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International

Réformes de retraites : La rue ne décolère pas en France


Rédigé par L'Opinion Dimanche 19 Mars 2023

Les opposants à la réforme des retraites en France poursuivent leur mouvement de colère avec des rassemblements parfois émaillés d'incidents, avant une journée cruciale, lundi, pour le gouvernement qui affrontera deux motions de censure au Parlement.



La crainte d'une radicalisation de la contestation a conduit les autorités à interdire samedi tout rassemblement sur la grande place parisienne de la Concorde, proche de l'Assemblée nationale et du palais présidentiel de l'Elysée. Des milliers de personnes s'y étaient réunies et des heurts avaient éclaté jeudi et vendredi en soirée.
Les manifestants parisiens, quelque 4.000 selon une source policière, se sont repliés sur la place d'Italie, dans le sud de la capitale, où ils ont de nouveau clamé samedi leur refus du passage de 62 à 64 ans de l'âge de départ à la retraite, pierre angulaire de la réforme très impopulaire, voulue par le président Emmanuel Macron.
"Je suis assise devant l'ordinateur toute la journée, j'ai mal aux yeux, mal à la tête, j'ai déjà fait deux phlébites", a raconté une manifestante de 55 ans.

Feux de poubelles, abris-bus saccagés, barricades improvisées... Face aux casseurs, les organisateurs ont décidé assez vite la dissolution de la manifestation. Selon une source policière, 81 personnes ont été interpellées et le calme est revenu vers 22H30 (21H30 GMT).
A Lyon (centre-est), 15 personnes ont été interpellées après des incidents causés par "des groupes d'individus violents", selon la préfecture.
 
"Que nous reste-t-il à part continuer à manifester ?"
 
Depuis la décision jeudi du gouvernement de faire adopter la réforme sans vote à l'Assemblée nationale, comme le lui permet l'article 49.3 de la Constitution française, la mobilisation s'est durcie, portée par de jeunes militants.
"Que nous reste-t-il à part continuer à manifester ? On n'a que la mobilisation, qui était pacifique jusqu'au 49.3. Mais maintenant, ça va potentiellement mettre de la tension sociale partout", a indiqué Romain Morizot, 33 ans, ingénieur télécom dans l'aviation, croisé dans le cortège à Marseille, deuxième ville française.
Des rassemblements se sont tenus un peu partout dans le pays, à Nantes (ouest), Lille (nord), Toulon ou Montpellier (sud-est), avant une nouvelle journée d'action nationale prévue jeudi.
"Le président de la République suit évidemment l'évolution de la situation" sur le terrain, a indiqué l'entourage d'Emmanuel Macron à l'AFP.
Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, la popularité de M. Macron s'est écroulée en mars, à 28%, au plus bas depuis le sortir de la crise des "gilets jaunes" en 2019. D'après cette étude réalisée auprès de 1.928 personnes entre le 9 et le 16 mars, soit avant le passage en force de jeudi, le chef de l'Etat fait 70% de mécontents.
 
Les syndicats dénoncent « un déni de démocratie »
 
Selon des sources parlementaires, deux motions de censure contre le gouvernement de la Première ministre Elisabeth Borne seront débattues et mises au vote à l'Assemblée nationale lundi à partir de 15H00 GMT.
Renverser le gouvernement au moyen d'une motion de censure est le dernier espoir des opposants à la réforme pour faire échouer le texte-phare du deuxième mandat de M. Macron.
Une des motions a été déposée par le Rassemblement national (extrême droite) et l'autre par un petit groupe indépendant avec l'appui d'élus de gauche. Mais même si certains élus de droite pourraient se rallier à cette dernière, la barre de la majorité absolue pour faire chuter le gouvernement paraît difficile à atteindre.
Dénonçant "un déni de démocratie", les syndicats ont appelé à intensifier la mobilisation durant le week-end.
Syndicat classé à gauche, la CGT a marqué les esprits en annonçant samedi que la plus grande raffinerie du pays, située en Normandie (nord-ouest) et exploitée par TotalEnergies, avait commencé à être mise à l'arrêt.
Un cap a ainsi été franchi. Depuis le début du mouvement, les expéditions de carburant ont été bloquées mais aucune des sept raffineries françaises n'avait été totalement mise à l'arrêt.
Très lourde techniquement, l'opération prendra plusieurs jours et ne devrait pas provoquer de pénuries de carburant immédiates, mais elle pourrait faire tâche d'huile. Au moins deux autres raffineries pourraient être mises à l'arrêt au plus tard lundi, a prévenu la CGT.
Le ministre français de l'Industrie Roland Lescure a laissé entendre samedi que le gouvernement pourrait répliquer en procédant à des réquisitions d'agents.
 

Des ministres montent au créneau

A la veille d'une journée décisive avec le débat sur les motions de censure, des ministres montent au créneau pour défendre l'impopulaire réforme des retraites et le recours au 49.3, sans apaiser la colère des opposants, qui manifestent depuis plusieurs jours.
"Je pense qu'il n'y aura pas de majorité pour faire tomber le gouvernement", a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire au Parisien de dimanche.
"Mais ce sera un moment de vérité. La réforme des retraites, vaut-elle oui ou non, la chute du gouvernement et le désordre politique? La réponse est clairement +non+", selon le ministre, poids-lourd du gouvernement. "Que chacun prenne ses responsabilités!".
Selon le ministre du Travail, Olivier Dussopt, qui porte cette réforme depuis des mois, "bien sûr, une motion de censure peut toujours être adoptée" à l'Assemblée nationale. "Mais il faudrait pour cela qu'elle rassemble une coalition des +contre+, des +anti+, pour obtenir une majorité très hétéroclite sans ligne politique commune".
Le "premier objectif" du gouvernement "est de mener cette réforme pour sauver notre système de retraite" et "nous le tenons", a-t-il affirmé au Journal du Dimanche.