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Tunisie : Kaïs Saïed persiste et signe


Rédigé par Avec AFP et Reuters Mardi 21 Septembre 2021

Le président Saïed s’est attaqué, dans discours lundi, à la manifestation contre lui et contre ses mesures exceptionnelles, en la qualifiant de « piètre mise en scène ».



AFP
AFP
Un nouveau chef du gouvernement va être nommé en Tunisie, où seront maintenues les mesures d’exception décrétées le 25 juillet, a annoncé, lundi, le président tunisien, Kaïs Saïed, lors d’un discours depuis Sidi Bouzid, berceau de la révolte tunisienne de 2011. Le président tunisien, Kaïs Saïed, a fait un pas vers les manifestants qui réclament un retour à « la légitimité » du pouvoir et les demandes de la communauté internationale.

Lors d’un discours retransmis par la télévision nationale depuis Sidi Bouzid, berceau de la révolte tunisienne de 2011, le chef de l’État a annoncé, lundi 20 septembre, qu’il nommerait un nouveau chef du gouvernement « sur la base de provisions de transition répondant à la volonté du peuple », tout en gardant en place les mesures d’exception qu’il avait décrétées le 25 juillet pour s’arroger les pleins pouvoirs.

Kaïs Saïed, dont le discours au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid a été interrompu à plusieurs reprises par une foule scandant « le peuple veut la dissolution du Parlement », a en outre annoncé qu’il allait faire adopter « une nouvelle loi électorale » sans en dévoiler les contours.

Ces annonces laissent envisager le début de préparatifs pour la tenue de nouvelles élections législatives afin de remplacer le Parlement. Il y a huit semaines, le 25 juillet, Kaïs Saïed a limogé le Premier ministre, suspendu les activités du Parlement et s’est arrogé aussi le pouvoir judiciaire, pour un mois renouvelable avant de prolonger ces mesures le 24 août, « jusqu’à nouvel ordre ».

Une réforme de la Constitution qui partage

Le président tunisien a également évoqué une réforme à venir de la Constitution de 2014 qui a instauré un système hybride, ni présidentiel ni parlementaire, source de conflits récurrents entre les deux pouvoirs.

Théoricien du droit, Kaïs Saïed se présente, depuis son élection surprise à une large majorité fin 2019, comme l’interprète ultime de la Constitution. Il s’est appuyé sur son article 80 qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de « péril imminent » à la sécurité nationale, pour justifier les décisions prises le 25 juillet. Mais cette réforme ne fait pas l’unanimité.

Le parti d’inspiration islamiste Ennahda, principal rival de Kaïs Saïed et qui disposait du plus grand nombre de sièges dans le Parlement gelé, a exprimé « son rejet catégorique » de « toute suspension de l’application de la Constitution » ou « changement du système politique ». Des représentants de la société civile en Tunisie ont dénoncé un recul « clair et net » des libertés depuis que Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs.

« Les dispositions prévues par la Constitution en matière de droits et de libertés restent en vigueur. Je me suis assuré qu’aucune atteinte ne sera portée aux libertés », a rétorqué Kaïs Saïed.

Les manifestants raillés

Le président tunisien a profité de ces annonces pour s’en prendre aux politiciens et députés tunisiens qu’il accuse de corruption. « Le Parlement s’est transformé en un marché où les voix se vendent et s’achètent », a-t-il lancé.

« Avez-vous besoin d’un gouvernement qui répondra à vos besoins ou de voleurs qui pilleront les pays ? » Il fait également face à une contestation sociale, même si nombre de Tunisiens ont accueilli avec enthousiasme ces décisions.

Pour la première fois depuis le 25 juillet, une manifestation a eu lieu, samedi, dans le centre de la capitale Tunis pour contester la mainmise de Kaïs Saïed sur le pouvoir. Plusieurs centaines de personnes y ont participé. Le chef d’État a minimisé la portée de ce rassemblement sur un ton moqueur. « Je ne suis pas venu ici pour produire un spectacle comme celui que vous avez vu il y a deux jours et dont les piètres metteurs en scène sont connus ».

Avec AFP et Reuters

 

 

Les milieux d’affaires dans l’expectative

« Je vais traquer les spéculateurs où qu’ils soient, même sous terre ». Le président tunisien a été on ne peut plus clair dans un discours prononcé fin août. La lutte contre la corruption et la spéculation s’érigent en crédos depuis son coup de force du 25 juillet. Mais autant ils étaient nombreux dans les milieux économiques à dénoncer les blocages politiques minant un pays en proie à une grave crise socio-économique, autant ils s’interrogent aujourd’hui sur le changement de cap amorcé par Kaïs Saïed.

Les interdictions de voyage décrétées à l’égard de plusieurs hommes d’affaires et fonctionnaires ont suscité des tensions et des appréhensions dans le milieu des hommes d’affaires. Le 17 septembre, le président a intimé l’ordre au ministère de l’intérieur de limiter cette sanction aux personnes faisant l’objet de poursuites judiciaires pour apaiser un tant soit peu l’ambiance.

Toutefois, de nombreux chefs d’entreprise s’inquiètent d’une situation politique confuse, marquée par la vacance de chef de gouvernement, le gel du parlement et l’absence d’une feuille de route. Ce qui est de nature à impacter négativement le climat des affaires et la relance économique.
 



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