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International

Tunisie : La vague d'arrestations fait craindre une répression accrue


Rédigé par L'Opinion Jeudi 16 Février 2023

Une série d'arrestations dans les milieux politico-médiatiques et des affaires en Tunisie fait craindre une répression accrue alors que le pays s’enlise dans une grave crise politique et économique depuis juillet 2021.



Si plusieurs opposants, appartenant notamment au parti islamo-conservateur Ennahdha et ses alliés, ont été arrêtés ou interrogés ces derniers mois, un cap semble avoir été franchi avec l'arrestation ce weekend d'un très influent homme d'affaires, suivie lundi par celle du directeur de la plus grande radio privée de Tunisie, Mosaïque FM.

Ce coup de filet est survenu au moment où M. Saied poursuit l'édification de son système hyperprésidentialiste en faisant peu de cas du boycott massif de toutes les échéances électorales et consultatives censées jalonner ce processus.

Outre les divisions politiques, le pays est plongé dans de graves difficultés économiques marquées notamment par des pénuries récurrentes de produits alimentaires et une inflation qui a fait plonger le pouvoir d'achat des Tunisiens.



Un chef d'Ennahdha, Noureddine Bhiri, le directeur de Mosaïque FM, la radio la plus écoutée en Tunisie, Noureddine Boutar, ainsi que l'ancien ministre Lazhar Akremi, ont été arrêtés lundi soir.
Plusieurs autres personnalités avaient été arrêtées samedi, notamment le très influent homme d'affaires Kamel Eltaïef, ex éminence grise du président déchu Zine el Abidine Ben Ali, l'activiste politique Khayam Turki, ainsi que deux anciens magistrats.
 
Des arrestations qui visent à «terroriser l'opposition»
 
Dans une vidéo diffusée mardi par la présidence, M. Saied a affirmé que certaines personnes parmi celles qui ont été arrêtées étaient impliquées "dans des complots contre la sûreté intérieure et extérieure de l'Etat" et étaient à l'origine de pénuries de produits alimentaires pour en faire monter les prix.
"C'est un avertissement signifiant à ceux qui contrôlent les circuits de distribution qu'ils ne pourront pas échapper à la loi", a-t-il dit en recevant la ministre du Commerce.
Depuis le coup de force du président Saied qui a fait vaciller le démocratie née en 2011 de la première révolte du Printemps arabe, plusieurs hommes politiques font l'objet de poursuites dénoncées par l'opposition comme des règlements de comptes.

L'avocat Ghazi Chouachi, qui défend l'activiste Khyam Turki, a affirmé que les dernières arrestations "visent à détourner l'attention de l'opinion publique (des problèmes du pays) et à terroriser l'opposition".
"Le président semble avoir une hantise sécuritaire. Le pays se trouve à un tournant et traverse une crise d'une extrême gravité", décrypte auprès de l'AFP l'analyste politique Abdellatif Hannachi.
Dans un communiqué, les personnels de Mosaïque FM ont exprimé leur "soutien inconditionnel" à leur directeur général. Ils ont exigé sa "libération immédiate" et condamné "les atteintes récurrentes portées à Mosaïque FM pour faire taire sa voix libre".
Selon le communiqué, "la garde à vue du directeur général est en lien avec la ligne éditoriale de la radio et n'a rien à voir avec l'affaire de complot contre la sécurité de l'Etat".
 
L’ONU dénonce "l'aggravation de la répression"
 
"L'arrestation du directeur de Radio Mosaïque FM , Noureddine Boutar, sans mandat d'arrêt ni raison officielle, son interrogatoire qui a porté sur ses choix éditoriaux, est tout aussi inacceptable que tristement révélateur de la répression qui s'abat sur la presse en Tunisie", a déploré l'ONG Reporters sans Frontières (RSF).

La semaine dernière, plus de 65 ONG, partis politiques et personnalités en Tunisie ont exprimé leur "soutien total" à la centrale syndicale UGTT, après l'interpellation d'un de ses responsables dans la foulée d'un discours du président Saied dénonçant une instrumentalisation du droit de grève "à des fins politiques".
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Volker Türk, a dénoncé mardi "l'aggravation de la répression" en Tunisie après les dernières interpellations.

Lors d'un point-presse à Genève, son porte-parole, Jeremy Laurence, a indiqué que Türk exprimait "sa préoccupation face à l'aggravation de la répression contre ceux qui sont perçus comme des opposants politiques et de la société civile en Tunisie, notamment par l'intermédiaire de mesures prises par les autorités qui continuent de saper l'indépendance du pouvoir judiciaire".

Les journalistes observent une journée de "colère"

Des journalistes tunisiens ont porté, mercredi, le brassard rouge dans différents médias, publics et privés, en prélude d'une journée de "colère" prévue, jeudi, pour dénoncer la détérioration des conditions de travail.
Ces mouvements de protestation visent à dénoncer les pressions ainsi que les restrictions apportées à l'exercice de la profession journalistique, rapportent des médias locaux.

Et finalement, fustiger la politique des reports à répétition du gouvernement dans l'exécution des accords conclus par le passé avec le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).

Préalablement fixée par le SNJT le 7 février, cette journée s'inscrit dans le cadre des manifestations programmées par le SNJT en vue de déplorer la politique systématique de musellement empruntée par le gouvernement et les incessantes tentatives visant à éroder la liberté de la presse.

Les journalistes tenteront aussi de faire part de leurs sérieuses appréhensions face à un retour malvenu de l'emprise de l'Exécutif et des lobbies sur les organes de médias.

Des appréhensions qui se sont avérées bien fondées selon le SNJT suite à l'arrestation du directeur général de Radio Mosaïque FM, Noureddine Boutar, lundi soir dernier, dans un vaste coup de filet sécuritaire ayant visé des personnalités politiques, hommes d'affaires et magistrats.








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