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USA-Maroc : Pas touche au budget de la coopération militaire


Rédigé par Anass MACHLOUKH Jeudi 15 Décembre 2022

Les sénateurs républicains et les démocrates ont scellé un accord sur le nouveau budget de la Défense US. Une loi que le lobby pro-polisario n’est pas parvenu à instrumentaliser contre le Maroc. Détails.



PHOTO : REUTERS / LEAH MILLIS
PHOTO : REUTERS / LEAH MILLIS
Contrairement à l’an dernier, la loi relative au nouveau budget américain de la Défense au titre de l’année fiscale 2023, appelé « National Defense Authorization Act », a été élaborée sans que le lobby de sénateurs pro-polisario ne soit parvenu à y introduire la moindre mesure hostile au Maroc. Le texte de loi, issu d’un compromis bipartisan entre les démocrates et les républicains, a été annoncé dans un communiqué du Comité sénatorial des services armés. «Nous sommes heureux d’annoncer que nous sommes parvenus à un accord bipartite et bicaméral sur la loi d’autorisation de la Défense nationale de cette année. L’accord de cette année poursuit la tradition de 62 ans des comités des forces armées de travailler ensemble pour soutenir nos troupes et renforcer la sécurité nationale des États- Unis. Nous exhortons le Congrès à adopter rapidement la NDAA et le président à la signer lorsqu’elle arrivera sur son bureau », se sont félicités les membres du comité.

Rien de contraignant pour le Maroc Le texte est d’autant plus marquant qu’il n’a posé aucune restriction à la coopération militaire entre l’Oncle Sam et le Royaume. Composé de 700 pages, le texte de loi ne contient aucune mention d’obstruction à tout projet de coopération entre les deux pays bien que le sénateur James Inhofe ait contribué à son élaboration avant son départ à la retraite.

Pour comprendre l’ampleur du changement, remontons dans le temps. Décembre 2021, les sénateurs américains ont voté le budget de la Défense relatif à l’année fiscale 2022. Tout paraissait normal, mais un amendement y a été imperceptiblement introduit et dont les conséquences auraient été importantes sur le Maroc si l’Administration américaine n’était pas intervenue au dernier moment. En fait, les partisans du polisario au sein du Sénat avaient eu l’idée de conditionner l’aide accordée au Maroc pour l’organisation des exercices militaires conjoints. Ces derniers ont exigé que le Maroc s’engage à négocier avec le polisario et à chercher une solution mutuellement acceptable en échange de l’aide américaine.

Toutefois, l’amendement en question a conféré au secrétaire d’Etat américain un pouvoir d’appréciation en lui laissant le soin de déroger à cette disposition législative. Chose faite. Lorsque la sous-secrétaire d’Etat Wendy Sherman visita le Maroc en mars 2022, cette condition a été levée sans que ceci soit officiellement annoncé. L’Administration américaine a préféré passer l’information à travers le porte-parole du Commandement américain pour l’Afrique, qui s’est confié alors à Middle East Eye.

Ainsi, faute de restriction législative sur la coopération militaire, rien ne semble affecter l’organisation des exercices conjoints maroco-américains qui se comptent par une centaine chaque année, dont le mégaexercice « African Lion », dans sa prochaine édition, fait couler beaucoup d’encre ces derniers temps. Tout le monde se souvient des tentatives inlassables du lobby sénatorial hostile au Maroc pour déplacer entièrement l’exercice du Royaume vers d’autres pays africains.

Les observateurs des coulisses du Capitole se souviennent très bien des tripatouillages de James Inhofe qui s’est efforcé opiniâtrement et jusqu’aux derniers jours de son mandat de faire obstruction à la participation du Maroc à l’exercice en 2023 de par sa position au sein de la commission des Forces armées.

Profitant de la nomination du général Michael Longley à la tête de l’AFRICOM (Commandement de l’armée américaine pour l’Afrique, basé à Stuttgart), le sénateur républicain a fait pression pour exclure le Maroc de l’exercice. Bien qu’il eût prétendu que le secrétaire américain à la Défense, Loyd Austin, soit d’accord avec lui, il n’a rien obtenu de concret, sachant que plusieurs hauts gradés de l’armée américaine ne sont montrés réticents à une telle aventure. C’est le cas de l’ex-Chef de l’AFRICOM, le général quatre étoiles, Stephen Townsend, qui, lors d’une audience téléphonique à la commission des Armées, a loué le Maroc en tant que pays hôte, tout en jugeant difficile de trouver un pays aussi capable d’accueillir l’exercice en Afrique.

