C’est un « cadeau fiscal » qui fait polémique. A l’heure où le gouvernement promet une baisse des dépenses fiscales dans son Projet de Loi des Finances 2024, la réduction de 40 à 30% du taux de douane sur les importations des franchises des grandes marques et autres enseignes dans les centres commerciaux sonne comme une contradiction. Et bien évidemment, le débat n’a pas tardé à enfler sur la place publique, surtout que d’aucuns ne manquent pas d’y voir du népotisme de la part du Chef du gouvernement. Une décision qui sera, à coup sûr, très discutée au Parlement, où le PLF est en examen au niveau des différentes Commissions. « Ce n’est pourtant pas un cadeau pour le groupe Aksal, ni pour les grandes enseignes. La vérité est que nous vivons une crise depuis 2020 et l’Etat ne fait que se rattraper et éviter une banqueroute de la plupart des opérateurs de notre secteur », répond pour sa part un important acteur parmi les enseignes les plus connues dans le pays.
Fermetures
Contrairement au bling-bling affiché et aux efforts de maintenir une apparente forme, les enseignes et franchises des grandes marques disent souffrir en silence. « Cela fait 4 ans que nous accumulons les pertes. De nombreuses enseignes ferment et menacent de quitter le pays. Ce qui entraîne des pertes d’emplois et des recettes en moins pour l’Etat. Si les enseignes meurent, il n’y aura plus de centres commerciaux et c’est l’image du pays qui en prend un sérieux coup », poursuit notre interlocuteur, qui a requis l’anonymat. Un argument qui nécessitera certainement d’être bien expliqué, sachant que la réforme de la TVA proposée dans le PLF 2024 instaure une hausse progressive de 7 à 10% et de 10 à 20% selon certains produits. Ce qui se répercutera par une hausse des factures d’eau, d’électricité et d’assainissement l’année prochaine, si les députés donnent leur accord.
Hausse en deux temps
Les entreprises et franchises des grandes marques rappellent, pour leur part, que depuis 2012, les droits de douane étaient de 25%. Sauf qu’à partir de 2020, ils ont connu deux hausses successives, d’abord à 30%, puis à 40%. « C’était un coup de massue dans un contexte de Covid-19. Et pourtant, le gouvernement n’avait pas vu les choses de la même façon à l’époque, décidant de taxer davantage ces activités. Aujourd’hui, la décision de diminuer la pression fiscale est justifiée, selon le département de l’Economie et des Finances, par « la fin de la crise sanitaire et de la tendance inflationniste, la reprise économique et le renchérissement du coût d’importation des produits finis de consommation ». En tout cas, elle tombe à pic selon les grandes enseignes, à l’heure où le Maroc s’apprête à organiser la CAN 2025 et le Mondial 2030.
Tourisme
Ces deux grands événements sont vus comme une opportunité de mettre en avant la modernité du Royaume et ses avancées économiques. « Et certainement notre activité servira de vitrine pour notre pays », poursuit la directrice d’une grande enseigne. C’est, in fine, soutenir l’attractivité du tourisme national que de maintenir en vie les franchises et boutiques opérant dans les centres commerciaux. Des espaces commerciaux qui s’adressent surtout à la classe moyenne marocaine, qui y trouve un moyen d’achats au profit de l’économie nationale au lieu d’aller dépenser à l’étranger, et de faire ainsi perdre des devises à l’économie nationale.
Fréquentation
Pour rappel, d’après une enquête du cabinet Sunergia, publiée en septembre 2020, 33% des Marocains fréquentent au moins une fois par semaine les Grandes et Moyennes Surfaces (GMS). Selon la même source, la majorité de nos concitoyens fréquentant les Grandes et Moyennes Surfaces font partie d’une catégorie socioprofessionnelle aisée (classe moyenne et plus) résidant dans le milieu urbain. En effet, 53% des Marocains touchant un salaire mensuel de plus de 20.000 DH sont ceux qui font leurs courses chez les GMS, alors que seulement 27% qui perçoivent un salaire de moins de 6000 DH y vont.
