Dans un Maroc en mutation rapide, où le progrès technologique et la modernisation des infrastructures de transport bouleversent les repères, certains vestiges du passé continuent à faire battre le cœur des nostalgiques. C’est précisément cet attachement au patrimoine vivant que capte avec finesse le réalisateur américain Matthew Trainor dans son court-métrage Merci Dix, tourné intégralement à Marrakech et diffusé récemment sur la plateforme artistique internationale Nowness.
Installé à Los Angeles et reconnu pour ses travaux documentaires et publicitaires à l’esthétique singulière, Trainor a posé sa caméra sur un sujet aussi inattendu que poignant : les grands taxis marocains, ces Mercedes-Benz 240D devenues de véritables icônes nationales. À travers le regard d’Ibrahim, chauffeur de taxi depuis trois décennies, Merci Dix raconte bien plus qu’un métier. Il évoque une philosophie de vie, une mémoire collective, une forme de poésie du quotidien aujourd’hui en voie de disparition.
Entièrement tourné en pellicule 16 mm – un choix esthétique assumé qui ajoute une texture organique et nostalgique au récit –, le film suit le parcours d’Ibrahim dans les ruelles et boulevards de Marrakech. À bord de sa Mercedes beige, symbole d’une époque révolue, il nous parle de son métier, de ses passagers, des liens qui se créent dans l’intimité d’un trajet, et de la transformation d’un monde qu’il regarde avec tendresse mais aussi résignation.
Car le véhicule, aussi mythique soit-il, est devenu rare. Là où il y a quelques années encore, ils formaient une flotte imposante sillonnant les routes marocaines, il n’en reste que six en circulation à Marrakech, selon Ibrahim. Supplantés par des modèles modernes, plus économiques, les 240D incarnent désormais une forme de résistance discrète au culte de la performance et de la vitesse.
« Dans une ville en pleine modernisation, Ibrahim choisit d’avancer à son rythme », explique Matthew Trainor dans les notes de production du film. « Monter à bord de sa voiture, c’est être à l’écoute, être invité, parfois même témoin d’un moment intime, et finalement, être un ami. » Cette déclaration résume l’esprit du film : Merci Dix est autant un portrait humain qu’une ode mécanique. La voiture y est élevée au rang de personnage à part entière, miroir du chauffeur, compagnon de route, témoin muet de milliers de trajectoires croisées.
Le titre du film, Merci Dix, est lui aussi porteur de sens. Il renvoie à une expression typiquement franco-marocaine – contraction affectueuse de « merci dix fois » – popularisée par les chauffeurs de grand taxi. Cette formule, lancée dans un élan de gratitude familière, est ici reprise comme un clin d’œil à une époque et à une génération dont Ibrahim est l’un des derniers représentants.
L’œuvre de Trainor n’est pas sans rappeler d’autres démarches artistiques qui cherchent à documenter l’invisible, l’éphémère, ou ce qui résiste au rouleau compresseur de la mondialisation. En filmant sans artifices un homme et son véhicule dans leur décor urbain quotidien, le réalisateur dresse aussi le portrait d’un Maroc à la croisée des chemins : celui d’hier, où prévalaient les échanges humains, les trajets partagés et les récits oraux ; et celui d’aujourd’hui, davantage tourné vers l’efficacité, le digital et la vitesse.
En cela, Merci Dix est bien plus qu’un hommage esthétique. Il soulève une réflexion plus large sur la mémoire urbaine, la transmission des métiers populaires et l’importance de préserver les symboles du patrimoine roulant. Dans un pays où les réformes du secteur du transport battent leur plein – notamment avec l’introduction de flottes électriques et de services numériques comme les VTC –, ce court-métrage rappelle avec émotion que la modernité ne devrait pas se faire au prix de l’effacement des visages et des objets qui ont façonné le quotidien.
Diffusé sur Nowness, plateforme mondialement reconnue pour sa sélection rigoureuse de contenus artistiques visuels, Merci Dix a d’ores et déjà reçu un accueil enthousiaste de la critique. Il s’inscrit dans une tendance contemporaine du cinéma documentaire qui valorise les récits courts, incarnés, profondément ancrés dans le local mais ouverts à l’universalité.
