Dans l’exquise salle de réception de sa résidence, devant une foule de convives endimanchés, l’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, célèbre allègrement la première édition du Forum Marocain des Industries Culturelles et Créatives.
Ce forum revêt une importance si particulière pour la mission diplomatique française et en particulier pour l’ambassadeur qui s’y investit personnellement en soutien à ses organisateurs au moment où la France parie plus que jamais sur la culture comme un vecteur de rapprochement et de communion avec le Maroc. Une façon de redorer l’image de Paris au moment où la crise politique complique le dialogue au niveau diplomatique. Donc la culture est une sorte de défouloir.
Organisé du 7 au 10 décembre, le forum a rassemblé des professionnels de la culture, des associations, des étudiants et des entrepreneurs et les friands des industries culturelles et créatives pour leur offrir un espace d’échange et de dialogue.
L’enjeu est de contribuer à promouvoir l’économie de la Culture, qui n’est pas assez développée au Royaume, d’autant plus que le secteur est jugé rayonnant avec des perspectives prometteuses. On estime que d’ici 2030, si on y investit assez généreusement, on peut le pousser à contribuer à 1% du PIB national.
Le temps est jugé opportun pour se lancer au défi dès maintenant, en commençant par fédérer les acteurs concernés pour stimuler le désir des investisseurs à se lancer dans l'industrie culturelle. Le champ est si large qu’il comprend de nombreuses disciplines, à savoir le gaming, l’édition, le design, le 7ème art, le spectacle vivant, les arts numériques, nous explique Agnès Humruzian, Directrice de l’Institut français, ajoutant que ce programme a pour vocation de tirer profit de la vitalité de scène marocaine en fédérant l’ensemble des acteurs concernés du milieu culturel autour des sujets communs à travers des rencontres et des tables rondes interactives. L’enjeu est de développer un modèle économique pour les industries culturelles au Maroc et d’accompagner les acteurs locaux pour trouver des financements, et de leur fournir des formations en matière de droits d’auteur et de propriété intellectuelle, rappelle notre interlocutrice, soulignant que c’est une occasion pour le secteur marocain des industries culturelles et créatives d’interagir avec les écosystèmes européens.
L’Institut français contribue à ce forum à l’instar d’autres programmes de soutien à la créativité tels que celui dédié à la production audiovisuelle dont a bénéficié le film “La mère de tous les mensonges”, qui a remporté l’étoile d’or au festival de film à Marrakech.
Connue pour son modèle d’économie culturelle avancé, la France trouve dans ce forum une bonne opportunité pour partager son savoir-faire avec le Maroc qui cherche actuellement à monter en gamme à l’image de la French Touch. Il s’agit là d’un secteur à fort potentiel de coopération, nous explique l'ambassadeur Lecourtier qui dans le verbe qui caractérise sa parole, définit ce genre de programme comme une façon d’arroser les graines dans le champ d’un secteur naissant pour y pousser une véritable forêt d’industrie culturelle et créative. “C’est le but de la manœuvre”, reprend l'ambassadeur, rappelant que son pays s’emploie à faire de la culture un champ d’investissement aussi fructueux que le reste des secteurs où la France investit massivement au Maroc.
Christophe Lecourtier insiste sur l’importance des industries culturelles où il faut soutenir les talents marocains pour en faire des futurs entrepreneurs dans la culture et la création.
Désormais, le soutien aux industries culturelles et créatives au Maroc est érigé en priorité par l’ambassade. L'Institut français y consacre annuellement près de 2 millions d’euros, selon Agnès Humruzian.