Dahomey, une plage au nom exotique située près de Bouznika, à l’abri du tumulte urbain, est connue pour son côté « rustique » et pour sa « tranquillité ». Ses paisibles cabanons, en bois ou en dur, affleurent sur la mer.
Ce lieu, loin des regards indiscrets, à équidistance de Rabat et Casablanca -environ 40 minutes de trajet-, est connu pour être un havre de paix. Il s’agit, d’ailleurs, d’un secret bien gardé qui éloigne les touristes envahissants pendant les périodes estivales.
Comme si l’histoire se répétait. Lors de l’hiver de l’année 2014, une lame de fond avait touché une partie des maisons de la première ligne, face à la mer, laissant plusieurs devantures éventrées. Principalement, celles qui n’étaient pas dotées d’une protection suffisante contre les affres maritimes (la plus efficace de ces protections étant l’amoncellement de sacs de sable).
Depuis, la plage est moins fréquentée par les surfeurs, ce notamment à cause de la modification des fonds marins due à la lame, qui ne garantissent plus les conditions idéales pour pratiquer le sport de glisse (vagues irrégulières). Mais elle reste une attraction « nature » et « authentique » pour les plagistes surtout pendant période allant de juin à août.
Aujourd’hui, cependant, ce n’est pas la nature qui menace les habitations, mais leur situation illégale qui a poussé les autorités locales, sur instruction du gouverneur de Benslimane, à lancer une vaste opération de démolition de toute construction ne répondant pas aux normes.
En effet, c’est en un jour gris et pluvieux, ce mardi 16 janvier, que l’opération de démolition a démarré. Après le passage des bulldozers, on peut apercevoir autour de 17h des gens hagards qui constatent l’étendue des dégâts, comme cette femme qui trône seule dans le salon de sa maison éventrée.
Selon un gardien de la partie nord de Dahomey, apparemment choqué et désorienté par la nouvelle, aucun habitant n’a été prévenu, et d’après lui, en principe, ces destructions viseraient principalement « les logements insalubres » dans le cadre d’une lutte désormais assumée.
Depuis longtemps, la plupart des propriétaires de cabanons le savent, à dater du jour de l’acquisition de leurs biens d’ailleurs : ces maisons sont construites dans une zone juridique floue, elles se trouvent à des emplacements appartenant au domaine maritime. À plusieurs reprises , ces propriétaires ont été prévenus et sommés de quitter les lieux, notamment à la faveur de la construction de projets touristiques dantesques, et ce, moyennant selon des témoignages recueillies par "L'Opinion", indemnisation. Toutefois, quelques propriétaires concernés par la décision de démolition, ont continué de jouir paisiblement de leurs maisons, notamment durant l’été.
Alors que ce deuxième jour de la semaine, des moyens conséquents ont été mobilisés pour détruire nombre d’habitations, de garages, de terrasses et de devantures. L’opération de démolition s'est poursuivie, ce mercredi 17 janvier. Il ne s’agirait donc plus d’une action isolée.
En réaction et de façon préventive, les habituels occupants ont fait tourner une missive sur Whatsapp afin d’arrêter les machines de démolition, invitant à former une ligne humaine destinée à protéger les habitations. Ce derniers ont réagi par un communiqué de presse où ils ont fait part de leur indignation, expliquant que l'opération de démolition a eu lieu sans préavis. Ils ont fait état "d'actes arbitraires".
