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Unités médicales mobiles connectées : Trois mois après le déploiement, un premier bilan très prometteur [INTÉGRAL]


Rédigé par Soufiane CHAHID Jeudi 15 Février 2024

Le 13 février, la Fondation Mohammed V pour la Solidarité (FMVS), le ministère de la Santé et l’entreprise Mediot Technology ont présenté le premier bilan du programme des unités médicales mobiles, trois mois après leur entrée en service.



Fin octobre 2023, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a présidé la cérémonie de signature d’une convention de partenariat entre la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, le ministère de la Santé et l’entreprise Mediot Technology, portant sur le déploiement d’un programme d’unités médicales mobiles connectées. Le but étant de pallier au déficit en matière d’accès aux prestations de santé à travers ce programme combinant télémédecine et soins de proximité.

Trois mois plus tard, les trois partenaires de ce projet (FMVS, ministère et Mediot) ont présenté devant la presse et les autorités un premier bilan de cet ambitieux programme. Les cinquante unités prévues pour cette première phase sont toutes opérationnelles, et accueillent des patients issus des douars limitrophes de la localité d’implantation.
 
Équipements de pointe

L’unité médicale mobile connectée se compose de modules intégrés, comprenant un espace d’accueil pour l'enregistrement et l'attente, ainsi qu'un bloc médical. Ce bloc comprend deux box polyvalents pour les consultations et les soins, équipés des instruments médicaux de base, des systèmes de connectivité, ainsi qu’une gamme complète d’équipements biomédicaux.

Chacun des box est équipé d'un plateau de télémédecine comprenant un chariot d’appareils d'examens connectés, une caméra panoramique pour la télé-expertise, une application médicale embarquée, des écrans tactiles et une visio-station. 

“L’originalité des appareils médicaux mis à disposition de ces unités médicales est qu’ils intègrent des technologies comme l’IA. Le dermoscape, par exemple, ne permet pas seulement de détecter une lésion de la peau, mais de proposer des diagnostics au médecin”, nous révèle Saâd Chaacho, directeur général délégué de Mediot, filiale du groupe marocain Aba Technology spécialisé dans la santé connectée.

Toutes les données du patient sont automatiquement transmises vers un plateau central de télémédecine. À cet endroit, des médecins de différentes spécialités peuvent analyser en temps réel les images et les informations reçues, et fournir des diagnostics et des soins appropriés. Le médecin généraliste présent dans l’unité peut également suivre à distance les instructions du spécialiste, pour des examens plus approfondis. 

Ces données sont également conservées pour pouvoir effectuer un suivi de l’évolution de l’état de santé du patient et assurer une continuité dans la prise en charge médicale. Cela permet aux professionnels de santé d'adapter les traitements et les interventions en fonction des besoins spécifiques de chaque individu, tout en garantissant une qualité de soins optimale et une meilleure coordination des services médicaux.

Pour l’instant, un seul plateau central de télémédecine est en service, localisé à Casablanca. Selon la FMVS, un second plateau est en projet à Rabat. Il viendra accompagner le développement du programme, et compléter la panoplie des spécialités couvertes par téléconsultation et télé-expertise.
 
Prise en charge

Entre novembre 2023 et janvier 2024, ces unités ont permis de servir un total de 73.364 citoyens, dont 46.219 femmes (soit 63%). Ces patients ont pu bénéficier de divers services médicaux. Parmi eux, 60.778 ont eu accès à des consultations et des soins généralistes, tandis que 5.967 ont eu recours à des actes nécessitant une télé-expertise dans différentes spécialités disponibles.

Au total, 5.967 télé-expertises dans diverses spécialités ont été réalisées pendant cette période. Ces services comprennent 60.778 consultations médicales, 4.854 dépistages du diabète, 12.298 dépistages de l'hypertension artérielle et 1.012 dépistages du cancer du sein. 

En outre, des activités de soins, des opérations de vaccination et des télé-expertises ont également été réalisées. Le taux de transfert des patients nécessitant une prise en charge dans d'autres établissements de santé est de 2,2%. Il est à noter que la durée moyenne d’une télé-expertise ne dépasse pas les 5 minutes 43 secondes, ce qui témoigne de l'efficacité d’une telle procédure.
 
Zones éloignées

A ce jour, trente-quatre provinces, réparties entre neuf régions du Royaume, sont desservies. Il s’agit de 6 provinces dans l’Oriental, 3 provinces dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, 5 provinces dans la région Fès-Meknès, une province dans la région Rabat-Salé-Kénitra, 2 provinces dans la région Béni Mellal-Khénifra, 2 provinces dans la région Casablanca-Settat, 7 provinces dans la région Marrakech-Safi, 3 provinces pour Souss-Massa et 5 provinces dans le Drâa-Tafilalet.

“Le choix des sites a été effectué selon plusieurs critères, notamment l’éloignement géographique, les indicateurs démographiques, les données épidémiologiques et l'absence de prises en charge médicales”, a expliqué, lors de cette présentation, Sanae Dardikh, directrice de la communication pour la FMVS. 

D'après la responsable, ces unités sont implantées dans des zones reculées, à la fois en termes de distance kilométrique entre les lieux d’habitation et les accès routiers, et d'altitude, atteignant parfois jusqu'à 1.500 mètres d'altitude.

Marrakech-Safi est la région qui compte le plus d’unités médicales mobiles connectées (7), parce qu’”il y a eu l’effet du séisme d’Al-Haouz, suite auquel ce dispositif a été expérimenté pour la première fois”, nous apprend Sanae Dardikh. La catastrophe a permis de tester ces unités, avant leur déploiement sur le reste du territoire.

