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ZLECAF : une véritable opportunité commerciale à saisir par le secteur privé africain


le Vendredi 4 Septembre 2020

Cet article fait partie d’un ensemble de réflexions de deux experts africains spécialisés dans le commerce sur la zone de libre-échange ontinentale africaine (ZLECAF), qui sera partagé sur plusieurs canaux d’information. C’est une note introductive sur cette initiative de la Commission de l’Union Afrique qui situe les enjeux pour le secteur privé africain dans les années à venir



Aujourd’hui, l’Afrique, qui compte plus d’un milliard deux cent millions de consommateurs, a toujours été et restera une destination très prisée pour ses nombreuses ressources agricoles, minières et minérales. D’ici trente ans, la population africaine va atteindre le chiffre de deux milliards 500 millions de consommateurs, et les premières analyses issues de rapports divers sur l’avenir du continent sont édifiantes. 

Dans la vision 2063 définie par la Commission de l’Union Africaine il y a quelques années, les Chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres ont pris l’engagement de créer une zone de libre échange continentale africaine afin de favoriser le commerce intra-africain. Cet engagement démontre bien la nécessité pour les économies africaines de commercer ensemble et de développer des chaînes de valeur sous-régionales et régionales. Les consultations qui en ont suivi ont permis d’instituer un accord de libre-échange à l’échelle continentale, donnant ainsi l’opportunité au secteur privé africain d’avoir des leviers pour le développement de leurs activités, mais également participer à l’élan d’amélioration des conditions de vie des populations. Les politiques avec un agenda précis n’ont ménagé aucun effort pour mettre en œuvre toutes les dispositions relatives à l’adhésion et la ratification de cet accord. La remise récente des bureaux devant abriter le siège social du Secrétariat général de la ZLECAF à Accra au Ghana a été une illustration parfaite de la volonté et la détermination des Chefs d’Etat pour une ‘’Afrique que nous voulons’’, slogan repris par l’ensemble des parties prenantes pour le succès de cette importante initiative. Le secteur privé, à maintes reprises, à travers les actions de lobbying et de plaidoyer a milité pour une Afrique sans frontières sur le plan de la facilitation des échanges et de l’amélioration de l’environnement des affaires. 

Il faut rappeler qu’il y a environ plus d’une quinzaine d’années, le célèbre Cabinet McKenzie, dans son approche consumériste et macro-économique sur l’Afrique l’avait qualifiée comme un continent caractérisé par un mouvement comparable à celui d’un lion dans son élan de survie. Plus tard en 2017, cette analyse fut affinée et orientée vers une dynamique industrielle susceptible de rattraper le retard accusé au niveau de l’offre de produits manufacturés au niveau mondial. 

Pour corroborer cette thèse, Mme Irène Yuan Sun avait réalisé une autre étude la même année, avec la collaboration du Cabinet McKenzie et de Harvard University Review, intitulé ‘l’Afrique sera la prochaine usine du monde’’. Elle a confirmé cette assertion en se basant sur les expériences passées de certains pays comme le Japon, la Chine et les Dragons d’Asie, qui se sont appuyés sur les avantages comparatifs en termes de main d’œuvre moins chère et de gains de productivité. Il faut noter que cette étude a également fait l’historique de l’évolution des profits et de changement de stratégies des investisseurs vers des zones plus réceptives en termes d’emplois et de revenus relativement bas depuis plus de la moitié de siècle. En résumé, selon cette étude, le centre de gravité se déplaçant, notamment pour la production mondiale, les facteurs que sont l’accroissement du niveau de vie de populations en Asie, le coût élevé des facteurs de production, font de l’Afrique la prochaine usine du monde, avec principalement l’implication des investisseurs chinois ou autres, ce qui facilitera l’insertion de l’Afrique dans le système de production et de valeur ajoutée mondiale. 

La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), sujet par excellence et d’actualité dans les milieux politiques et institutionnels en Afrique, arrive à un moment très critique caractérisé par la pandémie COVID-19 pour laquelle l’Afrique a démontré sa résilience et sa volonté de poursuivre les activités économiques en dépit des contraintes nombreuses. Certaines institutions internationales telles que la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement ont récemment à la faveur du COVID-19 réalisé des études démontrant encore une fois que la ZLECAF allait être un puissant levier pour combattre la pandémie et permettre ainsi d’avoir des effets d’accroissement et de distribution de revenus moyens dans bon nombre de pays africains. Elle consacre le début d’une aventure unique pour l’Afrique sur le plan économique et commercial, une Afrique qui prend ses destinées en mains en créant une dynamique englobante en termes de marché continental avec l’adhésion, et la ratification de l’Accord de l’ensemble des pays membres de l’Union Africaine pour sa mise en œuvre effective. 

La suppression progressive des barrières tarifaires et non tarifaires, les directives sur les règles d’origine, ainsi que la facilitation des échanges devront constituer les points de convergence pour la mise en place d’un environnement d’affaires et la mise en œuvre d’une réglementation plus intelligente à même de favoriser le commerce intra-communautaire, et intra-africain qui est actuellement de l’ordre de 16%. 

Selon un rapport de la Banque Mondiale publié en avril 2020, les effets économiques escomptés de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine en termes de répartition et de réduction de la pauvreté et d’emploi seront impressionnants. L’étude démontre qu’à l’issue des quinze prochaines années, plus de 30 millions d’Africains vont sortir de leur statut d’extrême pauvreté, et environ 68 millions de leur statut de pauvreté modérée.

En plus, le commerce africain, particulièrement le commerce intra-régional va connaître un essor au niveau des produits industrialisés. Et avant 2035, le volume des exportations totales va augmenter d’au moins 29%, et les exportations intra-continentales d’au moins 81% pendant que les exportations vers les pays non-africains vont s’accroître de 19%, ce qui va permettre de créer de nouvelles opportunités pour les industriels africains et pour les travailleurs du continent.

La zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) doit par conséquent être considérée par le secteur privé africain comme une énorme opportunité qu’il doit saisir impérativement. En effet, cela est vital pour la survie du secteur privé africain confronté à une concurrence de plus en plus âpre et féroce, ainsi que pour la survie de l’Afrique qui regorge de ressources agricoles, minières, minérales, et humaines, et particulièrement d’une diaspora capable de contribuer valablement au développement du continent africain.

Il faut reconnaître que dans tous les pays africains, les principaux acteurs du secteur privé, très actifs dans l’écosystème économique, financier, industriel et social, ont pris la mesure de ces enjeux, et adoptent une posture qui requièrent beaucoup de pragmatisme et réalisme. Ceuxci ont l’impérieuse obligation de s’impliquer davantage dans ce nouveau paradigme qui va leur permettre d’accroître leurs chiffres d’affaires, et partant leurs revenus à l’exportation.

En d’autres termes, la diversité, la densité et la durabilité qui caractérisent ces opportunités économiques et commerciales sont telles que le secteur privé africain doit pouvoir, à l’instar de leurs pairs en Europe, en Asie et en Amérique, jouer le jeu, capitaliser sur les économies d’échelle existantes ou à initier, des réseaux d’affaires , et des acteurs dans la chaîne d’approvisionnement et de distribution pour tisser leurs relations de partenariat, de fournisseurs à clients, et enfin d’agents et distributeurs pour envisager conquérir le marché africain à terme.