Travail décent… On en est encore loin !

Lundi, le président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE), Ahmed Réda Chami, a passé un message important lors de sa participation au forum tenu au Parlement sous le thème «Un travail décent en faveur du développement durable». Devant les élus de la Nation, il a plaidé pour que le travail décent soit au centre du dialogue social. Cela revêt une importance cruciale à une époque où le salariat est de plus en plus précarisé. Le travail est censé être un facteur d’émancipation personnelle et d’ascension sociale et non seulement un moyen de survie dans un monde où les ménages luttent pour boucler les fins de mois.

Garantir un travail décent implique une lutte sans merci contre plusieurs maux qui détériorent depuis plusieurs années notre tissu économique. Les fameux contrats d’intérim, prônés de plus en plus par les entreprises pour éviter les charges administratives et légales des salariés, sont un exemple saillant des lacunes qui gangrènent notre marché du travail. A cela s’ajoute la sous-rémunération dont souffre la classe ouvrière, dont 44% ne touchent même pas le SMIG, selon l’Observatoire Marocain de la Très Petite et Moyenne Entreprise (OMTPME). D’où la question de la hausse générale des salaires, à laquelle tiennent vigoureusement les syndicats à la veille du prochain round du dialogue social. 

Garantir que le travail décent passe aussi par la lutte contre “l’informalisation” de l’emploi, alors que les emplois non-déclarés restent, tout de même, considérables pour un pays qui compte généraliser la couverture sociale à tous les niveaux. 

La recommandation d’Ahmed Réda Chami tombe à point nommé au moment où le gouvernement, qui entend faire de l’emploi la priorité de la seconde moitié de son mandat, est très attendu sur la réforme du Code du travail. Une chance qui s’offre à tous les acteurs concernés pour mettre la question du travail décent à l’ordre du jour.