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l'Opinion : On kif

Il fut un temps où fumer le kif natio-nal et snober la cigarette occidentale relevait d’une sorte de résistance, oisive, au colonialisme. Une forme de boycott avant l’heure


Rédigé par La rédaction le Lundi 17 Février 2020

Dans les villes, aujourd’hui anciennes médinas, les cafés étaient des lieux enfumés et très conviviaux où le bon peuple se retrouvait pour partager quelques rares moments de plaisir. Autour de ces bonnes vieilles tables rondes et trop basses qui semblaient taillées à la serpe, les théières défilaient, tandis que les autochtones s’affalaient à même les nattes tressées de chanvre et d’alfa, chacun armé de son calumet –sebsi- et de son étui en cuir de chèvre bourré de cannabis mélangé au bon tabac brun et âcre des verdoyantes plaines du Gharb. Dans ces anciennes aires de mixité sociale, on croisait de tout, du notable à l’apprenti



l'Opinion : On kif
Le kif y était fumé et partagé ouvertement, sans a priori ni culpabilité, jusqu’à être investi de supposées vertus médicinales. La légende populaire voulait qu’une bonne bouffée « mderha » était le remède absolu pour calmer les rages de dent, les douleurs rhumatismales, voire même l’excitation des bébés en proie aux insomnies. Mais ça, c’était avant.

Car, entre-temps, on a eu tout le loisir de constater les méfaits du kif, consommé de façon chronique, sur les organismes et les esprits. Notamment lorsqu’il est inhalé sous sa forme affreuse et résineuse. Dernièrement, c’est à une troisième ère de l’histoire du kif au Maroc que nous assistons. Le plaisir innocent d’antan qui a muté en stupéfiant entre-temps, nous est aujourd’hui présenté comme un remède commercialement exploitable et une source de revenu non négligeable. A tel point qu’on en parle sous les voûtes du vénérable Parlement.

Signe des temps, même la très scientifique-ment orthodoxe Organisation Mondiale de la Santé se débride et semble s’apprêter, après moult tergiversations, à donner son satisfecit à l’usage médicinal de cette plante. Et ce n’est que le début, le kif n’a dé-cidément pas encore dit son dernier mot.

Mohammed SEDRATI



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