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International

Palestine : Les Palestiniens de nouveau face au spectre de l'exode


Rédigé par L'Opinion Jeudi 14 Décembre 2023

L'expulsion d'une population civile hors de son territoire est interdite par les conventions de Genève, qui constituent le cœur du droit humanitaire international. Mais Israël qui n’en a cure a poussé près de 85% de la population de la Bande de Gaza à l’exode.



Alors que la majorité des habitants de Gaza sont déplacés et que les troupes israéliennes s'enfoncent dans le territoire palestinien, des responsables de l'ONU agitent le spectre de l'expulsion des habitants vers l'Egypte.

Selon les Nations unies, plus de deux mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a pris le pouvoir dans la bande de Gaza en 2007, ont forcé près de 85% de la population à quitter leur domicile.

Israël a ordonné aux civils de fuir toujours plus au sud, ce qui a eu pour effet de submerger la ville frontalière de Rafah qui, à son tour, n’a pas été épargnée des bombardements israéliens.

Dimanche dernier, depuis le Qatar, le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde contre "une pression accrue en faveur d'un déplacement massif vers l'Egypte".

Ses remarques font écho à celles de Philippe Lazzarini, chef de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), qui a averti que "les événements auxquels nous assistons témoignent de tentatives de déplacer les Palestiniens vers l'Egypte, qu'ils y restent ou qu'ils soient réinstallés ailleurs".

Dans une tribune parue samedi dans le Los Angeles Times, il estimait que le pilonnage du nord de Gaza et la fuite de ses habitants vers le sud étaient "la première étape de ce scénario", l'étape suivante consistant à contraindre les civils à quitter la grande ville du sud de Gaza, Khan Younès, pour se masser à la frontière avec l'Egypte.
 
Expulser les Palestiniens de Gaza
 
Interrogé sur ces propos, un porte-parole de l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles palestiniennes, le Cogat, a indiqué à l'AFP qu’"Il n'y a pas, il n'y a jamais eu et il n'y aura jamais de projet israélien de déplacer les habitants de Gaza en Egypte".

Mais plusieurs membres du gouvernement israélien ont toutefois, et publiquement, défendu l'hypothèse d'un départ des Palestiniens du territoire.

Le mois dernier, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a déclaré sur Facebook qu'il se félicitait de la "migration des Arabes de Gaza vers les pays du monde".

La ministre israélienne du Renseignement, Gila Gamliel, a quant à elle appelé la communauté internationale à "promouvoir la réinstallation volontaire" des Palestiniens "hors de la bande de Gaza", "plutôt que d'envoyer de l'argent pour reconstruire" le territoire.

D'anciens responsables israéliens ont suggéré dans des interviews à la TV que l'Egypte reconstruise de vastes campements de tentes dans le désert du Sinaï, avec un financement international.
 
Un crime de guerre, ni plus ni moins
 
L'expulsion d'une population civile hors de son territoire est interdite par les conventions de Genève, qui constituent le cœur du droit humanitaire international.

"Si elle a lieu dans le cadre d'un conflit armé, il s'agit d'un crime de guerre", rappelle Sheila Paylan, avocate spécialisée dans les droits humains et ancienne conseillère auprès des Nations unies.

Les statuts de la Cour pénale internationale (CPI) désignent la "déportation ou le transfert forcé de population" comme un crime contre l'humanité.

Les dirigeants n'ont pas besoin d'annoncer que les gens doivent partir pour que cela soit considéré comme un transfert forcé, selon Mme Paylan. "Si vous rendez les conditions de vie impossibles pour les gens, alors ils n'ont pas le choix".

De nombreuses condamnations ont été prononcées avec succès pour des déplacements forcés de civils, notamment par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone et la CPI.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prévenu que l'exode des Palestiniens de Gaza représenterait une "seconde Nakba".

La "Nakba" est le terme utilisé par les Palestiniens pour désigner l'exode de quelque 760.000 d'entre eux, poussés au départ à la création de l'Etat d'Israël en 1948.

Plus de 80% des habitants de Gaza sont des réfugiés ou des descendants de réfugiés de 1948. L'UNRWA dénombre quelque six millions de réfugiés palestiniens en Cisjordanie occupée, dans la bande de Gaza, en Jordanie, au Liban et en Syrie.

La couverture médiatique de l'offensive israélienne révèle l’aliénation de la presse française

La guerre démarrée par Israël après l’attaque menée par le Hamas le 7 octobre dernier, a crispé l’opinion publique, en France comme ailleurs.

Mais si de tout temps, les guerres armées se traduisent par des guerres de communication entre les belligérants, la question palestinienne, celle de la colonisation et plus globalement du conflit israélo-palestinien, provoquent des réactions virulentes dans l’Hexagone.

La presse mainstream n’est à ce titre pas épargnée par les tensions même si les lignes éditoriales de nombre de médias, sont clairement acquises à la politique menée par Israël.

Et la concentration des médias n’aide pas à maintenir une certaine pluralité sur les antennes, où trop souvent, les éléments de langage de l’armée israélienne sont repris en boucle sans aucune contradiction, ni remise en question.

Pour ne citer qu’eux, Patrick Drahi, Vincent Bolloré, ou encore Bernard Arnault, ont ainsi marqué les médias qu’ils détiennent en s’assurant d’y présenter le conflit avec un œil bien précis, permettant notamment à Israël de jouer le beau rôle.

Si la France et plus globalement l’Union européenne (UE) considèrent le Hamas comme un groupe terroriste, la presse a naturellement pris beaucoup de distance avec les éléments de communication du mouvement, sans manquer de l’accuser de se livrer à de la «propagande».



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