Ils sont habillés comme des chasseurs, à la recherche d’une proie qui pourtant, à tous les coups, leur survivra. Les passionnés de photos de Nature, et plus précisément de photo animalière, sillonnent les écosystèmes à l’affut du bon endroit, de la bonne espèce, du bon moment, et de la bonne lumière. « Comme pour la photo sportive, faire de la photo animalière il y a 20 ans n’était pas chose facile et demandait beaucoup d’investissements. Or depuis que sont apparus les appareils de photographie numérique, de plus en plus de passionnés ont –dans le monde entier- pu rapidement évolué dans cette discipline », explique Karim Laidi, directeur artistique et membre du Groupe Ornithologique du Maroc (GOMAC). Au Maroc, la communauté des photographes animaliers est chaque année plus nombreuse, confirmant ainsi la tendance mondiale.
Une communauté qui s’agrandit « La photographie animalière est une activité qui demande du temps, de l’énergie, de la passion et des investissements. Cela dit, depuis quelques années nous avons vu émerger beaucoup de photographes animaliers marocains dont le niveau ne cesse d’évoluer. C’est en partie grâce aux réseaux sociaux qui ont permis de constituer des communautés et de diffuser au fur et à mesure les photos que font les uns et les autres », remarque pour sa part Lahoucine Faouzi, producteur de la série documentaire Amouddou. Constat confirmé par Karim Laidi qui considère qu’au Maroc la photographie animalière est en phase de développement. « On assiste à une émulation intéressante puisqu’on voit un nombre croissant de personnes qui s’investissent et qui échangent. Cette dynamique crée une concurrence saine et constructive », précise-t-il.
Passage de passion à profession
Parcourir les photos des photographes animaliers marocains suffit à convaincre le néophyte que leur travail est le fruit d’une vraie passion et d’un réel savoir-faire. Est-il cependant envisageable de voir percer ces talents à l’international ou encore de les voir vivre de leur passion ? Certains noms (Rabie Atlas et Saad Rih, entre autres) ont manifestement attiré par leurs travaux, l’attention des connaisseurs d’autres pays. « On est en bonne voie, mais il reste du chemin à faire car au niveau international la barre est vraiment très haute », nuance cependant Karim Laidi. Pour Halima Bousadik, présidente de l’association Moroccan Wildlife Photographers : « le contexte local actuel de valorisation des produits culturels n’est pas très assez favorable pour permettre que les photographes animaliers puissent facilement vivre de leur activité ».
Un support d’éducation à l’environnement
Cependant, au-delà de chercher les moyens de positionner un nouveau métier, Halima Bousadik et sa communauté semblent plus prioriser la diffusion de l’éthique de la photo animalière et l’utilisation des photos pour un objectif de sensibilisation. « Quand on a commencé à voir grandir notre répertoire de photographies, nous avons d’abord pensé à nous constituer en association. Il fallait ensuite décider de ce que nous allions faire de ces photographies. Après discussions nous avions décidé de les utiliser à des fins de sensibilisation et d’éducation des jeunes à l’environnement », raconte Halima Bousadik. Depuis, l’association a organisé plusieurs événements et expositions dans cet objectif. Plus de 400 jeunes ont été formés par la MWP dans le domaine de la photographie dont beaucoup ont également signé la charte de l’éthique du photographe animalier (voir infographie).
Connaître pour photographier
En plus d’être un art, photographier le Vivant est un sport. « Pour prendre de bonnes photos il faut avoir la capacité de faire beaucoup de terrain. Généralement on finit rapidement par mieux connaître les espèces et leurs écologies ce qui en fait un excellent moyen de se divertir, de prendre l’air et de mieux connaitre la Nature. C’est un exercice qui est très similaire à la chasse car il fait appel aux même instincts », estime Karim Laidi. Comme un chasseur, le photographe animalier se camoufle, se fond avec le paysage et guette sa proie. Comme à la chasse, après l’effort vient l’affût, puis la respiration s’arrête le temps de viser. Puis de tirer. Sauf que le chasseur tue, pendant que le photographe immortalise.
