Après avoir reporté son grand oral à la Chambre des Représentants la semaine précédente, le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, est monté, lundi, à la tribune de l’hémicycle pour défendre le bilan la réforme du système éducatif, l’un des chantiers majeurs de son quinquennat où il n’a plus de droit à l’erreur. C’est la réforme de la dernière chance pour sauver l’école publique qui vacille depuis des décennies sous le poids des plans d’urgence improvisés.
Lancée par Chakib Benmoussa, l'architecte du chantier, la réforme est aujourd’hui entre les mains de son successeur, Mohammed Saâd Berrada, qui continue de découvrir les méandres de son ministère.
Le temps presse
A un an de l’échéance de la feuille de route prévue en 2026, le gouvernement n’a plus le luxe du temps. L’Exécutif s’est donné quatre ans pour redresser l'école publique qui, jusqu’à présent, est loin de pouvoir rivaliser avec le privé où les Marocains préfèrent placer leurs enfants une fois qu’ils en ont les moyens.
Satisfecit d’Akhannouch
Devant les députés, le Chef du gouvernement, habitué à s’auto-évaluer avec optimisme, a vanté son bilan. Satisfecit total. La réforme est sur les rails et tout avance comme prévu.
Quoique plus large, la refonte de l’éducation et les écoles pionnières vont de pair. Pour Aziz Akhannouch, le succès de la réforme se mesure à l’aune de ce programme élaboré en urgence pour remédier à la crise profonde de l'apprentissage.
Lancé durant la rentrée scolaire 2023-2024, le projet est en cours d’élargissement. 620 écoles primaires ont été associées dans un premier temps avant d’atteindre 2662 en 2024 pour inclure 30% des élèves du secteur public. Maintenant, on passe au collège. 230 établissements, soit 10% du total, sont associés. 200.000 collégiens en bénéficient. Il s’agit d’une première phase en attendant sa généralisation.
En gros, loin du langage institutionnel abscond qui finit par enfumer les lecteurs, une école pionnière est une alternative à l’école traditionnelle telle que nous l’avions connue. C’est un établissement numérisé où on enseigne par les nouvelles méthodes d’apprentissage, à savoir la méthode TARL et l’apprentissage explicite. On y enseigne de sorte à combler les lacunes des élèves pour les mettre à niveau.
Un véritable défi pour notre système où les élèves passaient d’un cycle à l’autre sans avoir le niveau requis. Les carences s'accumulent à un degré tel qu’il devient impossible de se rattraper. Résultats des courses : soit un décrochage scolaire précoce, soit on se retrouve avec des bacheliers qui ne maîtrisent pas les langues et les prérequis des sciences et qui se retrouvent en difficulté à l’université.
Jusqu’à présent, les premiers résultats des nouvelles techniques sont encourageants. L’effet de rattrapage se fait sentir chez les élèves dont le niveau d’apprentissage a quadruplé en mathématiques, doublé en arabe et triplé en français, selon les éléments fournis par Aziz Akhannouch. Selon lui, les nouvelles méthodes sont d’autant plus efficaces que les élèves des écoles pionnières ont obtenu des résultats supérieurs à 82% en comparaison avec leurs camarades dans le reste des établissements.
L’impact positif des écoles pionnières est corroboré par les études neutres, notamment celle du Morocco Innovation and Evaluation Lab qui a conclu, en septembre 2024, que ce programme fonctionne mieux que la plupart des expériences comparables dans d’autres pays.
L’autre revers de la médaille !
La réforme est présentée donc comme un succès, le terme est contesté et peut prêter à confusion. En fait, il s’agit plus de sauvetage. On ne peut parler de succès que lorsqu’on aura amélioré le classement du Maroc dans les rapports internationaux, notamment celui de Pisa. Le Maroc a été relégué au 75ème rang sur 79 pays dans les apprentissages. 30% des élèves marocains de moins de quinze ans ne maîtrisent pas les apprentissages de base. Un élève marocain, par exemple, a trois ans de retard par rapport à un élève turc. C'est dire à quel point le fossé est abyssal et la crise est beaucoup plus profonde qu’on le pense.
Le ministère de tutelle met tout le paquet dans les nouvelles techniques d'apprentissage comme si c’est le remède de tous les maux du système éducatif. Mais il ne faut pas se leurrer. C’est un moyen, pas une fin en soi. “C’est une baguette en effet. Mais je ne peux vous dire si elle est magique”, avait insisté Hamid Bouchikhi, membre du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique dans une interview précédemment accordée à « L’Opinion ».
Selon lui, le succès dépend d’un grand travail d’identification des lacunes et surtout de la capacité à installer les écoles pionnières dans le milieu rural et les régions éloignées. C’est l’un des reproches qui ont été adressés au Chef du gouvernement pendant son grand oral, notamment de la part de l’opposition qui a estimé que les zones rurales sont laissées pour compte.
