Initié en 2013, le Programme d'Amélioration des Performances (PAP II) visait à optimiser la production d'eau potable, améliorer l'efficacité des réseaux de distribution et développer les compétences techniques de l'ONEE. Le financement de ce programme s'est élevé à 101 millions d'euros, répartis entre la KfW (Banque allemande de développement) avec 40 millions d'euros, l'Agence Française de Développement avec 30 millions d'euros, l'ONEE qui a contribué à hauteur de 24 millions d'euros, et l'Union européenne avec un don de 7 millions d'euros.
Grâce à ce soutien, 149 marchés ont été menés en permettant l'amélioration de l’accès à l’eau potable pour plus de 11 millions de personnes, soit près d’un quart des abonnés de l’ONEE.
Dans un contexte marqué par une pression croissante sur les ressources hydriques, exacerbée par les effets du changement climatique, les résultats du PAP II s’avèrent particulièrement probants. Le programme a permis de réduire les pertes d’eau et de mieux adapter l’offre aux exigences d’une demande en constante augmentation.
Ces acquis majeurs ont été mis en lumière lors d’une rencontre organisée, mardi, à l’initiative de l’Union Européenne (UE), de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque allemande de développement (KfW) et du Policy Center for the New South (PCNS), en étroite coordination avec l’ONEE.
À cette occasion, Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc, a salué les résultats concrets de cette coopération dans une déclaration à «L’Opinion», soulignant qu’elle incarne l’ampleur et la solidité du partenariat stratégique entre l’Union Européenne et le Maroc. Chiffres à l’appui, le programme a permis d’économiser plus de 130 millions de mètres cubes d’eau dans 32 villes marocaines. "Cette collaboration fructueuse dans le domaine de l'eau potable a été renforcée par la signature, la semaine dernière, d'un prêt de 70 millions d'euros accordé par la Banque Européenne d'Investissement (BEI) à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE)", a rappelé l'ambassadrice.
Grâce à ce soutien, 149 marchés ont été menés en permettant l'amélioration de l’accès à l’eau potable pour plus de 11 millions de personnes, soit près d’un quart des abonnés de l’ONEE.
Dans un contexte marqué par une pression croissante sur les ressources hydriques, exacerbée par les effets du changement climatique, les résultats du PAP II s’avèrent particulièrement probants. Le programme a permis de réduire les pertes d’eau et de mieux adapter l’offre aux exigences d’une demande en constante augmentation.
Ces acquis majeurs ont été mis en lumière lors d’une rencontre organisée, mardi, à l’initiative de l’Union Européenne (UE), de l’Agence française de développement (AFD), de la Banque allemande de développement (KfW) et du Policy Center for the New South (PCNS), en étroite coordination avec l’ONEE.
À cette occasion, Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc, a salué les résultats concrets de cette coopération dans une déclaration à «L’Opinion», soulignant qu’elle incarne l’ampleur et la solidité du partenariat stratégique entre l’Union Européenne et le Maroc. Chiffres à l’appui, le programme a permis d’économiser plus de 130 millions de mètres cubes d’eau dans 32 villes marocaines. "Cette collaboration fructueuse dans le domaine de l'eau potable a été renforcée par la signature, la semaine dernière, d'un prêt de 70 millions d'euros accordé par la Banque Européenne d'Investissement (BEI) à l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE)", a rappelé l'ambassadrice.
Le travail ne fait que commencer…
L’ambassadrice de l’Union Européenne au Maroc a rappelé avec force que l’accès à l’eau potable constitue un bien fondamental, en particulier pour les pays du bassin méditerranéen, régulièrement confrontés à des épisodes de sécheresse sévère. Cette réalité climatique, de plus en plus prégnante, a renforcé les liens de coopération entre le Maroc et l’Union Européenne, notamment à travers le Partenariat Vert conclu en octobre 2022, qui consacre une convergence stratégique autour des enjeux environnementaux.
Dans cette dynamique, Cécile Couprie, directrice régionale pour l’Afrique du Nord à l’AFD, a mis en avant le caractère exemplaire du programme PAP II, initié dans le cadre de l’initiative “Team Europe” et porté à ses débuts par la coopération allemande (KfW). Selon elle, il s’agit là d’un modèle de coopération européenne réussie, qui a permis de moderniser les infrastructures de distribution dans 32 villes marocaines, de renforcer les capacités de stockage, et d’intégrer des technologies innovantes pour une détection rapide et efficace des fuites dans les réseaux.