Une communauté qui s’agrandit « La photographie animalière est une activité qui demande du temps, de l’énergie, de la passion et des investissements. Cela dit, depuis quelques années nous avons vu émerger beaucoup de photographes animaliers marocains dont le niveau ne cesse d’évoluer. C’est en partie grâce aux réseaux sociaux qui ont permis de constituer des communautés et de diffuser au fur et à mesure les photos que font les uns et les autres », remarque pour sa part Lahoucine Faouzi, producteur de la série documentaire Amouddou. Constat confirmé par Karim Laidi qui considère qu’au Maroc la photographie animalière est en phase de développement. « On assiste à une émulation intéressante puisqu’on voit un nombre croissant de personnes qui s’investissent et qui échangent. Cette dynamique crée une concurrence saine et constructive », précise-t-il.
Passage de passion à profession
Parcourir les photos des photographes animaliers marocains suffit à convaincre le néophyte que leur travail est le fruit d’une vraie passion et d’un réel savoir-faire. Est-il cependant envisageable de voir percer ces talents à l’international ou encore de les voir vivre de leur passion ? Certains noms (Rabie Atlas et Saad Rih, entre autres) ont manifestement attiré par leurs travaux, l’attention des connaisseurs d’autres pays. « On est en bonne voie, mais il reste du chemin à faire car au niveau international la barre est vraiment très haute », nuance cependant Karim Laidi. Pour Halima Bousadik, présidente de l’association Moroccan Wildlife Photographers : « le contexte local actuel de valorisation des produits culturels n’est pas très assez favorable pour permettre que les photographes animaliers puissent facilement vivre de leur activité ».
Un support d’éducation à l’environnement
Cependant, au-delà de chercher les moyens de positionner un nouveau métier, Halima Bousadik et sa communauté semblent plus prioriser la diffusion de l’éthique de la photo animalière et l’utilisation des photos pour un objectif de sensibilisation. « Quand on a commencé à voir grandir notre répertoire de photographies, nous avons d’abord pensé à nous constituer en association. Il fallait ensuite décider de ce que nous allions faire de ces photographies. Après discussions nous avions décidé de les utiliser à des fins de sensibilisation et d’éducation des jeunes à l’environnement », raconte Halima Bousadik. Depuis, l’association a organisé plusieurs événements et expositions dans cet objectif. Plus de 400 jeunes ont été formés par la MWP dans le domaine de la photographie dont beaucoup ont également signé la charte de l’éthique du photographe animalier (voir infographie).
Connaître pour photographier
En plus d’être un art, photographier le Vivant est un sport. « Pour prendre de bonnes photos il faut avoir la capacité de faire beaucoup de terrain. Généralement on finit rapidement par mieux connaître les espèces et leurs écologies ce qui en fait un excellent moyen de se divertir, de prendre l’air et de mieux connaitre la Nature. C’est un exercice qui est très similaire à la chasse car il fait appel aux même instincts », estime Karim Laidi. Comme un chasseur, le photographe animalier se camoufle, se fond avec le paysage et guette sa proie. Comme à la chasse, après l’effort vient l’affût, puis la respiration s’arrête le temps de viser. Puis de tirer. Sauf que le chasseur tue, pendant que le photographe immortalise.
Oussama ABAOUSS
Encadré
Quand la photo animalière s’érige en filière d’écotourisme
Si beaucoup de touristes étrangers viennent au Maroc pour découvrir ses villes pittoresques, ses plages et sa culture, il existe des visiteurs qui arrivent principalement pour observer et photographier des espèces sauvages. « Un nombre croissant de naturalistes, de scientifiques et de passionnés visitent le Maroc chaque année pour faire des photos animalières », confirme Brahim Bakass, naturaliste et guide touristique. La plupart de ces touristes sont des « birdwatchers » et cherchent le plus souvent à visiter les sites où ils pourront observer et photographier des oiseaux souvent rares et parfois endémiques comme l’ibis chauve, le hibou du cap ou l’engoulevent doré. Si ces touristes sont souvent intéressés par toutes les espèces de la faune, il en existe cependant qui cherchent certaines familles particulières. C’est le cas des amateurs d’herpétologie qui viennent des quatre coins du monde pour photographier les reptiles du Royaume. « Depuis 2008, chaque année, du mois d’avril au mois d’octobre, une quinzaine de groupes composés de personnes de nationalités diverses arrivent au Maroc uniquement pour photographier les serpents, les lézards, les amphibiens et les arthropodes endémique du pays », témoigne Abdellah Bouazza, herpétologue et enseignant chercheur à l’université Ibn Zohr. « La biodiversité du Royaume héberge plusieurs espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Pour les connaisseurs et les amateurs de la Nature cela justifie largement le déplacement », résume Karim Laidi, membre du Groupe Ornithologique du Maroc.