Le monde rural laissé pour compte ?
L’opposition a reproché au Chef du gouvernement de se servir des écoles pionnières comme une vitrine pour embellir son bilan et cacher les vrais problèmes, dont le décrochage scolaire.
Lancée par Chakib Benmoussa, l'architecte du chantier, la réforme est aujourd’hui entre les mains de son successeur, Mohammed Saâd Berrada, qui continue de découvrir les méandres de son ministère.
Le temps presse
A un an de l’échéance de la feuille de route prévue en 2026, le gouvernement n’a plus le luxe du temps. L’Exécutif s’est donné quatre ans pour redresser l'école publique qui, jusqu’à présent, est loin de pouvoir rivaliser avec le privé où les Marocains préfèrent placer leurs enfants une fois qu’ils en ont les moyens.
Satisfecit d’Akhannouch
Devant les députés, le Chef du gouvernement, habitué à s’auto-évaluer avec optimisme, a vanté son bilan. Satisfecit total. La réforme est sur les rails et tout avance comme prévu.
Quoique plus large, la refonte de l’éducation et les écoles pionnières vont de pair. Pour Aziz Akhannouch, le succès de la réforme se mesure à l’aune de ce programme élaboré en urgence pour remédier à la crise profonde de l'apprentissage.
Lancé durant la rentrée scolaire 2023-2024, le projet est en cours d’élargissement. 620 écoles primaires ont été associées dans un premier temps avant d’atteindre 2662 en 2024 pour inclure 30% des élèves du secteur public. Maintenant, on passe au collège. 230 établissements, soit 10% du total, sont associés. 200.000 collégiens en bénéficient. Il s’agit d’une première phase en attendant sa généralisation.
En gros, loin du langage institutionnel abscond qui finit par enfumer les lecteurs, une école pionnière est une alternative à l’école traditionnelle telle que nous l’avions connue. C’est un établissement numérisé où on enseigne par les nouvelles méthodes d’apprentissage, à savoir la méthode TARL et l’apprentissage explicite. On y enseigne de sorte à combler les lacunes des élèves pour les mettre à niveau.
Un véritable défi pour notre système où les élèves passaient d’un cycle à l’autre sans avoir le niveau requis. Les carences s'accumulent à un degré tel qu’il devient impossible de se rattraper. Résultats des courses : soit un décrochage scolaire précoce, soit on se retrouve avec des bacheliers qui ne maîtrisent pas les langues et les prérequis des sciences et qui se retrouvent en difficulté à l’université.
Jusqu’à présent, les premiers résultats des nouvelles techniques sont encourageants. L’effet de rattrapage se fait sentir chez les élèves dont le niveau d’apprentissage a quadruplé en mathématiques, doublé en arabe et triplé en français, selon les éléments fournis par Aziz Akhannouch. Selon lui, les nouvelles méthodes sont d’autant plus efficaces que les élèves des écoles pionnières ont obtenu des résultats supérieurs à 82% en comparaison avec leurs camarades dans le reste des établissements.
L’impact positif des écoles pionnières est corroboré par les études neutres, notamment celle du Morocco Innovation and Evaluation Lab qui a conclu, en septembre 2024, que ce programme fonctionne mieux que la plupart des expériences comparables dans d’autres pays.
L’autre revers de la médaille !
La réforme est présentée donc comme un succès, le terme est contesté et peut prêter à confusion. En fait, il s’agit plus de sauvetage. On ne peut parler de succès que lorsqu’on aura amélioré le classement du Maroc dans les rapports internationaux, notamment celui de Pisa. Le Maroc a été relégué au 75ème rang sur 79 pays dans les apprentissages. 30% des élèves marocains de moins de quinze ans ne maîtrisent pas les apprentissages de base. Un élève marocain, par exemple, a trois ans de retard par rapport à un élève turc. C'est dire à quel point le fossé est abyssal et la crise est beaucoup plus profonde qu’on le pense.
Le ministère de tutelle met tout le paquet dans les nouvelles techniques d'apprentissage comme si c’est le remède de tous les maux du système éducatif. Mais il ne faut pas se leurrer. C’est un moyen, pas une fin en soi. “C’est une baguette en effet. Mais je ne peux vous dire si elle est magique”, avait insisté Hamid Bouchikhi, membre du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique dans une interview précédemment accordée à « L’Opinion ».
Selon lui, le succès dépend d’un grand travail d’identification des lacunes et surtout de la capacité à installer les écoles pionnières dans le milieu rural et les régions éloignées. C’est l’un des reproches qui ont été adressés au Chef du gouvernement pendant son grand oral, notamment de la part de l’opposition qui a estimé que les zones rurales sont laissées pour compte.