La première phase de ce programme mobilise une vingtaine de médecins spécialistes pour le plateau central de télémédecine, cinquante médecins généralistes, 100 infirmiers et 100 assistantes, répartis sur les différentes provinces. Un budget de 180 millions de dirhams est engagé pour sa réalisation. “Les médecins présents sur le plateau central n’ont pas été détachés par le ministère. Ils sont directement recrutés par la Fondation pour remplir cette mission, selon leur spécialité et leur niveau de compétence”, tient à préciser Sanae Dardikh.

Trois questions à Sanae Dardikh : “Le rôle des autorités locales est très important pour la réussite du projet”

La Directrice de la communication de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, Sanae Dardikh, a répondu à nos questions concernant le programme des unités médicales mobiles connectées.

Après ce premier bilan d’étape, quelles sont les prochaines phases du programme ?

- Il faut tout d’abord préciser que les 50 unités médicales mobiles connectées ont été installées et sont entrées progressivement en service. La cinquantième a été installée fin janvier. Nous n’avons pas installé toutes les unités en même temps.

La zone à couvrir est immense, et cela s’est fait petit à petit, de manière à ce qu’on atteigne notre objectif. La prochaine étape est de voir les évolutions des indicateurs de performance, le fonctionnement, la télé-expertise, soit pour nous conforter dans le choix des sites, soit éventuellement redéployer sur d’autres zones.

D’autre part, en fonction des autres données que nous avons collectées sur le terrain, sur les cas par exemple qui nécessitent de la chirurgie, comme la cataracte, on organisera des campagnes de chirurgie de la cataracte qui sera adossée aux unités sur le terrain.

Il y a aussi le projet de lancement d’un plateau de télémédecine à Rabat, de façon à ce qu’on monte en puissance en termes de télé-expertise et qu’il y ait plus de spécialistes pour répondre aux besoins sur le terrain.

Comment est financé ce programme ?

- Lorsque la cérémonie de signature de la convention-cadre a été faite sous la présidence de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, c’était un gage de mise en œuvre de déploiement des moyens et des forces nécessaires.

C’est de la technologie, des moyens techniques et humains importants. Et c’est ce qui caractérise le programme. Les équipes médicales sont dédiées au programme. Elles sont là à plein temps, et toute leur énergie est injectée dans le programme. Les médecins généralistes travaillent localement, ils sont affectés aux unités. En outre, nous avons 28 spécialistes qui travaillent sur les plateaux.

 - Comment s’est faite la communication avec les populations cible ?

- Pour cela, le rôle des médias est très important pour expliquer le fonctionnement de ces unités médicales. On se repose également sur les autorités locales, et leur rôle est très important pour la réussite de ce projet, en termes de sensibilisation locale et territoriale, parce qu’ils connaissent au plus près les populations issues des douars et des zones ciblés. A cela s'ajoutent les efforts du ministère de la Santé et de la Fondation pour communiquer avec les citoyens.

Télémédecine : Une loi mise à jour

Le programme des unités médicales mobiles connectées s'appuie sur la télémédecine, dont le cadre légal a été révisé par le gouvernement en 2021. La définition de l’acte de télémédecine a été révisée, ainsi que les composantes du dossier de demande de licence, en stipulant l’obligation de fournir, pour les demandeurs, une copie de l’autorisation préalable de traitement des données à caractère personnel livrée par la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP).
 
De même, cette révision porte sur la stipulation de la présence d’un représentant de l’Ordre national des médecins lors de la visite de conformité prévue en vertu de l’article 5 du décret, la reconsidération de la composition du Comité de Télémédecine prévu par l’article 8 du décret et la stipulation à l’article 10 du même texte que le Conseil national de l’Ordre national des médecins élabore le modèle des accords conclus régissant l’activité de télémédecine.
 
Certaines dispositions ont été révisées dans le but de modifier la définition de la consultation médicale mentionnée à l’article 1 du décret et il a également été procédé au remplacement de la phrase « informations à caractère personnel » contenue dans l’article 13 du décret par “données à caractère personnel”.

Données personnelles : Les patients protégés

Le ministère de la Santé et la CDNP (Commission Nationale de contrôle de la protection des Données à Caractère Personnel) ont signé, en 2021, une convention de partenariat d'adhésion au programme DATA TIKA. Ce partenariat qui est pour une durée de quatre ans vise à accompagner la mise en conformité du secteur de la santé en matière de protection des données médicales à caractère personnel.
 
Cette convention formalise l'adhésion du ministère de la Santé au programme “DATA-TIKA“ mis en place par la CNDP le 9 juillet 2020 pour la protection des données à caractère personnel, renforçant ainsi la protection des données médicales des citoyens et veillant sur le respect du secret médical.
 
En effet, la protection des données de santé, considérées par la loi n° 09.08 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel comme des données sensibles, requiert une protection renforcée. ​
 
Ce partenariat portera sur trois volets stratégiques, notamment le renforcement de la conformité à la loi n° 09-08 relative à la protection des personnes physiques à l'égard du traitement des données à caractère personnel ; la consolidation de l'écosystème du ministère de la Santé et le domaine des recherches biomédicales ; et le renforcement des capacités sur des sujets axées autour de la télémédecine, les informations génomiques, les mécanismes de protection de l'information médicale, ainsi que la simplification des processus de conformité (Centres d'investigations cliniques, centres de bioéquivalence, sites de recherche…).