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International

OMS : Les Etats-Unis étrillent l’organisation, les autres pays la défendent


Mercredi 20 Mai 2020

Washington a stigmatisé l’OMS, la qualifiant de « marionnette de la Chine », les autres capitales ont chanté les louanges de l’organisation onusienne.



L’OMS a tenu lundi sa première Assemblée mondiale de la santé (AMS) virtuelle
L’OMS a tenu lundi sa première Assemblée mondiale de la santé (AMS) virtuelle
«Je ne suis pas content de l’Organisation mondiale de la santé», a tempêté le président américain Donald Trump depuis la Maison Blanche, lors de la réunion annuelle de l’organisation. «Ils sont une marionnette de la Chine».

Interrogé sur l’avenir de la contribution américaine à cette organisation, dont il avait annoncé la suspension mi-avril, Trump est resté évasif. «Nous allons prendre une décision bientôt», a-t-il assuré. Washington était le premier bailleur de l’agence onusienne.

Donald Trump, qui soupçonne Pékin d’avoir caché un accident de laboratoire qui aurait été à l’origine de la pandémie, a déjà accusé l’OMS de s’être «plantée» en s’alignant sur les positions chinoises au début de l’épidémie. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a dénoncé «l’absence d’indépendance» du directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, et accusé l’OMS d’avoir «choisi de ne pas inviter Taïwan sous la pression de la République populaire de Chine».

Les pays membres ont également décidé de reporter les débats sur la participation de Taïwan comme observateur, réclamée par les Etats-Unis et une quinzaine d’autres pays. Après avoir bénéficié d’un statut d’observateur, l’île a été exclue de l’OMS en 2016 sous pression chinoise, la présidente taïwanaise refusant de reconnaître le principe de l’unité de l’île et de la Chine continentale au sein d’un même pays.

Le report des débats a été accepté lundi sans opposition des EtatsUnis mais peu après. 

L’OMS a tenu lundi sa première Assemblée mondiale de la santé (AMS) virtuelle, qui s’est finalement achevée dans la soirée et non mardi. Dans un discours diamétralement opposé, la très grande majorité des hauts dignitaires ayant pris la parole à l’occasion de ce marathon diplomatique virtuel ont chanté les louanges de l’OMS et de son patron, tout en reconnaissant la nécessité de renforcer cette agence spécialisée des Nations unies.

Alors que l’OMS «dépend à 80% des contributions volontaires» des pays, «est-il décent d’exiger tellement d’elle et de payer de manière aussi arbitraire», a notamment lancé la présidente suisse, Simonetta Sommaruga.

Ouvrant les discussions, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a pour sa part critiqué les pays ayant «ignoré les recommandations de l’OMS», estimant que le monde payait aujourd’hui au «prix fort» les stratégies divergentes.

Un «bien public mondial», le vaccin chinois

Appelant à un «effort multilatéral énorme» face à cette «tragédie», il a dit espérer «que la recherche d’un vaccin pourra en être le point de départ».

Comme en écho, le président chinois Xi Jinping a assuré qu’un éventuel vaccin chinois deviendra un «bien public mondial», promettant que son pays consacrerait par ailleurs deux milliards de dollars sur deux ans à la lutte mondiale contre le Covid-19.

Dans un message vidéo, le président français Emmanuel Macron a également affirmé que si un vaccin est découvert, il «sera un bien public mondial, auquel chacun devra pouvoir avoir accès».

Malgré les vives critiques américaines à l’égard de l’OMS et de la Chine, les pays œuvraient pour adopter une résolution portée par l’Union européenne qui réclame «l’accès universel, rapide et équitable de tous les produits (...) nécessaires à la riposte contre la pandémie», et souligne le rôle d’une «vaccination à grande échelle contre le Covid-19, en tant que bien public mondial».

Le texte demande aussi de lancer «au plus tôt (...) un processus d’évaluation» pour examiner la riposte sanitaire internationale et les mesures prises par l’OMS face à la pandémie.

Il appelle aussi l’OMS à «collaborer étroitement avec l’Organisation mondiale de la santé animale, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture et les pays (...) en vue d’identifier la source zoonotique du virus et de déterminer par quelle voie il s’est introduit dans la population humaine, (...) notamment moyennant des missions scientifiques et des missions de collaboration sur le terrain».

«Aucun sujet n’a été évité» dans la résolution, comme «continuer à réformer l’OMS et notamment ses capacités qui se sont révélées insuffisantes pour prévenir une crise de cette ampleur», a assuré cette source européenne.

LTedros Adhanom Ghebreyesus a d’ores et déjà réaffirmé lundi que l’OMS avait sonné l’alarme «rapidement» et «souvent», et qu’il lancerait une enquête «indépendante» sur la réponse à la pandémie de l’agence onusienne et de ses Etats membres «le plus tôt possible au moment approprié».