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Santé menstruelle: Plaidoyer en faveur des femmes refugiées


Rédigé par Mina Elkhodari Dimanche 10 Mars 2024

Une campagne de sensibilisation et d’information sur l’hygiène menstruelle a été lancée, du 7 au 15 mars, au profit des femmes réfugiées au Maroc. Cette action, initiée par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés à l’occasion de la Journée internationale des Droits des Femmes, vise à sensibiliser sur l’importance de faciliter l’accès des femmes aux produits d’hygiène.



Dans un effort collectif visant à lutter contre la précarité menstruelle, particulièrement parmi les femmes réfugiées au Maroc, l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés au Maroc (UNHCR), en partenariat avec Politics4Her, l’Association Marocaine de Planification Familiale (AMPF), et la Fondation Orient-Occident (FOO), a lancé une campagne de sensibilisation et d’information sur l’hygiène menstruelle. Cette campagne, Initiée sous le thème : « #LaVieEstUnCycle », se déroule du 7 au 15 mars.

A travers cette action, la société civile cherche à briser le silence sur les difficultés d’accès des femmes réfugiées aux produits d’hygiène menstruelle et réclame, par la même occasion, un accès équitable de cette population à des installations sûres et propres dans le respect de leur dignité.

Tabous VS difficultés économiques

Cette initiative intervient dans un contexte où « les femmes réfugiées au Maroc n’ont pas accès aux produits hygiéniques qui répondent à leurs besoins. Elles ont tendance à stigmatiser ce sujet et en avoir honte au point qu’elles n’osent pas en parler ni entre femmes ni entre conjoints », fait observer Nadia Tari, directrice générale de la Fondation Orient-Occident.

Outre cela, la situation instable de cette catégorie de la population et ses conditions économiques difficiles les empêchent d’acquérir les serviettes hygiéniques classiques, encore plus les nouvelles culottes menstruelles, considérées comme une véritable révolution dans la lingerie périodique.

Ces femmes finissent par ignorer leur santé menstruelle, ce qui est susceptible de donner naissance à des risques sanitaires significatifs dus à une gestion inadéquate de l'hygiène menstruelle. Pis encore, cela peut également mener à des taux plus élevés d'abandon scolaire parmi les filles en âge de scolarisation.

Ces femmes se trouvent, ainsi, dans une situation de précarité menstruelle, un phénomène des plus inquiétants comptes tenu de son impact négatif sur la santé physique, mentale et émotionnelle de la femme.

L’action menée par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés s’articule sur l’organisation des ateliers de sensibilisation dans diverses villes du Royaume. Ces ateliers encadrés par des médecins et spécialistes de santé seront, par la suite, appuyés par une campagne de communication digitale conjointe incluant des témoignages et des retours d’expériences de réfugiées et de plusieurs acteurs clefs.

 « A travers cette actions, nous cherchons à en finir avec la stigmatisation et les tabous autour de la santé menstruelle, mais surtout d’informer et de sensibiliser les femmes sur leur santé menstruelle, et sur les dangers de négligence de ce sujet », a souligné Ghita Snoussi Amour, responsable Genre au sein de l’agence des nations unies pour les réfugiés, mettant en lumière les difficultés d’accès des femmes, notamment les femmes réfugiées aux serviettes hygiéniques durables.

Dans le cadre de cette action, des boîtes à outils informatives développées par Politics4Her seront mises à disposition des femmes réfugiées, ainsi que des kits d’hygiène contenant des culottes menstruelles réutilisables. L’idée étant de faciliter l’accès des femmes à ces produits de première nécessité.

Une action nationale

D’ailleurs, l’action de l’UNHCR s’ajoute à plusieurs autres menées, chaque année, par les organisations de la société civile, notamment à l’occasion de la Journée internationale des droits de la femme. Cependant, l’impact de ces initiatives reste restreint en termes de zones touchées ou de femmes approchées. Raison pour laquelle Ghita Senoussi appelle à une action nationale dans ce sens avec la participation des départements ministériels concernés. Cette action à grande échelle devrait s’articuler, d’après notre interlocutrice sur la sensibilisation des femmes concernant leur santé menstruelle et la distribution des moyens d’hygiène qui répondent à leurs besoins.

Outre cela, la société civile appelle à faciliter l’accès des femmes, notamment les femmes réfugiées et les femmes rurales, aux culottes menstruelles. L’idée étant de permettre à cette catégorie de faire des économies sur leurs dépenses pour l’achat des protections hygiéniques de manière périodique.

Trois questions à Ghita Snoussi Amouri
 
« Il faut une action nationale pour garantir l’accès gratuit des femmes réfugiées aux produits menstruels »

Responsable Genre au sein de l’agence des nations unies pour les réfugiés, Ghita Snoussi Amouri a répondu à nos questions sur l’accès des femmes réfugiées à la santé menstruelle.
 
  • Comment qualifiez-vous l’accès des femmes réfugiées aux produits menstruels ?
 
L’accès des femmes réfugiées aux produits d’hygiène reste très limité et je dirai même absent. Les personnes qui vivent dans des camps de réfugiés n’ont pas les moindres moyens pour se protéger.
 
Plusieurs facteurs sont derrière cette réalité alarmante, notamment ceux d’ordre culturel. La santé menstruelle est un sujet tabou dont on parle  rarement, entre femmes ou même entre conjoints. Tout comme les femmes rurales au Maroc, les réfugiées ne sont pas suffisamment conscientes de l’importance de ce sujet.

Lorsqu’on parle de femmes réfugiées, on parle nécessairement de femmes instables qui cherchent à gagner en stabilité. Leur situation sociale et économique complique de manière conséquente leur accès continu aux produits nécessaires, notamment les culottes hygiéniques durables.
 
  • En quoi la pauvreté menstruelle est une violence contre les femmes ?
 
Je considère effectivement que la pauvreté menstruelle est une forme contre les femmes en situation de déplacement forcé. En excluant ces femmes réfugiées de l’accès aux produits d’hygiène, la société les prive d’un droit fondamental relatif à leur santé.
 
Notre rôle s’articule dans le fait à renforcer la communication dans ce sens et de mobiliser les spécialistes en santé menstruelle et en santé mentale pour bannir les stéréotypes entourant ce sujet. L’idée étant de sensibiliser les femmes de leurs besoins et contraintes.

 
  • Plusieurs pays s'engagent à mettre à disposition des protections hygiéniques gratuites. Encouragez-vous le déploiement d’une telle action au Maroc ?
 
Plusieurs initiatives, menées par des organisations de la société civile, ont été lancées ces dernières années pour la distribution des produits d’hygiène menstruelle. Cependant, l’impact de ces initiatives reste très restreint en termes de zones touchées ou de femmes approchées. Raison pour laquelle nous prônons une action nationale dans ce sens. Cette action à grande échelle devrait s’articuler sur la sensibilisation des femmes concernant leur santé menstruelle et la distribution des moyens d’hygiène adéquats.

De plus, il est nécessaire de faciliter l’accès gratuit des femmes réfugiées aux culottes hygiéniques durables, de manière à respecter leur dignité. Simple d’utilisation, lavable et réutilisable, ce nouveau produit est destiné à protéger les femmes jusqu’à 12h avec une durée de vie entre 3 à 5 ans, facilitant ainsi la vie aux femmes en situation difficile.
   








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