milliard de dirhams (MMDH). À cela s’ajoute la réalisation de la voie express Tiznit–Laâyoune,véritable route transcontinentale qui reliera l’Europe à l’Afrique subsaharienne à travers le Maroc.Un chantier titanesque qui comporte la voie express Tiznit-Dakhla dont le taux d'avancement global est de 98 %, le tronçon reliant Guelmim à Dakhla étant achevé à 100 %. Les travaux en cours concernent principalement le tronçon Tiznit-Guelmim, dont la livraison est prévue d'ici fin 2025, en raison de difficultés du terrain. En revanche, des travaux spécifiques sont en cours, comme le viaduc sur l'Oued Sakia El Hamra près de Laâyoune, dont le taux d'avancement est de 30 %.
Ancienne ville garnison de l’armée d’occupation espagnole, l’actuel chef-lieu du Sahara marocain a en effet beaucoup évolué. Cernée par le désert et fréquemment balayée par les vents de sable, cette agglomération de plus de deux cent dix mille habitants n’est certes pas encore une métropole. Elle n’en demeure pas moins une ville prometteuse à l’allure de plus en plus urbaine qui n’a, en tout état de cause, plus rien à voir avec l’oasis sablonneuse et dépeuplée reconquise par l’armée marocaine au lendemain de la Marche Verte, en novembre 1975. Autour de la mythique place El Méchouar dessinée et érigée au début des années 1980 par le défunt architecte français Michel Pinseau, les projets immobiliers fleurissent à vue d’œil. A fin 2019, Laâyoune a été déclarée ville sans bidonvilles, grâce aux multiples lotissements qui ont vu le jour dans la ville, témoignant de l’effervescence immobilière qu’a connue la région Laâyoune-Sakia El Hamra durant ces dernières années. Une dynamique d’investissement qui se poursuit et qui se développe davantage. Laâyoune s’est imposée comme l’un des pôles d’investissement les plus dynamiques du Sahara, soutenue par une politique publique ambitieuse et des partenariats multisectoriels.
L’investissement va bon train !
Portée par la mise en œuvre du modèle de développement des provinces du Sud lancé en 2015, la région connaît aujourd’hui une transformation accélérée de ses infrastructures, de son tissu économique et de son paysage urbain. Les investissements récents traduisent une volonté claire de diversifier les leviers de croissance au-delà des seuls chantiers routiers et portuaires. En 2025, plus de 41 projets représentant un investissement global de 8 milliards de dirhams ont été approuvés dans la région, selon le Centre Régional d’Investissement (CRI) de Laâyoune-Sakia El Hamra. Ces projets concernent principalement les secteurs de l’habitat, de l’artisanat, de la logistique et des infrastructures sportives et hydrauliques, confirmant l’orientation vers un développement équilibré et durable.
Dans le domaine urbain, près de 1,44 milliard de dirhams ont été mobilisés en 2025 pour renforcer l’offre en logement et améliorer le cadre de vie des habitants. Ces investissements s’accompagnent d’un vaste programme de réaménagement des espaces publics et de construction d’infrastructures sportives pour un montant global de 130 millions de dirhams, dont plusieurs complexes destinés à la jeunesse et aux associations locales.
Sur le plan économique, une nouvelle zone d’activité artisanale s’étendant sur 56 hectares a été lancée, avec un budget de 152 millions de dirhams et la création attendue d’une centaine d’emplois directs. Ce projet illustre la volonté de valoriser les savoir-faire locaux tout en attirant des petites et moyennes entreprises orientées vers la transformation et l’artisanat exportable. Les infrastructures de base demeurent, elles aussi, au cœur des priorités. En novembre 2025, le ministère de l’Équipement et de l’Eau a supervisé l’avancement de plusieurs chantiers structurants, notamment la construction d’un canal de dérivation de plus de 3,4 km et la mise en place de nouveaux dispositifs de protection contre les inondations, pour un investissement dépassant 2,5 milliards de dirhams. Ces projets visent à renforcer la résilience urbaine de Laâyoune face aux aléas climatiques et à garantir la sécurité des zones industrielles et résidentielles en expansion.
Parallèlement, l’Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH) a financé 167 micro-projets en 2024 pour un montant total de 36,5 millions de dirhams, ciblant l’inclusion sociale, la jeunesse et l’amélioration des services de proximité. Laâyoune est ainsi passée d’un centre administratif à un véritable laboratoire de développement intégré, alliant attractivité économique, équité territoriale et durabilité. Ces efforts traduisent une vision de faire de la capitale du Sahara marocain non seulement une vitrine du développement national, mais aussi un pont entre le Maroc atlantique et l’Afrique subsaharienne.



















