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International

Soudan: Début des évacuations des ressortissants étrangers


Rédigé par L'Opinion Lundi 24 Avril 2023

Plusieurs pays ont débuté les opérations de rapatriement de leurs ressortissants du Soudan où la guerre entre armée et paramilitaires fait rage depuis plus d'une semaine. L’OMS fait état d’un bilan des violences de plus de 420 morts et 3.700 blessés.



Le président américain Joe Biden a annoncé samedi soir tard que l'armée avait "mené une opération pour extraire le personnel du gouvernement américain de Khartoum".
Quelque 100 soldats des opérations spéciales américaines ont participé à l'évacuation d'un "peu moins d'une centaine" de personnes, dont plusieurs diplomates étrangers, au moyen d'une opération héliportée, selon le département d'Etat. Une évacuation des autres ressortissants américains, qui seraient plusieurs centaines, n'est pas prévue "pour le moment".

L'Union européenne multiplie les contacts pour évacuer par voie terrestre ses quelque 1.500 ressortissants, a annoncé vendredi à l'AFP un responsable européen.
L'UE a une délégation à Khartoum et sept pays - France, Allemagne, Italie, Espagne, Pays-Bas, Grèce et République tchèque - ont des représentations dans la capitale soudanaise.
La France a annoncé dimanche avoir commencé une "opération d'évacuation rapide" de ses ressortissants et de son personnel diplomatique. Des ressortissants européens et venant de "pays partenaires alliés" sont également pris en charge.

L'Italie a lancé dimanche une opération pour évacuer ses ressortissants, mais aussi des Suisses et des membres de l'ambassade du Saint-Siège. "Au total, nos soldats prendront en charge environ 200 personnes", selon le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani.
 
Une "opération très complexe"
 
Une "poignée" de ressortissants néerlandais a été évacuée à bord d'un avion français, tandis qu'un autre groupe de Néerlandais a quitté Khartoum par la route dans un convoi de l'ONU, a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra qui espère l'évacuation d'un autre groupe à bord d'un avion néerlandais plus tard dans la journée. Le ministre a fait état d'une "opération très complexe".

Le ministère allemand de la Défense a annoncé dimanche avoir commencé l'évacuation de des ressortissants allemands après l'échec, selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, d'une première tentative mercredi.

La Grèce a annoncé avoir évacué dimanche un premier groupe de ses ressortissants, dont deux blessés, vers Djibouti, "avec l'assistance de la France".
La Suède a envoyé environ 150 soldats pour évacuer ses diplomates et ressortissants du Soudan, selon son ministère de la Défense, tandis que la Norvège a elle annoncé l'évacuation de ses diplomates à Khartoum.
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a lui aussi annoncé l'évacuation du personnel diplomatique du Royaume-Uni et de leurs familles.

"Les forces armées britanniques ont procédé à une évacuation complexe et rapide dans un contexte d'escalade de la violence et de menaces à l'encontre du personnel de l'ambassade", a tweeté Sunak.
L'Irlande a indiqué de son côté avoir entamé le "processus d'évacuation" de ses ressortissants et les personnes à leur charge.
 
Plusieurs ressortissants arabes évacués
 
L'Arabie saoudite a évacué samedi 91 Saoudiens ainsi qu'une soixantaine de ressortissants de 12 autres pays.
La Jordanie a déclaré samedi avoir commencé l'évacuation d'environ 300 de ses ressortissants.
L'Irak a pour sa part annoncé dimanche l'évacuation de 14 Irakiens de Khartoum "vers un site sécurisé de Port Soudan", assurant que les efforts se poursuivent pour évacuer ceux qui restent.

La veille, Bagdad avait annoncé que "l'équipe diplomatique irakienne avait été évacuée" de l'ambassade.
Le Liban a déclaré que 60 de ses ressortissants avaient également quitté Khartoum par la route et qu'ils étaient "en sécurité".

L'ambassade de Tunisie à Khartoum a annoncé dimanche que l'opération d'évacuation des membres de la communauté tunisienne au Soudan commencera lundi. Pays voisin du Soudan, la Libye a annoncé par la voie de son ambassade à Khartoum l'évacuation de 83 Libyens de la capitale vers Port-Soudan.

D'autres pays se préparent à évacuer leurs ressortissants, notamment la Corée du Sud et le Japon, en déployant des forces dans des pays voisins.


 

​La guerre de l’information fait aussi rage

Au Soudan, deux généraux rivaux ont transformé les rues en champ de bataille et les réseaux sociaux en arène pour leur guerre de l'information. Mais dans ce domaine au moins, ils ne se battent pas à armes égales.

Le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane et son rival Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", à la tête des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), "inondent les médias de fausses informations", affirme Raghdan Orsud, co-fondatrice de Beam Reports, qui enquête sur la désinformation au Soudan.

Depuis le 15 avril, début des hostilités, les habitants, barricadés chez eux par peur des balles perdues, s'informent sur internet.
Deux jours après, ils ont découvert avec surprise les communiqués dans un anglais châtié du général Daglo puis des FSR.

Sur Facebook et Twitter, les FSR comme leur chef prétendent combattre "pour la démocratie" contre "les islamistes radicaux".
Sûrement la preuve que les FSR "bénéficient des services d'experts en image et en communication en ligne", confie à l'AFP un spécialiste de la région, sous couvert d'anonymat.
Dans la guerre de l'information, les paramilitaires "distancent" l'armée et ses "vieilles tactiques", explique Mohamed Suliman, de l'Université de Boston.

Sur des comptes non vérifiés, à peine actifs avant la guerre, le général Burhane et l'armée déversent leur propagande trompeuse, comme l'a révélé le service fact-checking de l'AFP.
Frappes aériennes sur les FSR, montagnes de billet trouvées chez Hemedti et combats à l'avantage de l'armée: toutes ces vidéos se sont révélées tournées au Yémen et en Libye et, dans un cas... extraite d'un jeu vidéo.

Mercredi, les FSR ont accusé l'armée d'avoir piraté leur site officiel, hébergé sur un domaine gouvernemental et inaccessible depuis.
Le lendemain, les paramilitaires et le général Burhane perdaient comme tout le monde leur coche bleue gratuite sur Twitter --jusqu'alors réservée aux personnalités reconnues, brouillant un peu plus les pistes.

Vendredi, un compte se réclamant des FSR, avec une faute d'orthographe dans le nom, achetait le précieux badge et postait un message annonçant... la mort de Hemedti!
Selon Beam Reports, l'armée utilise également des faux comptes. Mais les FSR ont l'avantage d'avoir "déjà fait cela auparavant", affirme à l'AFP Tessa Knight, du DFRLab.

Beam Reports dénonce "une campagne systématique pour lisser l'image des paramilitaires" entamée en 2019 sur Facebook, dans la foulée de l'éviction du dictateur Omar el-Béchir.
Mais qu'elle émane de l'armée ou des paramilitaires, "aucune campagne de désinformation n'est trop sophistiquée pour être impossible à contrer", estime Mme Orsud.
La preuve? Les internautes soudanais ont pris en main la diffusion des informations. En temps réel, ils signalent les routes qui s'ouvrent pour aider les civils à fuir.








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