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International

Meurtre de Shireen Abu Akleh : Les images du martyr décortiquées par CheckNews


Rédigé par L'Opinion Jeudi 12 Mai 2022

En couverture des opérations militaires israéliennes à Jénine en Cisjordanie occupée, la journaliste Shireen Abu Akleh a été tuée mercredi matin, et plusieurs témoins parlent d’un tir israélien.



Meurtre de Shireen Abu Akleh : Les images du martyr décortiquées par CheckNews
La journaliste Shireen Abu Akleh, de la chaîne arabe Al-Jezeera, a été tuée mercredi matin, alors qu’elle couvrait des opérations menées par l’armée israélienne dans le camp de réfugiés de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Plusieurs témoins parlent d’un tir israélien.

CheckNews a rassemblé et analysé une dizaine de vidéos, localisées ensuite sur une carte, afin de mieux comprendre le contexte de sa mort.

Tournées par des journalistes ou des témoins, différentes images montrent, dans un premier temps, le corps inerte de Shireen Abu Akleh, face contre terre. Ces vidéos ont été géolocalisées au nord du camp de réfugiés, situé à l’ouest de Jénine (point numéro 1 sur la carte). CheckNews a pu confirmer cette localisation à partir d’autres images de la rue.

Quelques secondes avant que son corps n’apparaisse à l’image, on entend sept détonations, qui semblent correspondre à des tirs venant en amont de cette rue, donc du sud. Une autre journaliste est abritée juste à côté, derrière un arbre. Quand un homme tente une première fois de traîner le corps de Shireen Abu Akleh, une nouvelle détonation retentit.

Les images montrent que la journaliste, équipée d’un casque et d’un gilet balistique estampillés presse, est blessée à la tête.

Des soldats israéliens présents au moment du meurtre

D’autres vidéos amateurs, rassemblées et géolocalisées par CheckNews, permettent d’éclairer les circonstances dans lesquelles la journaliste palestinienne a été tuée.

L’une de ces séquences, diffusée sur le réseau social TikTok à peu près au même moment que la mort de Shireen Abu Akleh, montre des soldats israéliens présents en haut de cette même rue, celle dont provenaient vraisemblablement les tirs qui ont tué la journaliste. Néanmoins, ces images, où l’on entend des détonations, ne permettent pas d’affirmer que ce sont ces militaires qui ont tiré sur Shireen Abu Akleh.

En effet, plus haut dans le quartier, des soldats israéliens échangent des tirs avec des hommes armés, visiblement membres de la résistance palestinienne (points 3 et 5 sur la carte).
 

Sur une vidéo diffusée par le ministère des Affaires étrangères, on aperçoit ainsi un groupe de Palestiniens, incluant des combattants armés, dont l’un tire dans une ruelle du camp de Jénine (point 3 sur la carte, la flèche correspondant à la direction des tirs). On y entend principalement l’homme derrière la caméra crier aux personnes qui l’entourent de faire attention.

Dans les dernières secondes de la vidéo (dont la version intégrale dure 26 secondes), une voix s’exclame : «Il y en a un qui est touché !» Mais sans préciser si elle s’exprime alors à propos d’un soldat israélien, ou d’un Palestinien. Ce qui contredit certaines, traductions, israéliennes en particuliers, selon lesquelles les Palestiniens se seraient félicités d’avoir «touché un soldat».

Dans un communiqué rendu public à 17 heures (heure française), l’armée israélienne a diffusé une vidéo de la même opération, mais côté israélien. On y aperçoit des soldats, dans le lotissement où a été filmée la scène du Palestinien ouvrant le feu, mais deux rues plus bas (point 5 sur la carte). De multiples détonations résonnent tout au long de la vidéo, mais la séquence s’interrompt lorsque les militaires rejoignent leurs véhicules, en haut de la rue où Shireen Abu Akleh a trouvé la mort (point 2 sur la carte).

A noter, enfin, qu’un groupe de Palestiniens, dont certains armés, évoluait également dans le secteur (point 4 sur la carte), comme le montrent différentes images et vidéos diffusées sur TikTok ainsi que sur un canal Telegram local.

Du côté de l’armée israélienne, on explique que des soldats intervenaient dans le camp de Jénine, afin «d’appréhender des personnes soupçonnées de terrorisme». «Des dizaines d’hommes armés palestiniens ont ouvert le feu et lancé des objets explosifs en direction des forces israéliennes, menaçant leur vie. Les soldats ont répliqué. Des personnes ont été atteintes», avance l’armée israélienne.


Les Palestiniens refusent de fournir aux Israéliens la balle du crime
 
L'Autorité palestinienne a rejeté une demande israélienne d'obtention de la balle qui a tué la journaliste de la chaîne d'information qatarie "Al-Jazeera", Shireen Abu Akleh, à Jénine, mercredi 11 mai (selon un membre du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine, Hussein Al-Sheikh).

Al-Sheikh a révélé que l'autorité mènera une enquête indépendante, affirmant qu'"Israël a demandé une enquête conjointe et qu’on lui remette la balle qui a assassiné la journaliste. Nous l'avons refusé".

Il a poursuivi dans un tweet, "Nous avons confirmé l'achèvement de notre enquête de manière indépendante, et nous informerons sa famille, les États-Unis d'Amérique, le Qatar et les instances officielles des résultats de l'enquête avec une haute transparence", avant de conclure que  "toutes les indications, preuves et témoins confirment son assassinat par des unités spéciales israéliennes".

Le meurtre de la journaliste américano-palestinienne a été largement condamné par la communauté internationale et appelle à une enquête transparente qui montrerait qui était responsable de son meurtre.

L’éditorialiste de Haaretz, le journal de la gauche en Israël, affirme que seule une enquête internationale permettra d’obtenir des conclusions crédibles.

Aussi, de nombreux journalistes israéliens relatent les relations professionnelles et chaleureuses qu’ils ont entretenues avec Shireen.
 
La version palestinienne est qualifiée de pure propagande. La mort de la journaliste va devenir une excuse à des attaques terroristes contre Israël, souligne le Jerusalem Post.