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Actu Maroc

VTC : Seul 4,5% des Marocains utilisent les «ride-hailing» services


Rédigé par A. CHANNAJE Mercredi 6 Juillet 2022

Seulement 4.5% des Marocains utilisent les services de VTC (Voiture de Tourisme avec Chauffeur). Pour les non-motorisés, ce taux atteint 10%. Diverses raisons expliquent ce constat.



Uber, Careem, Heetch, Yassir, Indriver… Ce sont là quelquesuns des dizaines de services de transport privé, appelés aussi services de VTC (Voiture de Tourisme avec Chauffeur) avec application qui existent au Maroc, dont le taux de pénétration reste cependant très faible.

En effet, seulement 4.5% des Marocains sont utilisateurs de ces services. Pour les non-motorisés, ce taux monte à 10%. Telle est, du moins, la principale conclusion tirée d’une nouvelle étude du Groupe Sunergia, spécialiste en études marketing, basé à Casablanca. Menée du 01 au 25 mars 2022 auprès d’un échantillon de 1005 personnes âgées de plus de 15 ans, l’étude, fraîchement publiée, s’est penchée sur les freins d’utilisation de ces services au Maroc. Elle révèle, en premier lieu, que, pour l’instant, les applications Careem et Heetch, qui dominent le marché, ne sont présentes qu’à Rabat et à Casablanca.

A l’exception près que Careem est également présente à Tanger et Heetch à Marrakech. En volume, le taux d’utilisation correspondrait à environ 380.000 personnes, sur une population mère estimée à 3.8 millions de clients potentiels. Citant les chiffres de l’entreprise Heetch, un an après son lancement en 2017, Sunergia souligne que l’application enregistrait 4000 chauffeurs inscrits, plus de 750.000 trajets en une année et plus de 200.000 passagers transportés.

Taux d’utilisation plus élevé à Rabat, très faible à Marrakech

L’étude révèle, par ailleurs, que les taux d’utilisation varient en fonction des villes où sont implantées ces applications de transport. Ainsi, Rabat semble enregistrer un taux d’utilisation beaucoup plus élevé que les autres villes avec 15%, contre 5% à Casablanca, 4% à Tanger et 2% à Marrakech. Sunergia attribue cette faible utilisation observée à Marrakech à l’application Heetch qui ne s’y est implantée qu’en 2019, contre 2017 pour Casablanca et 2018 pour Rabat. L’application Careem, quant à elle, n’y est pas présente, ajoute la même source.

« Etant donné la taille limitée de l’échantillon de personnes ayant affirmé utiliser les services de transports, la marge d’erreur de ces résultats est élevée (autour de 16%). Ces chiffres sont donc à considérer avec précaution. Nous ne pouvons pas expliquer à ce stade le taux d’utilisation beaucoup plus élevé à Rabat que dans les autres villes. Ces chiffres seraient donc à vérifier avec une nouvelle enquête à plus grande échelle afin d’assurer des résultats plus lisibles », précise Sunergia.

« De plus, il semblerait que les applications de transports soient davantage utilisées par des femmes (79%), âgées de 18 à 34 ans (57%), habitant la région Centre (65%), urbaines (100%)... Que les femmes semblent utiliser davantage ces services pourrait être dû à une perception d’un moyen de transport plus sécurisé, les jeunes car ce sont des cibles plus digital natives, et les classes moyennes à élevées car les services de transport sont plus chers que les transports classiques au Maroc (taxis, bus, tramway). Pareillement aux chiffres précédents, nous ne pouvons pas garantir la véracité de ces chiffres avec un échantillon réduit et une marge d’erreur importante », explique la même source.

Des raisons de non-utilisation des applications VTC diverses

En dehors des personnes motorisées (31%), l’étude retrouve diverses raisons qui font que la grande majorité des Marocains n’utilise pas ces applications. D’abord, les applications de transport souffrent d’un manque de notoriété auprès de ceux-ci, car presque un quart disent ne pas les utiliser car ils ne les connaissent pas (24%). La seconde raison est que la couverture nationale est encore faible.

En effet, l’étude révèle que 16% des Marocains n’utilisent pas les applications de transport car ils vivent dans une zone non couverte par ces services. Pour l’instant, la plupart des entreprises de transport ne sont actives qu’à Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger.

Autre raison : 10% des personnes interrogées affirment ne pas en avoir besoin ou ne pas être intéressées par ce genre de services. Ceci peut être dû au fait qu’elles utilisent d’autres moyens de transports, comme les taxis, les bus ou les tramways, estime Sunergia. Enfin, presque 5% disent ne pas savoir utiliser ce type d’applications. En effet, ce moyen de transport s’adresse à une cible à l’aise avec le digital, car il est nécessaire pour l’utilisateur d’avoir un Smartphone pour télécharger l’application et une connexion internet mobile 4G ou wifi pour commander une voiture, faire le suivi de la course et payer par carte bancaire.

Applications ou taxis : la guerre fait rage

A cela s’ajoute la résistance acharnée que rencontrent Uber, Careem, Heetch, Yassir, Indriver…de la part des taxis, moyen de transport emblématique et historique au Maroc. « Ces derniers reprochent aux chauffeurs privés de conduire sans agrément et ainsi de pratiquer une concurrence déloyale. En 2018, les taxis avaient forcé l’entreprise américaine Uber à cesser toutes ses activités au Maroc après une série d’agressions contre leurs chauffeurs et clients. Aujourd’hui, les applications de transport se sont multipliées mais la guerre avec les taxis fait toujours rage », rappelle-t-on.

Des pistes d’entente ?

Aujourd’hui, pour faire face à cette problématique, les applications de transports proposent aux taxis d’exercer sur leurs plateformes. Ainsi, à titre d’exemple, un client Heetch a le choix, en entrant sur l’application, de commander soit un chauffeur privé, soit un petit taxi.

Heetch a développé le label « Fiddek » en partenariat avec le Syndicat National des Taxis Marocains relevant de l’UMT. Ce label permet de garantir un certain nombre de critères liés notamment à la propreté et à la qualité de service. L’offre « Fiddek » de Heetch demeure la première application de transport au Maroc à avoir été dotée d’un cadre légal. Elle est également la première à avoir obtenu l’autorisation d’exercer délivrée par la Wilaya de Casablanca.

Quoi qu’il en soit, le groupe Sunergia souligne que les services de transport privés ont encore du chemin à parcourir pour gagner davantage de parts de marché. Sachant que 95% des Marocains utilisent d’autres moyens de transport pour se déplacer.

« Cependant, avec la hausse des prix du carburant et l’augmentation générale des prix constatée ces derniers mois, 44% des Marocains ont réduit leurs déplacements journaliers en voiture. Certains se tourneront peut-être vers ces solutions alternatives », indique la même source.




A. CHANNAJE


Qu’est-ce qu’une VTC ?
 
Une voiture de transport avec chauffeur (VTC) est un moyen de transport de personnes, mis à disposition uniquement sur réservation, avec un conducteur professionnel obligatoirement. Elle est héritière des « voitures de remise » créées avec l’apparition des carrosses au XVIIème siècle.

La principale différence avec les taxis est que ces derniers sont autorisés à stationner sur la place publique en quête de clients (d’où l’appellation de « voiture de place »), alors que les VTC ne peuvent travailler que sur réservation et doivent, de ce fait, être stationnées en dehors de la voie publique lorsqu’elles ne sont pas commandées par un client (dans leur garage, bâtiment que l’on appelait auparavant une « remise », d’où l’appellation de « voitures de remise »).