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International

Soudan: La guerre aggrave une situation humanitaire de plus en plus catastrophique


Rédigé par L'Opinion Mardi 2 Mai 2023

La situation au Soudan est de plus en plus inquiétante alors que les combats acharnés se poursuivaient mardi avec rage au Soudan entre l'armée et les paramilitaires, faisant fi d’une trêve qui n’en a que le nom.



"On entend des coups de feu, des avions de guerre et des tirs antiaériens", rapporte à l'AFP un habitant de Khartoum, la capitale en proie au chaos depuis le 15 avril, jour où les combats ont commencé entre Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'Etat et de l'armée, et son numéro deux, Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Les violents affrontements à Khartoum et dans d'autres régions, en particulier au Darfour, ont fait plus de 500 morts et dix fois plus de blessés, selon des bilans largement sous-évalués. Dimanche, une nouvelle trêve quasiment jamais respectée a été renouvelée pour 72 heures.

Les étrangers continuent de quitter le pays et les Soudanais de fuir par dizaines milliers. L'ONU s'attend à "plus de 800.000 personnes" cherchant refuge dans les pays voisins comme l'Egypte, le Tchad, l'Ethiopie et la Centrafrique. Ceux qui restent sont confrontés à des pénuries d'eau, d'électricité et de nourriture, alors que la température à Khartoum dépassent les 40 degrés Celsius.

Le conflit transforme le drame humanitaire déjà existant en "véritable catastrophe", a alerté Abdou Dieng, coordinateur de l'aide humanitaire au Soudan, lors d'une réunion lundi à l'ONU.
 
Blinken réitère  le soutien aux efforts diplomatiques
 
Pour le président kenyan aussi, la crise atteint un "niveau catastrophique". Et les deux hommes en guerre refusent "d'entendre les appels" de la communauté internationale, a regretté William Ruto, appelant à acheminer l'aide humanitaire "avec ou sans cessez-le-feu".
Les généraux Burhanne et Daglo avaient fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, lors du putsch de 2021. Mais des divergences sont ensuite apparues et le conflit entre les deux s'est intensifié quand ils ne sont pas parvenus à s'entendre sur l'intégration des FSR dans l'armée régulière, avant de se transformer en lutte armée.

Dans un appel au président kenyan, le secrétaire d'Etat, Antony Blinken, a "réitéré le soutien des Etats-Unis" aux efforts diplomatiques pour "mettre fin au conflit" et assurer "un accès humanitaire sans entrave".

Le responsable de l'ONU pour les affaires humanitaires, Martin Griffiths, s'est rendu lundi à Nairobi pour une mission d'urgence. La situation "depuis le 15 avril est catastrophique", a-t-il tweeté.

D'autant que les violences et les pillages n'ont épargné ni les hôpitaux ni les organisations humanitaires, dont beaucoup ont dû suspendre une grande partie de leurs activités. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) craint elle aussi une "catastrophe" pour le système de santé, déjà très fragiles avant la guerre au Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde et sous embargo international pendant deux décennies. Seuls 16% des établissements de santé fonctionnent véritablement à Khartoum, mais, même là, le matériel et le personnel, épuisé, viennent à manquer.
 
Une assistance au compte-goutte
 
L'aide parvient toutefois au compte-goutte: six conteneurs de matériel médical de l'OMS sont arrivés, notamment pour traiter les blessés graves et les patients souffrant de malnutrition aiguë. Du carburant, de plus en plus rare, a été distribué à certains hôpitaux qui dépendent de générateurs.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a aussi commencé à reprendre ses activités, après une suspension temporaire justifiée par la mort de trois employés.

Au-delà de Khartoum, le chaos a emporté le Darfour-Ouest, où même les civils participent désormais aux violences, selon l'ONU, évoquant une centaine de morts depuis la semaine dernière, lorsque les combats ont débuté dans cette région déjà marquée par une sanglante guerre civile dans les années 2000.

"Le système de santé s'est complètement effondré à El-Geneina", chef-lieu du Darfour-Ouest, s'inquiète le syndicat des médecins, ajoutant que le pillage des dispensaires et des camps de déplacés ont provoqué des "évacuations d'urgence" des équipes humanitaires. Au total, plus de 330.000 personnes ont été déplacées à travers le pays, dont plus de 70% au Darfour-Ouest et du Darfour-Sud, selon l'Organisation internationale pour les migrations.

 

L'ONU s'efforce de maintenir les opérations humanitaires

Le coordonnateur des secours d'urgence des Nations unies et ses partenaires font de leur mieux pour relancer la réponse humanitaire face à la crise catastrophique qui sévit au Soudan, a déclaré lundi un porte-parole de l'ONU.

Stéphane Dujarric, porte-parole en chef du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, a indiqué que le secrétaire général avait envoyé le secrétaire général adjoint et coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU Martin Griffiths dans la région afin de "chercher une manière d'apporter une aide immédiate aux millions de personnes dont la vie a été bouleversé par les combats en cours au Soudan". Mais la situation est plutôt instable et on ne peut prédire ce qui va se passer.

L'une des premières étapes de la relance des opérations humanitaires a été la reprise des activités du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies au Soudan. Le porte-parole de Guterres a rappelé que les opérations du Programme alimentaire avaient été suspendues lorsque trois employés du PAM avaient été tués le 15 avril, le jour où les deux factions ont commencé à se battre. "Là où la situation sécuritaire le permet - y compris dans l'Est du Soudan - nos partenaires poursuivent leurs opérations, principalement dans les domaines de la santé et de la nutrition", a indiqué le porte-parole.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), après consultation avec les gouvernements concernés et les partenaires humanitaires, a quant à lui estimé que plus de 800.000 personnes pourraient fuir les combats au Soudan et se réfugier dans les pays voisins. "Sans une résolution rapide de la crise, nous continuerons à voir davantage de personnes fuir le Soudan en quête de sécurité et d'aide humanitaire", a ajouté Dujarric.








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