Dans une logique de continuité et de consolidation des acquis, un nouveau programme structurant est en cours de préparation pour la période allant jusqu’en 2028. Porté une nouvelle fois par l’AFD dans le cadre de l’approche «Team Europe», ce programme budgétaire vise à appuyer la politique nationale de l’eau. Il mobilisera plusieurs partenaires européens, dont la KfW, la Coopération italienne, l’Union Européenne et, potentiellement, d’autres bailleurs de fonds internationaux.
Ce nouveau cadre d’intervention entend renforcer la résilience hydrique du Royaume à travers des actions ciblées : réduction des pertes dans les réseaux, protection des ressources, préservation de la biodiversité, ainsi que développement de solutions alternatives telles que la réutilisation des eaux usées traitées ou le dessalement de l’eau de mer. Forte de plus de trois décennies d’engagement aux côtés du Maroc dans le secteur de l’eau, l’AFD a investi à ce jour plus d’un milliard d’euros, avec des interventions couvrant l’ensemble du cycle de l’eau : de la gestion de la demande à l’augmentation de l’offre, en passant par l’accompagnement stratégique des politiques publiques.
De son côté, Robert Dölger, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne au Maroc, a exprimé sa profonde satisfaction devant les résultats obtenus, saluant la capacité de ce programme à fédérer les partenaires marocains et européens autour d’un enjeu aussi vital que celui de l’eau.
"Nous allons évidemment poursuivre notre engagement sur la question de l'eau, car elle est d'une importance cruciale. Et naturellement, nous continuerons aussi notre coopération dans d'autres domaines, dont l'énergie, la formation professionnelle, les énergies renouvelables, ou encore l'agriculture", a souligné le diplomate.
Stratégies, innovations et perspectives d’évolution
Les échanges ont aussi porté sur la maîtrise de la demande en eau, devenue une priorité stratégique. Rachid Rajel, chef de division à la Direction générale de l’Hydraulique au ministère de l’Équipement et de l’Eau, a rappelé les objectifs des Plans Nationaux de l’Eau. Ceux-ci visent à atteindre un rendement de 80% d’ici 2030, puis 85% en 2040, et à maintenir ce niveau jusqu’en 2050. Il a également évoqué le Programme National d’Alimentation en Eau Potable et d’Irrigation (PNAEPI 2020–2026), doté de 143 milliards de dirhams, dont 27,5 milliards destinés à l’amélioration des rendements et à la sensibilisation à un usage rationnel de l’eau.
En revanche, Mohammed Benahmed, expert en projets de développement territorial, a affirmé sans détour que la gestion de la demande en eau au Maroc ne peut plus se limiter à de simples ajustements ponctuels. Il insiste sur la nécessité d'une coordination intersectorielle plus efficace de l'action institutionnelle. Les constats sont connus : l'agriculture reste le principal consommateur, accaparant jusqu'à 87% des ressources, souvent pour des cultures gourmandes en eau et mal adaptées aux bassins sous stress hydrique. De même, les pertes dans les réseaux urbains, dépassant parfois 30%, constituent un gaspillage inacceptable de ressources vitales.
Pour l'expert, la gestion de la demande dépasse la seule dimension technique. C'est un véritable levier de transformation de notre rapport à l'eau, de notre compétitivité économique et même de notre survie sociale dans plusieurs régions du Royaume. Il est impératif d'investir massivement dans le suivi intelligent et le pilotage précis de la consommation. L'Internet des Objets (IoT), la télémesure et les plateformes numériques de données sont des "game-changers". À titre d'exemple, M. Benahmed cite Barcelone, où des capteurs IoT ont réduit les pertes de 25%. Au Maroc, avec 23% de pertes dans les réseaux de distribution, une généralisation des "Smart Water Grids" pourrait réduire ces pertes à moins de 15% d'ici 2030, économisant des centaines de millions de mètres cubes.
