Au moment où la crise hydrique au Royaume a atteint des niveaux alarmants, les autorités publiques relevant de plusieurs régions du Royaume, notamment Rabat-Salé-Kénitra, ont pris une batterie de mesures drastiques pour minimiser les dégâts. Parmi ces dernières figurent l’interdiction d’utiliser l’eau potable pour le lavage et le nettoyage des rues, des places publiques et des routes, l’arrosage des espaces verts, des jardins et des terrains de sport, ainsi que pour le lavage des camions, des machines et divers équipements, sans oublier la réduction des jours de travail des hammams et des lavages de voitures. A cela s’ajoute la plantation du gazon, que ce soit par les services publics ou les privés, qui est actuellement prohibée.
Car oui, plusieurs voix se sont élevées ces dernières années pour pointer des choix paysagers perfectibles en termes d’aménagement des espaces verts urbains du Royaume. Parmi les remarques récurrentes, celle relative à l’omniprésence du gazon dont l’esthétique avantageuse cache souvent un besoin vorace en termes de consommation d’eau.
Abstraction faite des terrains dédiés à des sports dont le gazon est une composante incontournable, le choix de continuer d’aménager et d’entretenir du gazon sur des superficies urbaines importantes est aujourd’hui discutable. Bien qu’il existe plusieurs types de gazon dont les caractéristiques et besoins hydriques peuvent varier, il est admis que ces tapis végétalisés ont besoin d’une moyenne de 3500 litres d’eau par m²/an. Si le gazon est une option adaptée au climat de pays dont la pluviométrie est clémente, les impacts prévus et prédis des changements climatiques et le contexte hydrique actuel de notre pays imposent d’étudier d’autres options plus durables et plus raisonnables.
Car oui, plusieurs voix se sont élevées ces dernières années pour pointer des choix paysagers perfectibles en termes d’aménagement des espaces verts urbains du Royaume. Parmi les remarques récurrentes, celle relative à l’omniprésence du gazon dont l’esthétique avantageuse cache souvent un besoin vorace en termes de consommation d’eau.
Abstraction faite des terrains dédiés à des sports dont le gazon est une composante incontournable, le choix de continuer d’aménager et d’entretenir du gazon sur des superficies urbaines importantes est aujourd’hui discutable. Bien qu’il existe plusieurs types de gazon dont les caractéristiques et besoins hydriques peuvent varier, il est admis que ces tapis végétalisés ont besoin d’une moyenne de 3500 litres d’eau par m²/an. Si le gazon est une option adaptée au climat de pays dont la pluviométrie est clémente, les impacts prévus et prédis des changements climatiques et le contexte hydrique actuel de notre pays imposent d’étudier d’autres options plus durables et plus raisonnables.
Pelouse, gazon et après ?
Avant d’évoquer l’alternative, il est d’abord nécessaire de souligner la différence entre gazon et pelouse. La pelouse désigne un terrain couvert d’une herbe serrée et de faible hauteur. Il s’agit d’une composition spontanée de plusieurs gaminées où vivotent tout un microcosme de biodiversité (champignons, insectes, fleurs…).
Le gazon est pour sa part une composition entretenue, le plus souvent homogène et très pauvre en biodiversité. S’il est possible d’aménager les espaces urbains de pelouses ou de prairies fleuries, le culte du gazon s’est imposé depuis plusieurs décennies (au niveau mondial) jusqu’à devenir l’option par défaut. C’est ainsi que notre pays, dont le climat est en constante aridification, continue à arborer et à entretenir des milliers de parcelles urbaines gazonnées où se déversent quotidiennement des volumes considérables d’eau recyclée mais également d’eau potable. Une réalité qui doucement transforme le gazon, pourtant si plaisant à fouler et à regarder, en énième gouffre pour des ressources hydriques précieuses et à utiliser avec beaucoup de parcimonie.
Peut-on faire mieux ?
Dans un précédent entretien, Abdelhadi Bennis, président du club environnement de l’association Ribat Al Fath pour le développement durable, nous déclarait que dans ce sillage qu’ «une économie importante de l’eau pourrait se faire grâce au recours à un arrosage automatique par aspersion, surtout si cela est fait la nuit pour éviter la déperdition de l’eau par évaporation». Pour prendre l’exemple de l’axe Casablanca-Rabat, l’essentiel de l’arrosage des espaces publics est programmé la nuit, mais il n’en demeure pas moins que la règle n’est pas tout le temps respectée par les opérateurs délégataires. Il en va de même pour les résidences privées, qui favorisent l’arrosage matinal. L’interdiction de l’arrosage des espaces verts pendant le jour est donc une décision salutaire qui devrait inspirer les autres villes du Royaume.
Encore plus salutaire serait la décision des villes et territoires urbains de revoir leurs choix en matière de paysagisme et d’aménagement des espaces verts, car, en définitive, un espace n’a pas forcément besoin d’être gazonné pour être vert.
3 questions à Mehdi Guadi : «Il faut privilégier des espèces locales résilientes, ombrageuses et peu hydrivores»
Délégué général de l’Alliance Marocaine des Collectivités Territoriales pour le Climat (AMCTC), Mehdi Guadi répond à nos questions sur l’intégration de la biodiversité en milieu urbain.
- L’aménagement et l’entretien d’espaces verts dans les territoires et zones urbains doivent-ils faire l’objet d’une nouvelle vision au vu de la raréfaction des ressources hydriques ?
