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Sahara : l’Algérie cherche-t-elle à dresser la Tunisie contre le Maroc ? ( Avis d’experts)


Rédigé par Anass Machloukh Lundi 11 Juillet 2022

Durant ces derniers mois, l’Algérie et la Tunisie ont manifesté un rapprochement sans précédent, aux allures d’une nouvelle alliance dressée contre le Maroc. Des experts livrent leurs analyses. Détails.




Depuis des mois, l’Algérie et la Tunisie n’ont eu de cesse d’afficher un rapprochement palpable. Un rapprochement qui s’est manifesté ostensiblement lors de la cérémonie de célébration du soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, auquel le Président tunisien, Kais Saïed, a été convié. Il n’a pas échappé aux observateurs que ce dernier a été assis à la tribune à côté du Chef du Front Polisario, Brahim Ghali. Un geste symbolique qui ne saurait être fortuit et semble préparé par les dirigeants d’Alger. Comme tout est politique chez le voisin de l'Est dès qu’il s’agit de la question du Sahara, nombreux sont ceux qui sont induits à penser qu’Alger veuille obtenir le soutien de Tunis dans le dossier du Sahara et à la faire sortir de sa tradition de neutralité. Cette hypothèse serait d’autant plus réaliste que le gouvernement du président Kais Saïd a d’ores et déjà manifesté des signes d’alignement sur la position algérienne en s’abstenant de voter pour ou contre la résolution 2602 du Conseil de Sécurité, qui a été clairement en faveur du Maroc. Tunis est-elle prédisposée à sacrifier ses relations avec le Maroc pour complaire au régime algérien ? Nous avons posé la question à l’ex-Ambassadeur du Royaume dans plusieurs pays, Mohammed Maelainin, fin connaisseur du dossier du Sahara. Selon lui, ce pays, le plus oriental des peuples du Maghreb, demeure un “pays frère”. “ Rien ne peut altérer les relations maroco-tunisiennes, même les manigances de l’Algérie”, estime le diplomate, rappelant que le rapprochement ostensible entre Alger et Tunis n’est que conjoncturel vu la crise politico-sociale que traverse la Tunisie.
 
M. Maelainin juge qu’il faut garder à l’esprit que la Tunisie fait face à la menace sécuritaire aux frontières avec la Libye, sachant que ses délimitations géographiques avec l'Algérie connaissent des infiltrations de terroristes qui causent autant d'effroi que d'ennuis. “À cela s’ajoute la situation politico-sociale inextricable”, poursuit l’ex-Ambassadeur, soulignant la pression exercée sur le régime tunisien par l’Algérie qui semble se prévaloir de sa fragilité politique.
 
 “Nous ne pouvons appréhender ce rapprochement sans tenir compte de la pression que subissent les Tunisiens de la part de l’Algérie qui exerce le chantage par le gaz et la manne touristique”, explique-t-il, notant que l’Algérie fournit environ 30% des revenus touristiques.
 
En ce qui concerne l’attitude que prendrait le régime vis-à-vis du Maroc, il est encore tôt pour tirer des conclusions, étant donné la crise institutionnelle que traverse la Tunisie. Le président Kais Saïed, rappelons-le, avait dissout toutes les institutions en s’emparant des pleins pouvoirs. Ceci a conduit à un bras de fer avec la classe politique, alors qu'un nouveau projet de constitution est en cours d’élaboration. Sur ces entrefaites, cette crise politique fait que ce pays a besoin d’alliés et de stabiliser ses relations avec le voisinage, d’où ce rapprochement avec l’Algérie. “Attendons la fin de l'imbroglio politique interne en Tunisie pour prendre acte de la conduite du gouvernement qui en sortirait ”, conclut M. Maelainin.
 
De son côté, Zakaria Aboudahhab, Professeur à l’Université Mohammed V à Rabat et expert en relations internationales, trouve que l’attitude tunisienne est due à sa situation politique et économique précaire. “En effet, l’abstention de la Tunisie de voter pour la Résolution 2602 n’a pas manqué de surprendre le Maroc d’autant plus qu’elle a été perçue comme un soutien à l’Algérie. La visite du président algérien à Tunis et le don généreux de 300 millions de dollars américains ont alimenté les doutes sur un potentiel rapprochement”, affirme l’expert, qualifiant le revirement de la Tunisie dans le dossier du Sahara comme “une fuite en avant”.
 
Rappelons que l’Algérie tente de ranger la Tunisie à ses côtés, en usant de tous les moyens. Le président algérien, Abdelmajid Tebboune, avait accordé un don de 300 millions d’euros à Tunis lors de sa dernière visite diplomatique chez son voisin de l'Est.








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