3 questions à Zakaria Firano « Cette réduction rime avec la charte de l’investissement mais concurrence le Made in Morocco »
Zakaria Firano, enseignant chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales de Rabat-Agdal de l'Université Mohammed V Rabat, cette réduction n’est ni totalement néfaste, ni entièrement bénéfique. Le spécialiste des questions financières, économiques et macro-financières appelle à des études d’impact.
Pour le professeur Zakaria Firano, enseignant chercheur à la Faculté des Sciences Juridiques, Économiques et Sociales de Rabat-Agdal de l'Université Mohammed V Rabat, cette réduction n’est ni totalement néfaste, ni entièrement bénéfique. Le spécialiste des questions financières, économiques et macro-financières appelle à des études d’impact.
Comment jugez-vous la réduction du taux douanier proposée dans le PLF en faveur des enseignes et franchises ?
Tout d’abord, il faut souligner que cela rime avec la stratégie de la charte de l’investissement. Parmi les objectifs de cette charte, un Maroc plus attractif pour les investisseurs étrangers. Car le potentiel de mobilisation du capital est plus important sur l’international par rapport aux capacités locales. Ensuite, cela contribue à l’équilibre de la balance de paiements. En plus de la contribution des MRE, les capitaux étrangers sont les bienvenus. Enfin, nous pouvons obtenir un plus grand transfert de technologie avec l’entrée au Maroc de ces grandes marques et ainsi inspirer l’industrie locale.
Mais cette réduction fait polémique et ne manque peut-être pas de désavantages ?
Effectivement, il faut souligner que réduire ce taux douanier en faveur des enseignes et marques internationales facilite leur entrée au Maroc. Par conséquent, c’est de la concurrence directe pour l’industrie nationale, notamment dans des secteurs qui doivent se relever, comme le textile par exemple. C’est une concurrence au « Made in Morocco » que nous voulons promouvoir. Surtout que les pays d’où ces produits proviennent ont souvent un avantage concurrentiel plus important par rapport au Maroc.
Selon vous, c’est quoi la solution du juste milieu ?
Au-delà de cette question, se pose celle, plus générale, de l’impact réel des réductions et exonérations fiscales dans notre économie. Est-ce que des études d’impact sont réellement menées et partagées avec l’opinion pour orienter la réflexion et ainsi sensibiliser davantage les citoyens sur ces enjeux ? Je crois que cela doit être la règle afin de permettre à l’ensemble des acteurs d’avoir plus de visibilité sur l’orientation de la politique budgétaire.
Comment jugez-vous la réduction du taux douanier proposée dans le PLF en faveur des enseignes et franchises ?
Tout d’abord, il faut souligner que cela rime avec la stratégie de la charte de l’investissement. Parmi les objectifs de cette charte, un Maroc plus attractif pour les investisseurs étrangers. Car le potentiel de mobilisation du capital est plus important sur l’international par rapport aux capacités locales. Ensuite, cela contribue à l’équilibre de la balance de paiements. En plus de la contribution des MRE, les capitaux étrangers sont les bienvenus. Enfin, nous pouvons obtenir un plus grand transfert de technologie avec l’entrée au Maroc de ces grandes marques et ainsi inspirer l’industrie locale.
Mais cette réduction fait polémique et ne manque peut-être pas de désavantages ?
Effectivement, il faut souligner que réduire ce taux douanier en faveur des enseignes et marques internationales facilite leur entrée au Maroc. Par conséquent, c’est de la concurrence directe pour l’industrie nationale, notamment dans des secteurs qui doivent se relever, comme le textile par exemple. C’est une concurrence au « Made in Morocco » que nous voulons promouvoir. Surtout que les pays d’où ces produits proviennent ont souvent un avantage concurrentiel plus important par rapport au Maroc.
Selon vous, c’est quoi la solution du juste milieu ?
Au-delà de cette question, se pose celle, plus générale, de l’impact réel des réductions et exonérations fiscales dans notre économie. Est-ce que des études d’impact sont réellement menées et partagées avec l’opinion pour orienter la réflexion et ainsi sensibiliser davantage les citoyens sur ces enjeux ? Je crois que cela doit être la règle afin de permettre à l’ensemble des acteurs d’avoir plus de visibilité sur l’orientation de la politique budgétaire.