- Dans le contexte actuel lié aux changements climatiques et à leurs impacts, la question des espaces naturels dans les zones urbaines prend une ampleur nouvelle. Ces espaces doivent contribuer autant à mitiger les impacts négatifs des phénomènes extrêmes (vagues de chaleur et inondations notamment) que permettre à la biodiversité urbaine de se maintenir et continuer à fournir ses services écosystémiques.L’enjeu actuel est, d’une part, de pouvoir sélectionner les choix paysagers et urbanistiques qui s’imposent en privilégiant des espèces locales résilientes, ombrageuses et peu hydrivores. D’autre part, la sanctuarisation des derniers « bouts de nature » qui perdurent dans les zones urbaines est également un autre impératif vital, surtout quand ces espaces sont des écosystèmes naturels et non-artificiels.
- L’ensemble de nos collectivités est-il pleinement engagé dans la biodiversité urbaine ?
Pour le moment, nous sommes plus dans les slogans et les vœux de bonne intention que dans de vraies politiques territoriales de préservation et d’intégration de la biodiversité. Le fait est que, malheureusement, la mise en place de politiques territoriales en faveur de la biodiversité nécessite actuellement des ressources qui dépassent les moyens des collectivités.
- Avez-vous mené des actions spécifiques pour une meilleure intégration des thématiques environnementales dans les préoccupations de vos membres ?
Oui, nous avons démarré il y a deux ans un plan de formation et d’accompagnement des collectivités-membres ou partenaires de notre réseau pour intégrer le climat au cœur de leurs politiques. La biodiversité est un axe majeur de ce travail de mobilisation et nous travaillons à construire des projets de coopération décentralisée avec nos partenaires européens pour de nouveaux projets axés sur la biodiversité.
Aménagement : Vers des jardins sans arrosage
Les pelouses alternatives se profilent aussi comme une bonne alternative puisqu’elles peuvent économiser jusqu'à 80% de l'eau utilisée pour l'irrigation, sans que cela n'altère la qualité esthétique de l’espace vert. Les variétés de gazon alternatives, telles que la Frankenialaevis par exemple, développent un système racinaire suffisamment robuste pour pénétrer sous la couche superficielle du sol (celle que le soleil dessèche très facilement, notamment dans les mois les plus chauds).
Des irrigations abondantes mais peu fréquentes suffiront donc à garantir que l’eau pénètre en profondeur et reste longtemps à la disposition des racines. Les pelouses alternatives stables (plantées depuis plus d'un an) se portent très bien avec 1 ou 2 irrigations d'urgence tout au long de l'année. Les arbres sont un atout non négligeable pour limiter la facture hydrique des espaces verts, du fait qu’ils limitent l’évaporation de l’eau du sol, en créant des zones d’ombre, et protègent du vent qui dessèche le sol. Mais vu le contexte hydrique actuel, il est également possible de supprimer les zones engazonnées pour les remplacer par un jardin sec sur paillage minéral ou végétal.
Des irrigations abondantes mais peu fréquentes suffiront donc à garantir que l’eau pénètre en profondeur et reste longtemps à la disposition des racines. Les pelouses alternatives stables (plantées depuis plus d'un an) se portent très bien avec 1 ou 2 irrigations d'urgence tout au long de l'année. Les arbres sont un atout non négligeable pour limiter la facture hydrique des espaces verts, du fait qu’ils limitent l’évaporation de l’eau du sol, en créant des zones d’ombre, et protègent du vent qui dessèche le sol. Mais vu le contexte hydrique actuel, il est également possible de supprimer les zones engazonnées pour les remplacer par un jardin sec sur paillage minéral ou végétal.
Bon à savoir : Faire mieux même avec du gazon !
À défaut de bannir le gazon et d’opter pour un autre type de végétation basse, il existe quelques recommandations qui permettent d’optimiser le rendement écologique du gazon. Les spécialistes conseillent d’abord de choisir une variété de gazon adaptée au sol et à la pluviométrie afin de rationaliser les efforts à fournir en termes d’entretien.
L’arrosage doit se faire au crépuscule afin de permettre une infiltration maximale et éviter ainsi la déperdition importante de l’eau causée pendant le jour par l’évaporation. Il existe à cet égard plusieurs solutions techniques d’arrosage qui permettent de bien répartir et d’optimiser l’utilisation des ressources hydriques.
Enfin, il est recommandé de résister à la tentation de tondre régulièrement le gazon afin de permettre le développement d’herbes suffisamment hautes. Eviter de tondre le gazon à ras permet par ailleurs de maintenir le sol aéré et de favoriser la multiplication de la macro-biodiversité qui fait partie d’une chaîne alimentaire plus large.
L’arrosage doit se faire au crépuscule afin de permettre une infiltration maximale et éviter ainsi la déperdition importante de l’eau causée pendant le jour par l’évaporation. Il existe à cet égard plusieurs solutions techniques d’arrosage qui permettent de bien répartir et d’optimiser l’utilisation des ressources hydriques.
Enfin, il est recommandé de résister à la tentation de tondre régulièrement le gazon afin de permettre le développement d’herbes suffisamment hautes. Eviter de tondre le gazon à ras permet par ailleurs de maintenir le sol aéré et de favoriser la multiplication de la macro-biodiversité qui fait partie d’une chaîne alimentaire plus large.