3 questions à Halima Bousadik, photographe animalière
Halima Bousadik
« faire de la photo animalière est pour moi une vraie passion »
Présidente de l’association Moroccan Wildlife Photographers et membre du GREPOM, Halima Bousadik a répondu à nos questions sur sa passion pour la photographie animalière.
- Comment a commencé votre passion pour la photo animalière ?
- Tout a commencé par une formation faite par le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM) en 2013 à laquelle j’avais assisté. A l’époque il n’y avait que quelques photographes animaliers marocains. Cette formation m’avait fascinée. Après cela j’ai acheté du matériel et je me suis lancée. Par la suite j’ai fait connaissance avec plusieurs photographes qui faisaient d’autres genres de photos (urbaines, portraits ou encore des paysages) mais qui n’avaient jamais essayé de faire de la photo animalière. A deux reprises je les avais invités (à Oualidia et à Sidi Boughaba) pour les intéresser à cette discipline.
- Et ça a marché ? Ces photographes se sont « convertis » ?
- Oui, c’était le premier noyau de photographes qui ont réellement commencé à s’investir et à se spécialiser dans la photo animalière. Depuis nous avons fais beaucoup de sorties sur le terrain pour nous exercer. En fin de journée, nous faisions le bilan de ce que nous avions photographié. C’est là qu’ils apprenaient à connaître et à différencier les différentes espèces. Après un certain temps, les publications sur les réseaux sociaux ont donné leurs fruits et d’autres personnes ont rejoint notre communauté.
- Que représente pour vous la photo animalière aujourd’hui ?
- Aujourd’hui, faire de la photo animalière est pour moi une vraie passion. C’est devenu pour moi une activité essentielle qui m’apporte beaucoup et qui renforce ma relation avec la Nature.
Présidente de l’association Moroccan Wildlife Photographers et membre du GREPOM, Halima Bousadik a répondu à nos questions sur sa passion pour la photographie animalière.
- Comment a commencé votre passion pour la photo animalière ?
- Tout a commencé par une formation faite par le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux au Maroc (GREPOM) en 2013 à laquelle j’avais assisté. A l’époque il n’y avait que quelques photographes animaliers marocains. Cette formation m’avait fascinée. Après cela j’ai acheté du matériel et je me suis lancée. Par la suite j’ai fait connaissance avec plusieurs photographes qui faisaient d’autres genres de photos (urbaines, portraits ou encore des paysages) mais qui n’avaient jamais essayé de faire de la photo animalière. A deux reprises je les avais invités (à Oualidia et à Sidi Boughaba) pour les intéresser à cette discipline.
- Et ça a marché ? Ces photographes se sont « convertis » ?
- Oui, c’était le premier noyau de photographes qui ont réellement commencé à s’investir et à se spécialiser dans la photo animalière. Depuis nous avons fais beaucoup de sorties sur le terrain pour nous exercer. En fin de journée, nous faisions le bilan de ce que nous avions photographié. C’est là qu’ils apprenaient à connaître et à différencier les différentes espèces. Après un certain temps, les publications sur les réseaux sociaux ont donné leurs fruits et d’autres personnes ont rejoint notre communauté.
- Que représente pour vous la photo animalière aujourd’hui ?
- Aujourd’hui, faire de la photo animalière est pour moi une vraie passion. C’est devenu pour moi une activité essentielle qui m’apporte beaucoup et qui renforce ma relation avec la Nature.
Recueillis par O. A.
Repères
1er festival de la photo de Nature
La première édition du festival de la photographie de la Nature a été organisée du 23 au 29 octobre 2019 à la Maison de la Cédraie dans la région d’Ifrane. L’événement organisé par le Département des Eaux et Forêts, en partenariat avec l’association Moroccan Wildlife Photographers, était le premier en son genre au Maroc. Au programme, plusieurs expositions photographiques et projections de films professionnels et amateurs qui traitaient différents aspects du patrimoine naturel et écologique du pays.
Moroccan Wildlife Photographers
Lors d’une visioconférence organisée le dimanche 28 juin l’association Moroccan Wildlife Photographers a officiellement lancé une exposition virtuelle 3D (à découvrir à l’adresse www.mwpassociation.ma). A rappeler que l’association avait organisé l’an dernier une exposition itinérante qui avait sillonné plusieurs villes du Royaume. L’association a également préparé des planches qui illustrent la richesse de la biodiversité du Maroc, qui ont ensuite été fournies à plusieurs établissements scolaires.