Franchise : Sa pratique au Maroc
Dans une récente interview accordée à « L’Opinion », Abid Kabadi, Conseiller agréé en Propriété Industrielle, nous expliquait ce qu’est une franchise : « La franchise est une technique importée au Maroc qui permet au Franchisé de produire et/ou de distribuer des biens ou services par l’usage et l’exploitation du portefeuille de la propriété industrielle, du savoir-faire et de l’assistance technique du Franchiseur, en contrepartie du paiement d’un droit d’entrée et de redevances ».
Selon ce Juriste-Conseil d’Entreprises à Casablanca, il existe trois types de franchise : la Franchise industrielle ou de production, la Franchise de services et la Franchise de commerce ou de distribution. Toutefois, fait-il savoir, « le Contrat de Franchise est apparu au Maroc avec d’autres contrats ». Il s’agit des contrats de réseaux de distribution, notamment le contrat de concession commerciale ; le contrat de distribution exclusive ; le contrat de distribution agréée, ou encore le contrat de distribution sélective.
Selon ce Juriste-Conseil d’Entreprises à Casablanca, il existe trois types de franchise : la Franchise industrielle ou de production, la Franchise de services et la Franchise de commerce ou de distribution. Toutefois, fait-il savoir, « le Contrat de Franchise est apparu au Maroc avec d’autres contrats ». Il s’agit des contrats de réseaux de distribution, notamment le contrat de concession commerciale ; le contrat de distribution exclusive ; le contrat de distribution agréée, ou encore le contrat de distribution sélective.
Grandes Surfaces : Le regard des consommateurs
En 2022, le secteur de la distribution au Maroc est devenu le deuxième pourvoyeur d’emplois, contribuant à hauteur de 8% au PIB national. Selon les données officielles, 80% de la distribution sont assurés par le commerce traditionnel (marchés de gros, souks et détaillants), tandis que les 20% restants sont assurés par le commerce moderne (Grandes et Moyennes Surfaces, ainsi que l’e-commerce).
Cela dit, la perception des Marocains des Grandes Surfaces est souvent scrutée aussi bien par les professionnels du secteur que les associations consuméristes. Ainsi, et selon une étude réalisée par Sagaci Research, concernant le retail dans le Royaume et publié en mai dernier, la chaîne Marjane (Marjane Holding) est la marque préférée des Marocains, avec 62% des répondants qui l’ont citée en tête de liste. Avec près de 130 points de vente dans tout le pays, Marjane devance les autres marques de grande distribution avec 62% des voix. BIM arrive en deuxième position avec 39% des répondants favorables à la marque, suivie par Carrefour (Groupe Label’Vie) avec 30% des voix. Asswak Assalam, appartenant à Ynna Holding, obtient 18% des voix et Atacadao se place en cinquième position avec 15% des votes. Label’Vie obtient 8% des voix, tandis qu’Acima, qui arrive en dernière position, obtient 5% des voix.
En termes de pouvoir d’achat, Marjane est jugée satisfaisante pour toutes les bourses, suivie par BIM, Carrefour, Asswak Assalam et Atacadao. L’étude révèle également que la classe moyenne a une préférence pour les trois premières marques.
Cela dit, la perception des Marocains des Grandes Surfaces est souvent scrutée aussi bien par les professionnels du secteur que les associations consuméristes. Ainsi, et selon une étude réalisée par Sagaci Research, concernant le retail dans le Royaume et publié en mai dernier, la chaîne Marjane (Marjane Holding) est la marque préférée des Marocains, avec 62% des répondants qui l’ont citée en tête de liste. Avec près de 130 points de vente dans tout le pays, Marjane devance les autres marques de grande distribution avec 62% des voix. BIM arrive en deuxième position avec 39% des répondants favorables à la marque, suivie par Carrefour (Groupe Label’Vie) avec 30% des voix. Asswak Assalam, appartenant à Ynna Holding, obtient 18% des voix et Atacadao se place en cinquième position avec 15% des votes. Label’Vie obtient 8% des voix, tandis qu’Acima, qui arrive en dernière position, obtient 5% des voix.
En termes de pouvoir d’achat, Marjane est jugée satisfaisante pour toutes les bourses, suivie par BIM, Carrefour, Asswak Assalam et Atacadao. L’étude révèle également que la classe moyenne a une préférence pour les trois premières marques.