Le monde rural laissé pour compte ?
L’opposition a reproché au Chef du gouvernement de se servir des écoles pionnières comme une vitrine pour embellir son bilan et cacher les vrais problèmes, dont le décrochage scolaire.
300.000 élèves rompent leur scolarité chaque année depuis 2016. Le chiffre reste étonnamment constant, ce qui fait que nous sommes devant une tendance systémique. Force est de constater que près de 160.000 élèves quittent l’école pendant le collège et 180.000 dès le primaire. Le phénomène est plus fréquent dans le monde rural. Pour freiner l'hémorragie, l’Exécutif parie sur les écoles communales qui s’élèvent aujourd’hui à 335. 90.000 élèves y poursuivent leurs études. A présent, l'effort de création des écoles primaires reste concentré dans les zones rurales. 129 dès 189 établissements créés pendant l’année scolaire actuelle y sont localisés. Un long chemin reste pourtant à parcourir. On se demande si on pourrait atteindre avec ce rythme les objectifs de la feuille de route 2022-2026. D’ici un an, on devra réduire la déperdition scolaire de 30%. Un objectif discutable. Pourtant, les objectifs fixés en termes de qualité de l'apprentissage demeurent atteignables. On aspire à doubler d’ici 2026 le taux d’élèves bénéficiant des apprentissages fondamentaux au primaire. Le nouveau modèle de développement hisse la barre très haut. A l’horizon 2035, plus de 90% des élèves devront posséder les compétences scolaires nécessaires et les pré-requis.
La violence scolaire
Par ailleurs, la réforme progresse sur le plan des ressources humaines. Des avancées ont été réalisées en ce qui concerne leur revalorisation, sachant que la tâche ne fut pas facile compte tenu de l’héritage de l’ancien gouvernement. Akhannouch s’est attribué le mérite d’avoir liquidé le legs empoisonné des “enseignants contractuels” qui font partie maintenant des fonctionnaires de l’Education nationale après l'adoption du nouveau statut. Devraient suivre d’autres catégories, notamment les enseignants dits de la cellule 10 que le ministre de tutelle, Mohamed Saâd Berrada, peine à trancher jusqu’à présent.
En gros, le gouvernement estime avoir tenu ses promesses envers les enseignants. Hausse des salaires et revalorisation des indemnités, régularisation de la situation de plusieurs catégories, refonte du système de formation… Les avancées sont nombreuses. Toutefois, les efforts ont porté plus sur la revalorisation salariale sans tenir compte de leur protection. Aujourd’hui, l’enseignant est de plus en plus menacé au sein de l’école face à la montée inquiétante de la violence juvénile. Le meurtre de la professeure de français à Erfoud montre combien les professeurs sont menacés aujourd’hui dans l’exercice de leurs fonctions.
La recrudescence des cas de violence contre les blouses blanches inquiète tout le monde au point de s’inviter souvent dans les débats au Parlement. Le phénomène est devenu quasi systémique dans les nouvelles générations. Le ministère de tutelle parie sur la vidéosurveillance et les activités parascolaires pour en minimiser l’ampleur. Une réponse loin d'apaiser l’inquiétude des enseignants.
La violence scolaire
Par ailleurs, la réforme progresse sur le plan des ressources humaines. Des avancées ont été réalisées en ce qui concerne leur revalorisation, sachant que la tâche ne fut pas facile compte tenu de l’héritage de l’ancien gouvernement. Akhannouch s’est attribué le mérite d’avoir liquidé le legs empoisonné des “enseignants contractuels” qui font partie maintenant des fonctionnaires de l’Education nationale après l'adoption du nouveau statut. Devraient suivre d’autres catégories, notamment les enseignants dits de la cellule 10 que le ministre de tutelle, Mohamed Saâd Berrada, peine à trancher jusqu’à présent.
En gros, le gouvernement estime avoir tenu ses promesses envers les enseignants. Hausse des salaires et revalorisation des indemnités, régularisation de la situation de plusieurs catégories, refonte du système de formation… Les avancées sont nombreuses. Toutefois, les efforts ont porté plus sur la revalorisation salariale sans tenir compte de leur protection. Aujourd’hui, l’enseignant est de plus en plus menacé au sein de l’école face à la montée inquiétante de la violence juvénile. Le meurtre de la professeure de français à Erfoud montre combien les professeurs sont menacés aujourd’hui dans l’exercice de leurs fonctions.
La recrudescence des cas de violence contre les blouses blanches inquiète tout le monde au point de s’inviter souvent dans les débats au Parlement. Le phénomène est devenu quasi systémique dans les nouvelles générations. Le ministère de tutelle parie sur la vidéosurveillance et les activités parascolaires pour en minimiser l’ampleur. Une réponse loin d'apaiser l’inquiétude des enseignants.