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Suspension du traité d’amitié : l’Algérie sacrifiera-t-elle ses intérêts économiques pour punir l’Espagne ?


Rédigé par Anass Machloukh Vendredi 24 Juin 2022

Dans sa démarche vindicative à l’encontre de l’Espagne, l’Algérie a mis ses intérêts économiques et celle de l’Espagne en jeu en suspendant le traité d’amitié et de bon voisinage. Un rapport de l'Institut royal des études stratégiques et internationales a évalué les conséquences de la bataille commerciale que semble livrer le gouvernement algérien au voisin ibérique. Détails.



Dans un accès de colère, l’Algérie semble vouloir punir l’Espagne en suspendant le traité de coopération. Pour cause, le soutien de Madrid au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. Quoique politique, cette décision a des conséquences économiques irréversibles que les dirigeants d’Alger n’ont pas l’air de réaliser l’ampleur. Blocage des licences d’importation, entraves aux produits espagnols au niveau des ports, gel des prélèvements financiers liés aux produits espagnols, les autorités algériennes n’ont pas tari d’idées pour s’en prendre à l’Espagne. Le prix de ces mesures protectionnistes pourrait s’avérer préjudiciable à sa propre économie.

C’est l’une des conclusions d’un rapport de l'Institut royal des études stratégiques et internationales qui a scruté l’impact de la crise entre Alger et Madrid sur leur coopération économique. Il en ressort que l’économie algérienne pourrait être elle-même pénalisée pas les entraves appliquées aux produits espagnols puisqu’elle demeure fortement dépendante non seulement des produits alimentaires importés, mais aussi des produits intermédiaires, de la technologie et des machines espagnoles pour sa propre activité productive (particulièrement dans le secteur de la construction).

L’Algérie serait d’autant plus affectée que l’Espagne est son quatrième fournisseur et partenaire commercial. “Ces dernières années, l’Espagne a exporté vers l’Algérie pour une valeur comprise entre 2000 et 3000 millions d’euros et importé entre 3000 et 4500 millions, avec un déficit compris entre 1000 et 1500 millions”, explique le document signé par le chercheur principal Enrique Feás.

Selon la même source, le gouvernement algérien serait prêt à encaisser le coup et d’assurer les conséquences de son acharnement commercial. “Le gouvernement algérien a l'habitude d'assumer les coûts pour sa propre économie lorsqu'il considère que des intérêts nationaux sont en jeu”, souligne le document qui met en avant le risque d'escalade “qui pourrait même toucher des secteurs beaucoup plus stratégiques dans les relations bilatérales”.

Pour leur part, les exportations espagnoles devraient subir un grand impact. “L'interdiction de prélèvement automatique empêche, dans la pratique, tout importateur de faire venir des marchandises d'Espagne”, lit-on dans le rapport. Cela porterait préjudice à la fois aux exportateurs espagnols de produits finis ou intermédiaires et aux entreprises du même pays qui y exécutent des contrats ou exploitent des usines, car elles auront souvent besoin d'accéder à la technologie espagnole importée.

Livraisons de gaz : pas de changement à craindre

Concernant les livraisons de gaz, si vitales pour l’Espagne qui importe 30% de ses besoins de l’Algérie, elles ne devraient pas être affectées par les restrictions commerciales. Ceci s’explique par le fait que les exportations algériennes, dominées par le gaz et les hydrocarbures (90%), ne sont théoriquement pas touchées par les mesures restrictives. Cela dit, les exportations de gaz algérien devraient en principe rester inchangées, dans l'attente des résultats des négociations sur le prix applicable à la période 2022-2024. 

Alger, rappelons-le, semble avoir les mains liées dans cette affaire parce que l’Union Européenne l’a menacé de mesures de rétorsion en cas de non-respect de ses engagements contractuels. L’Algérie, estime le rapport, risquera de perdre son prestige, et même son image en tant que source d'énergie européenne fiable, si elle prend des décisions plus drastiques, contraires à ses engagements. 

Rappelons aussi que l’Algérie et l’Espagne étaient liées, depuis 2002, par un "traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération", signé à l’époque du Premier ministre José Maria Aznar et du président Abdelaziz Bouteflika. Bouleversé par le revirement diplomatique espagnol dans le dossier du Sahara en faveur du Maroc, le gouvernement algérien a réagi en suspendant le traité de coopération. Une décision regrettée par le gouvernement de Pedro Sanchez qui n’a pas cédé jusqu’à maintenant aux pressions algériennes. 








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