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International

Propagation du terrorisme : Craindre la contagion


Rédigé par Wolondouka SIDIBE Lundi 7 Mars 2022

« Les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest : Nouvelle terre d’expansion des groupes djihadistes sahéliens ? », est un rapport qui fait craindre le pire pour les années à venir dans la lutte contre le terrorisme. Edité par Mathieu Pellerin, ce document nous mène dans les méandres du jihadisme, ses tentacules mais aussi et surtout le risque de contagion dans ces Etats qui font face à la mer. Pour l’analyste, le premier facteur de cette contagion est communautaire.



Propagation du terrorisme : Craindre la contagion
En effet, souligne-t-il, la surexposition des pasteurs (ou éleveurs transhumants) – en particulier issus de la communauté peulh – en zone sahélienne et soudano-sahélienne à différents types d’injustices et de violence a constitué un terreau propice au recrutement et à l’expansion des groupes djihadistes. Il faut le reconnaitre, la situation sécuritaire dans le Sahel central est à ce point dégradée que la menace djihadiste déborde désormais sur la partie nord des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest.

Depuis quelques années, la situation a changé et les djihadistes s’intéressent à cette frontière sud du Sahel parce qu’elle est la frontière naturelle de leurs zones d’opérations.

Pour Mathieu Pellerin, ils commencent donc à s’implanter dans les zones frontalières et même au-delà dans les septentrions de ces pays côtiers. Cette extension des sphères d’influence se fait d’ores et déjà sentir dans les septentrions des pays côtiers d’Afrique de l’Ouest. Le Bénin, le Togo, le Ghana et surtout la Côte d’Ivoire sont tous confrontés à la menace djihadiste, mais d’une intensité très variable d’un État à l’autre.

Recrues locales et fragilité

Selon l’expert, cette excroissance territoriale djihadiste va progressivement donner naissance à des foyers djihadistes de plus en plus endogènes dans ces États, composés de recrues locales et qui se nourrissent des fragilités propres aux territoires où ils se développent : tensions d’accès aux ressources, stigmatisation communautaire potentiellement exacerbée par des groupes d’autodéfense, existence de réseaux criminels prompts à se « djihadiser ».

Au Sahel central, les autorités ont pris trop tardivement conscience de cette réalité, révèle-t-il. Pour les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, où la menace reste encore contenue en intensité et limitée géographiquement, il est encore temps de prévenir une dégradation de la situation sécuritaire.

Pour cela, les autorités de ces États doivent aligner des réponses civiles et militaires qui soient adaptées à la nature de la menace et qui réduisent de façon radicale l’ampleur de ces fragilités. Rappelons que Mathieu Pellerin est analyste Sahel à International Crisis Group. Il est chercheur associé au Centre Afrique subsaharienne de l’Ifri depuis 2009. Il est spécialiste des dynamiques politiques et sécuritaires au Sahel, en particulier au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Il fut, également plusieurs années, conseiller politique Sahel pour le Centre pour le dialogue humanitaire.


W. S.