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Sport

Réflexion sur le football marocain : Quelles perspectives d’avenir du championnat?


Rédigé par Rachid MADANI le Mercredi 6 Mars 2024



Il est difficile d’évaluer le travail de la FRMF. Mais ce qui est certain, c’est que Fouzi Lekjaâ et ses proches collaborateurs ont travaillé durement pour bien hisser bien haut le drapeau marocain au niveau des compétitions intercontinentales.

Pour la première fois, la sélection A s’est classée dans le podium dans une Coupe du monde de football. Avec un peu plus de chance, elle aurait pu disputer la finale. Se classer quatrième comme une grande puissance mondiale est une performance jamais connue dans un pays africain et arabe.

A vrai dire, un excellent travail a été effectué au niveau de toutes les équipes nationales : seniors, juniors, cadets, minimes football masculin et féminin, futsal, sous la direction de grands entraineurs compétents garnis de diplômes.
 
La ligue professionnelle : une grande déception

Voici où réside le mal du football marocain. Une ligue professionnelle avec un championnat décevant sur tous les plans. Une organisation des matches basée sur l’improvisation est un facteur qui donne beaucoup à réfléchir.

Une déclaration intéressante des entraineurs des clubs révèle bien ce qui se passe aux compétitions de seconde et de première division : « Comment peut-on préparer une rencontre à l’heure où deux ou trois jours avant, nous ne savons ni quand ni où notre équipe va jouer ».

Le championnat actuel est l’un des plus faibles du monde, disaient dernièrement des experts footballistiques de renommée mondiale.

A l’exception su WAC, du RCA et des FAR, les grands, tous les clubs se plaignent de cette politique d’égalité des chances car toutes les associations du football professionnel doivent être « traitées » de la même façon.

En plus, il y a trop de rencontres re- portées, ce qui retire tout intérêt à la compétition et qui donne toujours un classement incomplet.
 
La médiocrité du championnat

Pas de stade, pas de public, pas d’argent, très peu de buts, pas de dirigeants compétents, pas de formation des jeunes, un arbitrage et un VAR dépassé par la variété des nouvelles règles du jeu, une monotonie dans les différentes tactiques du jeu, un béton à l’italienne à la défensive pour garder le 0-0, voici les principales caractéristiques du football national qui n’a que le nom de professionnel mais qui est amateur à cent pour cent. Tout ce qui est sauvegardé consiste à préserver les droits des entraineurs et des footballeurs avec le respect total des contrats signés sous la peine d’une lourde sanction de la FIFA. Cette saison, toutes les formations jouent à l’extérieur. Il est certes que les stades manquent au moment où le pays connait une série de réaménagement des complexes en préparation à la Coupe d’Afrique des Nations et à la Coupe du monde. Le championnat présente un panorama décevant. Il n’y a pas de spectacle. Il n’y a pas de motivation. Rien que la monotonie et l’ennui. Les systèmes de jeu sont inconnus et la plupart des entraineurs donnent les consignes pour ne pas encaisser de but, pour ne pas perdre.
 
La politique des huis clos

Incroyable mais vrai, plusieurs rencontres se déroulent sans public. Le huis clos, qui est devenu à la mode, vient de déclencher la colère des supporters et des ultras et le mécontentement des dirigeants et des footballeurs. Ce qui donne beaucoup à réfléchir c’est que plusieurs stades ont disparu ou abandonnés. Le stade Philipe et Père Jégo de Casablanca, le stade du FUS de Rabat, le stade du Marshan de Tanger et bien d’autres auraient pu être utilisés pour programmer les chocs du championnat. Les petits stades dans le nord, par exemple, Larache (San- ta Barbara), Asilah, Tanger (Souani et Karia) nécessitent seulement le remplacement du gazon synthé- tique par le gazon naturel.

A vrai dire, la solution pour les clubs qui cherchent où jouer n’est pas loin et il suffit d’un tout petit budget pour réaménager les installations sportives.
 
Le report des matches

Le fréquent report des rencontres nuit beaucoup à la bonne marche du championnat. Du jamais vu dans toutes les compétitions du monde entier. Toujours avec les mêmes équipes : WAC, RCA, RSB, FAR qui disputent les coupes CAF. Le leader change d’une semaine à une autre au fur et à mesure de la mise à jour du calendrier. Fouzi Lekjaâ qui est vice-président de la Confédération d’Afrique doit intervenir pour trouver une solution avec ses proches collaborateurs africains pour que les éliminatoires CAF aient lieu les mercredis au lieu des dimanches.

Actuellement, le WAC compte trois matches en retard, la RSB et les FAR en comptent deux. En jouant le retour des éliminatoires, le premier club comptera quatre matches en retard, le deuxième et troisième club en compteront trois. Ainsi, le classement sera faussé dans sa totalité.
 
L’IRT la grande victime du championnat

En cherchant (à la loupe !) les injustices dans la programmation des chocs du championnat, il est important de rappeler que la grande victime du championnat saison 2023/24 n’est autre que l’IRT de Tanger. Il est inconcevable de voir le club professionnel du meilleur village sportif d’Afrique de Ziaten avec ses gigantesques installations sportives aux normes mondiales jouer à l’extérieur. A l’heure où la FRMF travaille dans le cadre de l’égalité des chances pour toutes les équipes, l’IRT n’a plus de terrain où évoluer et son comité, ne savant où donner la tête, doit chercher chaque semaine un stade où recevoir ses adversaires.

