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Trêve humanitaire à Gaza : Arrêt provisoire d’un carnage épouvantable [INTÉGRAL]


Rédigé par Anass MACHLOUKH Jeudi 23 Novembre 2023

Suite à une médiation internationale fructueuse, Israël et le Hamas ont convenu d’une trêve humanitaire pour l’échange des prisonniers. Un soulagement pour la Communauté internationale qui redoutait la poursuite du carnage de Gaza. Tour d’horizon.



Israël a accepté une trêve humanitaire à Gaza suite à un accord avec le Hamas sur l’échange de prisonniers.
Israël a accepté une trêve humanitaire à Gaza suite à un accord avec le Hamas sur l’échange de prisonniers.
Le 47ème jour de la guerre meurtrière que mène Israël à Gaza n’est pas comme les autres. Après tant de semaines de carnage, une lueur d’espoir est apparue, ce mercredi, après l’annonce d’une trêve humanitaire. Grâce à une médiation fructueuse du Qatar et de l’Egypte, un accord a été conclu entre le Hamas et le gouvernement israélien en vertu duquel les deux belligérants ont convenu d’un cessez-le-feu tant attendu. La bonne nouvelle a été annoncée dans la nuit par le ministère des Affaires étrangères. "Le Qatar annonce le succès de ses efforts de médiation entrepris conjointement avec l'Egypte et les Etats-Unis, qui ont abouti à un accord pour une pause humanitaire", s’est félicitée la diplomatie qatarie dans un communiqué publié sur la plateforme X. 

Soupir de soulagement 

Cet accord a suscité le soulagement de la communauté internationale qui se trouvait abasourdie durant des semaines par une boucherie aux allures de génocide. Le gouvernement de Benjamin Netanyahu, enragé, promettait d’éradiquer le Hamas après l’attaque du 7 octobre, quel qu'en soit le prix. Le coût est humainement exorbitant. Plus de 13.000 civils innocents ont perdu la vie sous les bombardements de Tsahal qui pilonnait la bande à longueur de journée. 

Après un tel massacre, il fallait entendre la voix de la raison. Le président américain, fortement critiqué dans son propre pays pour son soutien indéfectible à Israël, a été parmi les premiers à applaudir pour la trêve, tout en saluant l’effort louable de tous les médiateurs. Même le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a fini par se résigner à louer cet accord qu’il juge “bon", bien qu’il avait au début rejeté, catégoriquement et avec une opiniâtreté déconcertante, toute négociation avec le Hamas qu’il voulait rayer de la carte. Il a dû faire marche arrière et sacrifier son égo puisqu’il était obligé de parler à son ennemi juré, notamment face aux pressions des familles des 240 Israéliens enlevés lors de l'attaque du 7 octobre. De quoi réjouir le Hamas, dont le chef, Ismaïl Haniyeh, s’est félicité d’un accord avantageux.  
 
Echange de prisonniers : modus operandi 

En gros, le deal est simple. Il consiste en ce que le Hamas libère les otages en échange de la libération des prisonniers palestiniens incarcérés dans les geôles israéliennes. Avec comme prélude la suspension des hostilités meurtrières. L’échange devrait avoir lieu dans les 24 heures et durera quatre jours, avec possibilité de prolongation. Il a été convenu que l’échange soit fait progressivement de façon à tester la bonne foi des deux belligérants. Au début, il sera procédé à la libération de 50 femmes et enfants civils détenus à Gaza. Pour sa part, Israël s’est engagé à rendre un certain nombre de femmes et d'enfants palestiniens détenus dans ses prisons, sans préciser leur nombre. Le Hamas parle de 150 prisonniers, dont des femmes et des jeunes de moins de 19 ans. 

Ce qui est sûr pour l’instant, c’est que leur nombre est susceptible d’augmenter au fur et à mesure de la mise en œuvre de l'accord. Selon de hauts responsables cités par l’AFP, il est fort probable qu'un premier échange concerne 10 otages, dont 3 ressortissants américains, contre 30 prisonniers palestiniens, et soit réalisé dès ce jeudi. 