Selon lui, le Royaume a fait preuve d’une grande capacité d’accueil et de professionnalisme au cours des dix-huit dernières éditions. Ce « big training », rappelons-le, se déroule principalement au Maroc depuis 2004.

En gros, toutes les tentatives du lobby pro-polisarien sont vouées à l’échec. Pour preuve, le Commandement de l’Armée américaine pour l’Afrique a annoncé, le 17 octobre, que l’exercice aura bel bien lieu au Maroc et dans d’autres pays comme la Tunisie, le Sénégal, le Ghana et Djibouti. Le Royaume, rappelons-le, demeure l’hôte principal du moment qu’il abrite les exercices les plus importants en termes d’ampleur des manoeuvres et de personnel et matériel déployés.

Toutefois, il est certain, selon le communiqué de l’AFRICOM, que les pays susmentionnés contribueront de façon plus conséquente dans l’organisation de l’édition 2023 puisque la réunion de planification a eu lieu pour la première fois en Tunisie. Ce sujet a été à l’ordre du jour lors de la visite du général Longley au Maroc les 17 et 18 octobre derniers. Ce dernier s’est entretenu avec l’inspecteur général des Forces Armées Royales et commandant de la Zone Sud, El Farouk Belkhir, avec qui il a évoqué plusieurs questions relatives à la coopération militaire.

Rappelons que, suite à l’accord scellé entre les républicains et les démocrates, le nouveau budget devrait être voté ensuite par le Sénat avant qu’il ne soit signé et promulgué par le président Joe Biden. Il s’agit de l’un des textes les plus importants aux Etats-Unis. Le texte actuel dote le Département de la Défense d’un budget historique (environ 858 milliards de dollars). Un budget énorme qui dépasse de loin ceux d’autres puissances comme la Russie, la Chine et les armées européennes.

Selon le projet de loi, Washington désigne la Russie, la Chine et l’Iran comme menaces à sa propre sécurité nationale. Leur terrain de rivalité s’est même déplacé en Afrique. Les Etats-Unis font désormais du continent africain un enjeu géopolitique dans leur bras de fer avec Pékin et Moscou. Raison pour laquelle le texte appelle à une meilleure coopération avec les «alliés africains» au moment où les Etats-Unis déroulent le tapis rouge aux leaders africains au Sommet USA-Afrique, occasion saisie par l’Administration américaine pour mettre en garde les pays africains contre ce qu’elle appelle « l’influence déstabilisatrice de la Russie et la Chine.



Anass MACHLOUKH


African Lion 2023 : vers des manoeuvres plus robustes
 
Prévue du 15 mai au 18 juillet 2023, la prochaine édition d’African Lion sera différente. L’Armée américaine semble vouloir profiter de cette occasion pour développer plus substantiellement ses capacités manoeuvrières que les années précédentes. Ceci dit, on devrait s’attendre à une montée en gamme des manoeuvres planifiées. C’est ce qu’on retient du dernier communiqué de l’« US Army », dont près de 50 composantes de toutes les fonctions interarmées se sont réunies en Virginie pour commencer à concevoir des scénarios des manoeuvres.

Selon la même source, le groupe d’experts a élaboré « un scénario robuste » qui mettra à l’épreuve les capacités de combat du Commandement des États-Unis pour l’Afrique et de ses composantes de service, principalement la Force opérationnelle de l’armée américaine en Europe du Sud, Afrique (SETAF-AF).

« African Lion 2023 augmente la préparation de la Force interarmées en mettant au défi l’AFRICOM et les étatsmajors des composantes, de répondre à un conflit de haute intensité dans tous les domaines», a déclaré à cette occasion le lieutenant-colonel du Corps des Marines, Clarence Jernigan, officier de bureau de l’AFRICOM pour l’état-major interarmées J7 dans le Suffolk.

 








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