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International

Un gouvernement au forceps

Tunisie


Rédigé par la rédaction Dimanche 23 Février 2020

La crainte d’une dissolution du parlement et le Dead line du mercredi 19 février ont poussé les protagonistes à surmonter leurs désaccords. La Tunisie aura son gouvernement.



La Tunisie, plus de quatre mois après les élections, pourrait enfin se doter d'un nouveau gouvernement le 26 février, après approbation du Parlement. La session plénière consacrée au vote de confiance sur le gouvernement d'Elyes Fakhfakh aura lieu mercredi 26 février, a indiqué jeudi l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) dans un communiqué.

Mercredi, le Premier ministre Fakhfakh, 47 ans, a dévoilé une version remaniée de ce gouvernement, après le rejet d'une première mouture par Ennahdha. Première force au Parlement (54 sièges), ce parti obtient au final sept portefeuilles.

Et s'il ne décroche pas les ministères escomptés, le parti d'inspiration islamiste a cette fois donné son feu vert, ouvrant la voie à un vote favorable à l'Assemblée, où la majorité est de 109 voix (sur 217).

"Si on se réfère aux déclarations des différents partis, il y a une intention d'accorder la confiance", a dit à l'AFP le politologue Selim Kharrat.

"La période des concertations, malgré ses difficultés et sa complexité, s'est déroulée de façon tout à fait démocratique", a jugé mercredi le Premier ministre, désigné il y a tout juste un mois.

L’UGTT et l’Utica en arbitre

Des négociations intenses ont continué jusqu'à la dernière minute mercredi soir, avec l'aide de la puissante centrale syndicale UGTT -un médiateur historique-, et l'organisation patronale Utica.

Alors qu'Ennahdha avait soutenu Kais Saied au second tour de la présidentielle en octobre, les pourparlers ont ensuite mis au jour de profondes divergences entre ces principaux acteurs de la vie politique, chacun cherchant à imposer leurs orientations.

En janvier, un précédent gouvernement constitué sous la houlette d'Ennahdha avait échoué à obtenir la confiance des députés. Son chef, Rached Ghannouchi, est lui une figure de la classe politique aux commandes depuis la révolution de 2011, qui a toutefois vu son poids électoral s'éroder.

Par pur pragmatisme, il a accédé à la présidence de l'ARP à la faveur d'une alliance avec son principal adversaire électoral, Qalb Tounes, mené par le sulfureux magnat des médias Nabil Karoui.

Saluée lors de son adoption en 2014 comme une avancée majeure sur le chemin de la démocratie, la Constitution tunisienne a en effet donné naissance à un régime hybride, ni parlementaire ni présidentiel, prompt à ce type de blocage.

Au final, Ennahdha a obtenu sept ministères dans la dernière mouture du gouvernement, mais pas les portefeuilles convoités, tels l'Intérieur et la Justice.

Le coup de maître de Kaïs Saïed

Durant le week-end, la formation d'inspiration islamiste avait évoqué une démission de M. Fakhfakh ou une motion de censure contre le gouvernement sortant, deux options lui permettant de proposer une autre figure au poste de Premier ministre.

Mais Kais Saied, néophyte en politique, certes, mais en spécialiste du droit constitutionnel, il  avait coupé court lundi à ces plans, en assénant devant les caméras un cours de droit à un Rached Ghannouchi, et ce, en brandissant la menace d’une dissolution de l’Assemblée comme seule alternative à l'octroi de la confiance au gouvernement Fakhfakh.

Ennahdha a justifié sa volte-face par la nécessité de prendre "en considération la situation économique et sociale" du pays et le conflit en Libye voisine.

Les incertitudes politiques des derniers mois pénalisent une économie tunisienne à la fragilité chronique, en laissant de nombreux dossiers en suspens dont celui des négociations avec les bailleurs de fonds.

Quant aux Tunisiens, neuf ans après avoir chassé le dictateur Zine el Abidine Ben Ali, ils attendent toujours un gouvernement démocratique à même de s'attaquer aux nombreux maux socio-économiques qui rongent leur pays.

Lecture du cabinet Fakhfakh

Avec  33 membres (y compris son chef) le nouveau gouvernement a failli l’engagement du Premier ministre pour une équipe restreinte. Certains départements ont été fractionnés en deux portefeuilles au lieu de fusionner pour resserrer l’équipe Fakhfakh.
Ainsi en est-il de l’environnement et des Affaires locales, qui a été scindés en deux pour satisfaire deux partis. Le ministère de l’Industrie qui comportait l’énergie et les mines a subi le même sort.
Si l’article 46 de la Constitution tunisienne stipule la parité homme-femme, la nouvelle équipe gouvernementale n’englobe que six femmes sur les 32 ministres et secrétaires d’Etat.
Toutefois, l’attribution du portefeuille de la Justice à une femme, Mme Thouraya Jeribi, constitue une première.
Le gouvernement comporte une majorité d’indépendants par rapport aux partis dûment représentés au gouvernement d’Elyes Fakhfakh, qui garde aussi les portefeuilles de souveraineté.
Enfin, lâché par Ennahdha, Qalb Tounes a été évincé du gouvernement.








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