L’armée israélienne, qui tâche de torpiller les tunnels qui servent de refuge aux combattants du Hamas, est obligée par l’accord de trêve de ne pas épier leurs mouvements lors de l’échange de prisonniers. Ce qui contrarie le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui veut poursuivre la guerre coûte que coûte. Connu pour sa formule polémique “pas de nourriture, pas d’eau, pas d'électricité", le ministre aux sorties contestées a dit souhaiter “une reprise à pleine force". 

Entre-temps, cette cessation provisoire des combats a donné une bouffée d’air aux habitants de Gaza qui ont subi le martyre des dernières semaines en se voyant pilonnés par un torrent de missiles chaque jour. C’est aussi une chance pour l’entrée massive des convois humanitaires, par le passage de Rafah. Ceci est indispensable pour la survie des civils qui manquent cruellement de vivres et de carburants, dont   la pénurie risque de provoquer l’arrêt des services d'assainissement et des hôpitaux, déjà bombardés. 
 
L’urgence de la paix ! 

Reste à savoir maintenant quel sera le sort des civils dont le déplacement vers le Sinaï est hors de question pour les pays arabes, dont le Maroc, l’Egypte et la Jordanie, qui se sont opposés à la volonté israélienne, lors du Sommet du Caire. Perçu comme un exode forcé, les autorités égyptiennes y voient une volonté de liquider la question palestinienne, comme nous l’explique l’ex-ministre des Affaires étrangères, Nabil Fahmi, dans une déclaration à “L’Opinion”.  

Maintenant que les armes se sont tues, place à aux discussions pour la paix dont le Chef de la diplomatie qatarie, Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, ne désespère pas. Il a dit espérer que "cette trêve conduira à des discussions sérieuses en vue d'un processus de paix global et juste". Un souhait partagé par l’ensemble de la Communauté internationale qui est persuadée que la solution à deux Etats est l’unique option qui permet de sortir par le haut du conflit actuel. 
 
Les appels du Maroc 

Ce à quoi le Maroc plaide instamment depuis des années. Le Royaume a saisi l’occasion du Sommet de Paris, tenu le 9 novembre, pour réitérer son appel à la relance urgente du dialogue autour de la solution politique. La délégation marocaine, par la voix du Directeur Général des Relations bilatérales au ministère des Affaires étrangères, Fouad Yazourh, avait appelé la communauté internationale à “œuvrer à trouver un horizon politique favorisant les chances de parvenir à une paix juste et globale”. Actuellement, le contexte demeure tout de même tendu au moment où la colonisation se poursuit en Cisjordanie. Les colons israéliens se montrent de plus en plus agressifs et s’en prennent souvent aux Palestiniens, dont six ont été tués, mercredi, en Cisjordanie occupée, selon l'Autorité palestinienne. La fin de la colonisation israélienne est plus que jamais nécessaire aux yeux d’Abu Jazar Ramadan, Directeur du Centre international de Bruxelles pour la Recherche, qui estime qu’il est impossible d'enterrer la cause palestinienne (Voir les trois questions). 

Anass MACHLOUKH 

Trois questions à Abu Jazar Ramadan “La solution commence par le départ de Benjamin Netanyahu et du gouvernement extrémiste”

Abu Jazar Ramadan, Directeur du Centre international de Bruxelles pour la Recherche, a répondu à nos questions.
Abu Jazar Ramadan, Directeur du Centre international de Bruxelles pour la Recherche, a répondu à nos questions.
Quelles sont les conditions qui pourraient préparer le champ à la reprise des négociations de paix ?
 
- D’abord, il est indispensable que le gouvernement extrémiste de Netanyahu quitte le pouvoir parce que c’est lui qui est responsable de tout ce qui s’est passé en encourageant la colonisation et en s'obstinant à annexer la Cisjordanie et les territoires palestiniens pour plaire à ses alliés extrémistes au gouvernement. Aujourd’hui, la solution des deux Etats est l’unique porte pour sortir de l’impasse. Les Palestiniens ont montré qu’ils sont pour la paix dans le cadre des Résolutions de l’ONU. La majeure partie de la Communauté internationale en convient.

- Quel sera le sort du Hamas, après la guerre ?

