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Culture

Vie privée, vie professionnelle / Karina-Godard : attachement et déchirement


Rédigé par L'Opinion le Dimanche 18 Septembre 2022



« On pense qu’il faut avoir un grand amour, on n’en est pas capable. »
« On pense qu’il faut avoir un grand amour, on n’en est pas capable. »
Avec la jeune mannequin, c’est l’amour-passion, l’idylle improbable. Jean-Luc Godard prépare son premier long métrage, « A bout de souffle », lorsqu’il tombe sur une publicité télévisée de la marque Palmolive. La créature qui y joue de son corps dans une baignoire moussée le pulvérise. Il veut absolument l’avoir dans son film pour un rôle mineur mais « osé ». Nous sommes en 1959 et les moeurs sont encore encadrées en France, en Europe.

La fille qui n’a pas atteint les 20 printemps accepte de rencontrer le cinéaste qui lui propose de se dénuder pour la scène. Lorsqu’il lui décrit sa prestation en la renvoyant à la publicité, elle lui hurle : « Non mais vous êtes fou ! Je porte un maillot de bain dans cette pub, c’est juste qu’il est recouvert par les bulles de savon. C’est vous qui m’avez imaginée nue ! » Profondément déçu, Godard s’éclipse mais continue à penser à cette Danoise d’origine qui le fait rêver. Anna Karina retourne au mannequinat et défile pour Coco Channel.

Le cinéaste et sa muse

En 1960, Jean-Luc Godard revient à la charge offrant à la jeune femme le rôle principal dans « Le Petit soldat », un film sur la guerre d’Algérie. Pendant le tournage, c’est une autre histoire qui prend forme. Le coup de foudre entre le réalisateur et l’actrice est consommé. Ils ne se quittent plus, du moins pour quelques années. Ils se marient en mars 1961 et enchaînent ensemble pas moins de six films : Une femme est une femme, Vivre sa vie, Bande à part, Alphaville, Pierrot le Fou, Made in USA. Godard fait de Karina sa muse. Leur relation finit par se détériorer, la barque de leur amour prend l’eau.

L’heure du divorce sonne en décembre 1967. Les deux artistes se perdent de vue. L’animateur Thierry Ardisson les réunit en 1987 dans l’émission Bains de minuit. Ils sont alors bombardés de questions aussi bien sur leur vie privée passée que sur leur parcours professionnel commun. Jean-Luc Godard se lâche : « Ça n’a jamais marché. Ophuls disait d’un de ses films «oui c’est une erreur, mais c’est une erreur séduisante». Il y a probablement eu ça de ma part, j’étais trop jeune (…) On pense qu’il faut avoir un grand amour, on n’en est pas capable. Les femmes beaucoup plus. Elles en souffrent certainement. Moi, tout ce que je pouvais donner, c’était des films. » Cette dure déclaration affecte profondément l’actrice qui quitte l’enregistrement en sanglots. Godard poursuit : « Moi, je pleurerai chez moi, mais pas ici.» Anna Karina décède le 14 décembre 2019.