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Réforme de la Santé : TNR, disparités régionales, anarchie des Urgences… Tahraoui promet le changement


Rédigé par L'Opinion Jeudi 23 Octobre 2025

Objet de discorde entre le gouvernement et les officines, le Tarif National de Référence (TNR) est enfin en phase de révision, selon l’affirmation du ministre de tutelle au Parlement. Il a également détaillé la démarche du gouvernement pour pallier aux lacunes territoriales.



Réforme de la Santé : TNR, disparités régionales, anarchie des Urgences… Tahraoui promet le changement
Le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, a annoncé ce mardi devant la Chambre des Conseillers que son département a entamé une révision des prix des médicaments. Cette démarche vise à réduire le coût des traitements, à diminuer la part des dépenses directes supportées par les citoyens, et à adopter des protocoles thérapeutiques obligatoires permettant de mieux encadrer les dépenses et de rationaliser les prescriptions médicales. Le ministre a précisé que son département œuvre actuellement à la révision du Tarif National de Référence (TNR), une première depuis 2006, et ce, dans le cadre des travaux de la Haute Autorité de la Santé. Concernant la hausse perçue du coût des traitements, qui a suscité dernièrement la polémique, le ministre a démenti toute augmentation des prix des médicaments ou des tarifs officiels des actes médicaux. Il a précisé que le sentiment d’une hausse des coûts est principalement dû à l’augmentation du recours aux soins, notamment dans le secteur privé, à la suite de la généralisation de l’Assurance maladie obligatoire.

Notons dans ce sens que le nombre de bénéficiaires de l’AMO de base est passé de 8,6 millions de personnes en 2021 à 24,3 millions en 2024, dont 10,9 millions relevant du régime «AMO Tadamoun». De même, le nombre de dossiers de remboursement a connu une hausse significative, passant de 17,4 millions en 2023 à 23,8 millions en 2024, soit une augmentation de 37% en seulement deux ans, selon les chiffres communiqués par le ministre. 

La réduction des coûts, une priorité ! 

Parallèlement, Tahraoui a souligné que des efforts sont en cours pour renforcer le contrôle de la facturation et des remboursements, à travers un partenariat solide avec la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). L’objectif est de lutter contre la fraude, d’assurer la transparence du système, et d’améliorer les mécanismes de remboursement et de prise en charge, afin d’alléger la charge financière des citoyens. 

Le ministre a rappelé que ces mesures s’inscrivent dans le cadre de l’accompagnement de la profonde transformation qu’a connue le secteur de la Santé à la suite de la généralisation de la couverture sociale. Si cette extension rapide de la couverture a également accentué la pression sur le système de santé, le ministère s’emploie à améliorer la qualité des services et à élargir l’offre de soins, afin de garantir la soutenabilité de cette dynamique. Tahraoui a réaffirmé que son département demeure «pleinement engagé à réduire la charge financière qui pèse sur les citoyens», en renforçant les dispositifs de prise en charge et en améliorant l’efficacité du système d’Assurance maladie obligatoire, dans le but d’assurer une plus grande équité et une meilleure durabilité du système de santé national. Le ministre de tutelle a tenu à préciser que le niveau des cotisations dans les différents régimes de couverture a été conçu pour rester abordable, précisant que la contribution mensuelle moyenne des travailleurs non-salariés ne dépasse pas 177 dirhams, contre 160 dirhams pour le régime «AMO Chamil». 

Quelle équation pour le rural ? 

Le ministre a également été interpellé sur les difficultés rencontrées en milieu rural en matière d’accès aux services de santé. Il a indiqué que ces difficultés sont traitées dans le cadre d’un chantier de réforme global lancé en 2021, visant à réduire les disparités territoriales et à garantir une plus grande équité dans l’accès aux soins. Dans ce cadre, il a cité la création de plusieurs infrastructures de santé, notamment les hôpitaux de proximité de Midar (province de Driouch), Talsint et Ahfir, qui présentent des services de santé à environ 170.000 habitants, ainsi que l’Hôpital provincial de Tinghir, qui couvrira plus de 300.000 personnes et constituera une référence régionale.

Ces réalisations en milieu rural s’inscrivent dans le cadre d’un programme national d’investissement dans les infrastructures de santé, reposant sur le lancement d’un programme de réhabilitation de 1400 centres de santé de proximité d’ici décembre 2025, selon des normes unifiées pour les centres de santé de nouvelle génération, comprenant des espaces d’accueil modernes, des équipements biomédicaux, une pharmacie intégrée, des salles d’attente confortables et une connexion au système numérique national, a-t-il fait savoir.

Le ministre a ajouté que le programme prévoit 22 nouveaux projets hospitaliers entre 2022 et 2025, offrant 2433 lits supplémentaires, auxquels s’ajoutent 24 projets en cours de réalisation pour la période 2025–2026, représentant 2273 lits, ainsi que 20 autres projets programmés d’ici 2027, pour une capacité additionnelle de 2430 lits. En parallèle, la construction de plusieurs Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) a été lancée dans différentes régions du Royaume. L’objectif est que chaque région dispose d’infrastructures universitaires modernes, capables d’assurer à la fois des services médicaux de pointe et une formation médicale locale de qualité. Cette stratégie, a-t-il précisé, vise à réduire la migration interne des patients et des étudiants vers les grandes villes.

Réhabilitation des Urgences

La question des Urgences constitue également une priorité dans la réforme du système de santé, a affirmé Amine Tahraoui, reconnaissant que ces services connaissent certaines difficultés, notamment la surpopulation et le sous-effectif en ressources humaines. Ceci outre le fait que près de 60% des cas qui s’y présentent ne relèvent pas réellement de situations d’urgence, ce qui augmente la pression et affecte, selon lui, la qualité de la prise en charge. Dans ce sens, il a souligné que le ministère a adopté une batterie de mesures pour améliorer et développer les services d’accueil des urgences, à travers un plan d’action à court terme (10 semaines) basé sur la réorganisation des services internes, l’unification des protocoles et des procédures médicales de prise en charge des patients en situation d’urgence, ainsi que le renforcement de la présence des médecins dans les services des Urgences de manière permanente.

Ce plan, a-t-il poursuivi, prévoit également l’adoption d’une signalétique unifiée pour les services d’urgence à l’échelle nationale, l’amélioration des salles de repos du personnel de santé afin de garantir des conditions de travail décentes, ainsi que l’aménagement des espaces d’accueil et des salles d’attente pour garantir un environnement confortable aux patients et mieux organiser leur accès aux services médicaux.

Rappelons ici que le département de la Santé a adopté un plan de réforme structurelle à moyen terme, axé notamment sur la réforme de la formation en médecine d’urgence, le renforcement des ressources humaines, l’introduction d’incitations financières et professionnelles spécifiques pour attirer davantage de médecins et d’infirmiers vers cette spécialité, le développement des réseaux de type «SAMU» pour garantir la prise en charge pré-hospitalière, outre l’unification des protocoles médicaux relatifs aux cas d’urgences.



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