- Il faut garder à l’esprit que le Hamas ne représente pas seul le peuple palestinien qui, je le rappelle, a fourni plusieurs fronts de résistance. La résistance est une idée qui dépasse ceux qui l’incarnent. Donc, si Hamas est détruit, il y en aura d’autres. Je rappelle que l’OLP fut aussi considérée comme organisation terroriste avant qu’elle ne soit légitimée par les accords d’Oslo. Cela dit, tout change au gré du contexte politique. Que l’on soit d’accord ou non, Hamas représente une partie des Palestiniens. Mais l’Autorité palestinienne demeure le représentant légal et a la légitimité de négocier avec les Israéliens, pourvu qu’il y ait une volonté d’arrêter la colonisation et de donner un Etat aux Palestiniens.

- Concernant les populations civiles, quel sera leur sort après la trêve humanitaire ?

- On a vu comment l’armée israélienne bombardait tout le monde à Gaza sans distinction et comment elle a forcé les populations civiles à quitter la zone Nord vers la zone Sud sous prétexte que le Sud est plus sûr, ce qui s’est avéré faux puisque tout le territoire de Gaza était une cible des missiles israéliens. Les Palestiniens ont compris que le gouvernement israélien veut pilonner la bande de façon à pousser les populations vers les frontières égyptiennes. Israël n’a laissé que trois choix aux civils : la mort sous les bombardements, la fuite vers l’Egypte ou l’embrasement général dans la région.
 

Nations Unies : “Beaucoup reste à faire”

L'accord entre Israël et le Hamas pour la libération des otages et une trêve dans les combats à Gaza est "un pas important dans la bonne direction, mais beaucoup reste à faire", a déclaré, mercredi, un porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

Antonio Guterres "salue l'accord conclu entre Israël et le Hamas, avec la médiation du Qatar soutenu par l'Egypte et les Etats-Unis", souligne le porte-parole dans un bref communiqué reçu à Genève.

"Les Nations Unies mobiliseront toutes leurs capacités pour soutenir la mise en œuvre de l'accord et maximiser son impact positif sur la situation humanitaire à Gaza", ajoute le porte-parole.

De son côté, le patron de l'Organisation Mondiale de la Santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a également salué l'accord sur X. Il a insisté lui aussi pour dire que "cela ne suffit pas à mettre fin aux souffrances des civils".

Il a réclamé la libération de tous les otages et, en attendant, des soins pour ceux qui resteront encore en captivité. Il continue aussi "d'appeler à un cessez-le-feu" pour pouvoir véritablement aider les habitants de Gaza sur la durée et en toute sécurité.
L’info...Graphie
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Réactions internationales : Torrent d’applaudissements et appels à la paix

La Communauté internationale a salué unanimement cet accord dont le Qatar a été la cheville ouvrière. Le président américain Joe Biden s'est dit "extraordinairement satisfait" du fait que "plusieurs de ces âmes courageuses (...) seront réunies avec leurs familles une fois que cet accord sera pleinement mis en œuvre". Pour sa part, le ministre des Affaires étrangères britannique, David Cameron, nouvellement nommé, a qualifié cet accord d'"étape cruciale pour soulager les familles des otages et résoudre la crise humanitaire à Gaza", appelant "toutes les parties à veiller à ce que l'accord soit respecté dans son intégralité.

De son côté, l'Allemagne a salué une "avancée" qu'il "faut mettre à profit pour acheminer une aide vitale aux habitants". "La libération annoncée d'un premier groupe d'otages est une avancée, même si rien au monde ne pourra effacer leur souffrance. La trêve humanitaire doit être utilisée pour apporter l'aide vitale nécessaire aux habitants de Gaza", a déclaré la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock, sur le réseau social X. Concernant la France, sa diplomatie a salué le travail du Qatar et a dit espérer que des Français figurent parmi les otages prochainement libérés par le Hamas.

La Turquie a joint sa voix à celle de l’ONU. L'accord entre Israël et le Hamas pour la libération d'otages et une trêve dans les combats à Gaza aideront "à mettre fin entièrement" à la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien. "Nous espérons que cette trêve humanitaire contribue à mettre fin entièrement au conflit le plus rapidement possible et à initier un processus vers une paix juste et durable", écrit dans un communiqué le ministère turc des Affaires étrangères.








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