Au-delà des pertes physiques, les freins à la réduction de la demande résident aussi dans nos comportements et les signaux économiques que nous envoyons. Une tarification progressive, des subventions ciblées pour les technologies économes et des mécanismes de bonus-malus sont essentiels pour récompenser les comportements sobres et décourager le gaspillage. Parallèlement, l'engagement des citoyens, la sensibilisation à la valeur économique de l'eau et la promotion de pratiques de conservation ne sont pas des options, mais des impératifs.
3 questions à Taha Laaouimri : « Les actions clés ont porté sur la réhabilitation de près de 800 km de réseaux de distribution et le renouvellement de plus de 73.000 branchements »

Le Chargé de mission eau, assainissement et agriculture à l’Agence Française de Développement (AFD), Taha Laaouimri, répond à nos questions.
- Quels ont été les principaux leviers techniques et opérationnels mis en œuvre dans le cadre du PAP II pour atteindre une économie de 130 millions de m³ d’eau ?
Le PAP II a mobilisé un ensemble cohérent de leviers techniques et opérationnels pour améliorer l'efficacité du service public d'eau potable. Les actions clés ont porté sur la réhabilitation de près de 800 km de réseaux de distribution et le renouvellement de plus de 73.000 branchements, permettant une réduction significative des pertes physiques. La modernisation des infrastructures de production (stations de traitement, stations de pompage, réservoirs) a également permis des gains en rendement hydraulique et énergétique. En parallèle, le déploiement de la télégestion dans plusieurs centres a renforcé la capacité de surveillance et de pilotage en temps réel des réseaux. Des équipements spécifiques ont été acquis pour la recherche et la réparation des fuites (unités mobiles, compteurs de sectorisation, débitmètres, etc.). Enfin, des mesures d’accompagnement ont été mises en œuvre pour améliorer le comptage, la maintenance et le suivi de la performance. Ces leviers combinés ont permis d’atteindre une économie d’eau de près de 130 millions de m³ sur la période 2019-2023.
- Quel a été l’impact social et économique du PAP II pour les populations des 32 villes bénéficiaires, en termes de continuité du service, de tarification ou d’emploi local ?
Le Programme a considérablement amélioré les conditions de vie de plus de 11 millions de personnes dans 32 villes. En réhabilitant les réseaux et en augmentant la capacité de stockage, le programme a renforcé la continuité et la sécurité de l'approvisionnement en eau potable. La modernisation des stations de traitement a également amélioré la qualité de l'eau, réduisant ainsi les risques sanitaires. Sur le plan économique, les gains d'efficacité, notamment la réduction des pertes et de la consommation énergétique, ont permis de maîtriser les coûts d'exploitation de l'ONEE, limitant la pression sur les tarifs de l'eau. De plus, le programme a stimulé l'économie locale en faisant appel à des entreprises marocaines pour les travaux, la supervision et les prestations techniques, dynamisant ainsi l'emploi local.
- Comment l’AFD envisage-t-elle de capitaliser sur les acquis du PAP II à travers l’éventuel PAP III ou d’autres programmes nationaux, notamment face à la raréfaction croissante des ressources en eau au Maroc ?
Un nouveau financement budgétaire est en préparation suite à la signature d'une lettre d'intention en octobre dernier lors de la visite du Président français, en présence de SM le Roi Mohammed VI. Ce programme, cofinancé par plusieurs partenaires européens, abordera des thématiques complémentaires au PAP II, notamment l'amélioration des connaissances sur les ressources en eau, la gestion des événements extrêmes (sécheresses et inondations), la préservation de la qualité de l'eau et la protection des ressources en eau souterraines. L'objectif est de continuer à renforcer la résilience du secteur de l'eau face au changement climatique. Parallèlement, dans le contexte de la réforme institutionnelle et de la création des Sociétés Régionales Multiservices (SRM), une attention particulière sera portée à l'amélioration des performances des réseaux de distribution, un enjeu crucial pour le succès de ce nouveau modèle. Ce nouveau programme capitalisera sur les acquis du PAP II.
