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Syrie : Escalade des opérations russes sur les zones contrôlées par l'opposition


Rédigé par L'Opinion Mardi 8 Août 2023

Des avions de combat russes ont visé, ce week-end, la périphérie de la ville d'Idlib, faisant des morts et des blessés. Dimanche, les forces syriennes ont ciblé la campagne d’Idlib avec des obus d'artillerie et de missiles.



Syrie : Escalade des opérations russes sur les zones contrôlées par l'opposition
Selon des sources de l'opposition, le nombre de morts dans les bombardements des régimes russe et syrien a atteint 6 en 48 heures, au milieu des avertissements d'escalade continue.

Plusieurs analystes font le lien entre l'escalade russe dans le nord de la Syrie, qui est sous le contrôle de l'opposition soutenue par la Turquie, et la prochaine rencontre entre Vladimir Poutine et le président turc Recep Tayyip Erdogan, d'autant plus que l'étape précédente a vu des désaccords entre Ankara et Moscou dans plus d'un dossier, y compris l'expédition de céréales ukrainiennes via la mer Noire et les relations de la Turquie avec l'Ukraine.

Erdogan avait annoncé son accord avec son homologue Poutine sur la visite de ce dernier en Turquie, dans le but de renforcer la coopération et de renforcer les relations entre les deux pays, lors d'un appel téléphonique entre eux, et alors que le président turc n'a pas précisé la date exacte de la visite, il a dit: "Je pense que la visite aura lieu au cours de ce mois d'août".

L'analyste politique turc Abdullah Suleiman Oglu estime que  recours «à l'escalade avant tout événement international, dans le but de rappeler à la partie adverse qu'elle est toujours militairement supérieure et qu'elle est capable de résoudre les problèmes en sa faveur dans le cas de confrontation».

Suleiman Oglu ajoute que «peut-être de cette porte, la Russie veut rappeler à la Turquie la force de sa présence militaire en Syrie, et sa capacité à maitriser la situation sur le terrain en Syrie».

Faisant référence à la situation en Ukraine et en Russie, l’analyste estime qu’au vu des récents événements «des attaques avec des "marches" répétées en Russie, l'escalade en Syrie peut être de la part de Moscou une manière de détourner l’attention vers le dossier syrien».
 
La voix la plus forte de Syrie
 
Un autre analyste et expert militaire, estime que «la Russie veut montrer aux parties présentes en Syrie, à savoir les États-Unis, la Turquie, l'Iran et le régime syrien, qu'elle n'est pas faible et que sa guerre en Ukraine ne la détournera pas de ses tâches en Syrie».

L’analyste militaire explique au site Arabie 21 que la Russie a mené des manœuvres à Hama, s'est intensifiée à Idlib et a renforcé son déploiement en coordination avec l'Iran dans l'est de la Syrie face aux mouvements et renforts militaires américains, ajoutant que "Moscou veut dire que sa voix est la plus forte de toute la Syrie".

Pour sa part, le chef adjoint du Centre de réconciliation russe en Syrie, le général de division Vadim Colette, a affirmé samedi qu'"au moins 200 militants du Parti islamique du Turkestan effectuent leur formation dans la zone de désescalade du gouvernorat d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie".
 
Il a ajouté : «Dans la zone de désescalade à Idlib, selon les informations reçues des services de renseignement, la direction du groupe terroriste Jabhat al-Nosra forme au moins 200 militants du Parti islamique du Turkestan».
 
Aucune justification militaire
 
Mais pour l'analyste militaire et stratégique, le colonel Ahmed Hamadeh, «Il n'y a aucune justification militaire à l'escalade, et son objectif est de faire pression sur les habitants du nord de la Syrie et de la Turquie, avant le prochain sommet turco-russe».

Il a précisé que la Russie avait intensifié ses opérations, avant toute réunion dans le cadre du processus d'Astana, et avant chaque réunion politique avec la Turquie, pour faire accepter ses propositions, d'autant plus que la Russie accuse la Turquie de ne pas respecter ses engagements dans le nord de la Syrie.

Dans ce contexte, les équipes de secouristes avancent que les attaques continues des forces syriennes et russes s'inscrivent "dans une méthodologie de crime visant à priver les civils de stabilité, instaurant un climat de terreur et de panique, et imposant plus de restrictions".
 

Une attaque de l’EI fait dix morts parmi les forces syriennes

L’Etat islamique a porté un tragique coup aux partisans de Bachar el-Assad. Dix membres des forces syriennes ont été tués lundi soir dans une attaque menée par le groupe djihadiste dans la province de Raqqa, dans le nord de la Syrie, a indiqué ce mardi une ONG.

«L’EI a attaqué des positions et des barrages tenus par des membres des forces du régime (…) mettant le feu à des véhicules militaires et des préfabriqués», selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. Six soldats ont aussi été blessés, dont certains grièvement, a indiqué l’ONG, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d’un vaste réseau de sources en Syrie.

Les forces gouvernementales contrôlent des secteurs dans l’est et le sud de la province de Raqqa, alors que les forces kurdes tiennent la plupart du nord. La ville de Raqqa fut pendant plusieurs années la capitale du «califat» autoproclamé de l’EI, dont il fut chassé en 2017.

Le groupe djihadiste a par ailleurs annoncé la semaine dernière la mort de son chef, Abou al-Hussein al-Husseini al-Qourachi, tué lors d’affrontements dans le nord-ouest de la Syrie.

Depuis début décembre, l’EI a multiplié les attaques meurtrières malgré la perte en 2019 de ses derniers fiefs en Syrie dont le groupe avait été chassé par les forces kurdes et la coalition internationale antidjihadiste dirigée par les Etats-Unis. Six membres des forces du régime syrien avaient ainsi déjà été tués dimanche dans des attaques menées par des combattants djihadistes dans le nord-ouest du pays, selon l’OSDH.



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