Pire encore, les municipalités de Kenitra, Mohammedia et Tétouan cèdent leur stade aux Tangérois mais elles exigent l’absence du public avec les guichets fermés. Ainsi, l’égalité des chances touche toutes les formations marocaines à l’excep- tion de l’IRT qui doit jouer à huis clos pour des raisons inconnues.
 
Le mauvais arbitrage

L’arbitrage marocain est encore une fois sur la sellette. On ne peut parler de favoritisme ou de corruption car il st impossible de douter de la bonne foi des hommes qui dirigent les matches. Mais il existe une multitude d’erreurs qui ont couté la perte des points à plusieurs formations. Même les grands le WAC et le Raja s’en plaignent. Des plaintes concernent aussi les cartons jaunes, rouges (et bientôt bleus) qui, selon les joueurs, sont distribués à tort et à travers. Il est bien dommage que les héros du sifflet soient pointés du doigt.
 
Aucune subvention aux déplacements

La FRMF aurait pu accorder des subventions supplémentaires réservées aux équipes qui se déplacent à l’extérieur pour recevoir. A l’exception du FUS et du MAT qui reçoivent à Rabat au Stade Moulay Hassan et à Tétouan au Saniat Rmel, du HUSA et de Berechid qui jouent à Grand stade et au stade Bamous, tous les clubs changent de ville d’une semaine à une autre. Du gaspillage d’argent et des nuitées supplémentaires dans les hôtels sans toutefois compter les centaines de kilomètres parcourus. La plupart des formations sont toujours en déplacement.
 
L’incompétence des dirigeants

La grande problématique qui empêche le football de progresser est l’incompétence des dirigeants. De grands gestionnaires des clubs qui ont tiré la révérence en rendant l’âme ont laissé le vide dans la gestion footballistique : feus Ntifi, Belmejdoub, Doumou, Mekouar, Regragui, Boudih, Ait Menna père, Belhachmi, Zaouli… Actuellement, tous les présidents sont pointés du doigt parce qu’ils gèrent très mal leur club s’occupant le plus souvent de la politique et il n’est pas étonnant d’en voir plusieurs au Parlement.

Au Maroc, les experts du football ont toujours parlé de la formation continue des footballeurs, des entraineurs, des préparateurs physiques, des arbitres, des délégués de terrain et même des journalistes sportifs mais ils ont oublié de proposer l’ouverture d’un centre pour la formation des dirigeants.

Il est regrettable de constater que cette filière n’a jamais existé au Centre Moulay Rachid.

Incroyable mais vrai, les comités des clubs dépensent plus qu’ils gagnent, ce qui a donné des déficits se chiffrant à plusieurs milliards de centimes. Une faillite avec des dettes qui ne cessent d’engloutir les équipes dans le gouffre.
 
Le fiasco des sociétés sportives

La bonne volonté de Fouzi Lekjaâ et de ses proches collaborateurs du bureau fédéral avait pour objectif de contribuer à la structuration des clubs en imposant la création de sociétés sportives.

Malheureusement, cette politique a connu un fiasco total. Au bureau, on retrouve deux présidents qui ne s’entendent pas ignorant leur pouvoir et leur compétence dans la gestion : le président de la société et le président de l’équipe. En plus, il est inconcevable de voir une société avec un budget de 30 millions de centimes. L’échec est là et tout est à revoir.
 
L’échec des centres de formation

Dans tous les pays du monde, les centres de formation des jeunes footballeurs sont très importants dans le développement et l’épanouissement du football.

Au Maroc, l’Académie Mohammed VI de football est un exemple à suivre pour tous les clubs qui devaient changer de politique dans la gestion de leurs centres de formations. Très peu de dirigeants comprennent ce que c’est un centre de formation.

Pour le moment, le championnat professionnel oublie la pépinière des jeunes et dépense plusieurs milliards de centimes dans les mauvais recrutements.

Cela explique bien que des noms de la trempe de Faras (Ballon d’or d’Afrique), Dolmi, Petchou, Boussati, Bamous, Mitti, Acila, Lamari, Amar, Jenane, Hazzaz et bien d’autres des « produits » locaux re- fusant l’émigration à l’étranger ne voient jamais le jour.

A vrai dire, la première division du football national se joue sans le moindre nom célèbre. Incroyable, la grande cité des sports de Tanger, la meilleure installation sportive d’Afrique a un centre de formation construit depuis quatre ans mais fermé sans raison valable.
 
La direction technique des ligues

Toutes les Ligues dans les Régions du territoire marocain, ont des di- rections techniques dont la mission touche le manque de transparence dans le développement footballistique.

Avec des contrats de travail bien énuméré, la FRMF a engagé des encadreurs diplômés lauréats de l’Institut Moulay Rachid des sports, mais avec des programmes peu clairvoyants. Personne ne sait s’ils sont recrutés pour la constitution des équipes nationales des jeunes ou pour la contribution à l’épanouissement du football dans la Région. Il est regrettable de constater qu’ils n’ont aucune concertation avec les clubs et les centres de formation.