L’ère des méga-projets hydriques pour un avenir sécurisé
La semaine dernière, la Banque européenne d'investissement (BEI) a accordé un prêt de 70 millions d'euros à l'ONEE. Ce financement vital renforcera la résilience des infrastructures d'eau potable au Maroc, modernisant la production et le transport d'eau dans les petites et moyennes villes, ainsi que les zones rurales sous stress hydrique. Un soutien qui s'inscrit dans un partenariat de longue date et financera des investissements locaux du Plan d'équipement 2025-2030 de l'ONEE.
Quelques jours avant, précisément le 19 mai, TAQA Morocco, Nareva et le Fonds Mohammed VI ont signé des accords avec le gouvernement et l'ONEE pour un investissement global de près de 130 milliards de dirhams d'ici 2030. Ce partenariat stratégique, englobant l'électricité, le gaz et l'eau, vise avant tout à renforcer la souveraineté hydrique du Maroc. Il garantira la sécurité de l'approvisionnement en eau en ajoutant 900 millions de m³ d'eau dessalée et en assurant le transport de 800 millions de m³ supplémentaires via l'autoroute de l'eau. Ces stations de dessalement seront alimentées par de l'énergie verte développée par TAQA Morocco et ses partenaires.
Quelques jours avant, précisément le 19 mai, TAQA Morocco, Nareva et le Fonds Mohammed VI ont signé des accords avec le gouvernement et l'ONEE pour un investissement global de près de 130 milliards de dirhams d'ici 2030. Ce partenariat stratégique, englobant l'électricité, le gaz et l'eau, vise avant tout à renforcer la souveraineté hydrique du Maroc. Il garantira la sécurité de l'approvisionnement en eau en ajoutant 900 millions de m³ d'eau dessalée et en assurant le transport de 800 millions de m³ supplémentaires via l'autoroute de l'eau. Ces stations de dessalement seront alimentées par de l'énergie verte développée par TAQA Morocco et ses partenaires.
Evaporation de l’eau : Un autre combat à mener au Maroc
Si notre pays avance à pas de géant dans la mise en place de solutions diversifiées pour assurer sa souveraineté et sa sécurité hydriques, force est cependant de constater que la mitigation des pertes par évaporation est encore à ses balbutiements. Pour limiter les pertes par évaporation, plusieurs technologies éprouvées à l’international pourraient être adaptées aux réalités marocaines. L’une d’elles consiste à appliquer à la surface des retenues d’eau une couche ultrafine de composés organiques hydrophobes, des films dits «monomoléculaires», capables de réduire les échanges avec l’air et de ralentir l’évaporation. D’autres approches, comme les couvertures flottantes modulaires ou les installations de panneaux solaires flottants, permettent de couvrir partiellement les plans d’eau, limitant l’exposition au soleil tout en produisant de l’énergie. Certaines expérimentations ont montré que ces dispositifs pouvaient réduire l’évaporation jusqu’à 90%, selon les conditions locales. Toutefois, leur mise en place à grande échelle reste freinée par des contraintes économiques, techniques et écologiques. Dans un pays où chaque mètre cube d’eau compte, ces solutions mériteraient d’être évaluées, testées et généralisées.
Notons qu’en 2023, au Brésil, une centrale solaire flottante de 130 kW a été installée sur un réservoir du Minas Gerais, avec pour effet une baisse de 60% des pertes en eau par évaporation, selon les mesures relevées. En Thaïlande, le barrage de Sirindhorn, dans la province d’Ubon Ratchathani, accueille depuis 2021 une centrale hybride hydro-solaire flottante de 45 MW, conçue pour couvrir une large portion du plan d’eau. Selon ses opérateurs, ce dispositif évite l’évaporation de plus de 460.000 m³ d’eau chaque année, tout en contribuant à la production d’électricité renouvelable.
Notons qu’en 2023, au Brésil, une centrale solaire flottante de 130 kW a été installée sur un réservoir du Minas Gerais, avec pour effet une baisse de 60% des pertes en eau par évaporation, selon les mesures relevées. En Thaïlande, le barrage de Sirindhorn, dans la province d’Ubon Ratchathani, accueille depuis 2021 une centrale hybride hydro-solaire flottante de 45 MW, conçue pour couvrir une large portion du plan d’eau. Selon ses opérateurs, ce dispositif évite l’évaporation de plus de 460.000 m³ d’eau chaque année, tout en contribuant à la production d’électricité renouvelable.