À travers ce film, Matthew Trainor réussit une double prouesse : offrir un témoignage sincère sur la culture marocaine du transport et capturer, avec une grande délicatesse, les battements d’un Maroc à la fois fidèle à lui-même et tourné vers demain. Dans cette Mercedes 240D devenue totem, c’est tout un imaginaire populaire qui défile, moteur allumé, le temps d’un dernier voyage cinématographique.
Installé à Los Angeles et reconnu pour ses travaux documentaires et publicitaires à l’esthétique singulière, Trainor a posé sa caméra sur un sujet aussi inattendu que poignant : les grands taxis marocains, ces Mercedes-Benz 240D devenues de véritables icônes nationales. À travers le regard d’Ibrahim, chauffeur de taxi depuis trois décennies, Merci Dix raconte bien plus qu’un métier. Il évoque une philosophie de vie, une mémoire collective, une forme de poésie du quotidien aujourd’hui en voie de disparition.
Entièrement tourné en pellicule 16 mm – un choix esthétique assumé qui ajoute une texture organique et nostalgique au récit –, le film suit le parcours d’Ibrahim dans les ruelles et boulevards de Marrakech. À bord de sa Mercedes beige, symbole d’une époque révolue, il nous parle de son métier, de ses passagers, des liens qui se créent dans l’intimité d’un trajet, et de la transformation d’un monde qu’il regarde avec tendresse mais aussi résignation.
Car le véhicule, aussi mythique soit-il, est devenu rare. Là où il y a quelques années encore, ils formaient une flotte imposante sillonnant les routes marocaines, il n’en reste que six en circulation à Marrakech, selon Ibrahim. Supplantés par des modèles modernes, plus économiques, les 240D incarnent désormais une forme de résistance discrète au culte de la performance et de la vitesse.
« Dans une ville en pleine modernisation, Ibrahim choisit d’avancer à son rythme », explique Matthew Trainor dans les notes de production du film. « Monter à bord de sa voiture, c’est être à l’écoute, être invité, parfois même témoin d’un moment intime, et finalement, être un ami. » Cette déclaration résume l’esprit du film : Merci Dix est autant un portrait humain qu’une ode mécanique. La voiture y est élevée au rang de personnage à part entière, miroir du chauffeur, compagnon de route, témoin muet de milliers de trajectoires croisées.
Le titre du film, Merci Dix, est lui aussi porteur de sens. Il renvoie à une expression typiquement franco-marocaine – contraction affectueuse de « merci dix fois » – popularisée par les chauffeurs de grand taxi. Cette formule, lancée dans un élan de gratitude familière, est ici reprise comme un clin d’œil à une époque et à une génération dont Ibrahim est l’un des derniers représentants.
L’œuvre de Trainor n’est pas sans rappeler d’autres démarches artistiques qui cherchent à documenter l’invisible, l’éphémère, ou ce qui résiste au rouleau compresseur de la mondialisation. En filmant sans artifices un homme et son véhicule dans leur décor urbain quotidien, le réalisateur dresse aussi le portrait d’un Maroc à la croisée des chemins : celui d’hier, où prévalaient les échanges humains, les trajets partagés et les récits oraux ; et celui d’aujourd’hui, davantage tourné vers l’efficacité, le digital et la vitesse.
En cela, Merci Dix est bien plus qu’un hommage esthétique. Il soulève une réflexion plus large sur la mémoire urbaine, la transmission des métiers populaires et l’importance de préserver les symboles du patrimoine roulant. Dans un pays où les réformes du secteur du transport battent leur plein – notamment avec l’introduction de flottes électriques et de services numériques comme les VTC –, ce court-métrage rappelle avec émotion que la modernité ne devrait pas se faire au prix de l’effacement des visages et des objets qui ont façonné le quotidien.
Diffusé sur Nowness, plateforme mondialement reconnue pour sa sélection rigoureuse de contenus artistiques visuels, Merci Dix a d’ores et déjà reçu un accueil enthousiaste de la critique. Il s’inscrit dans une tendance contemporaine du cinéma documentaire qui valorise les récits courts, incarnés, profondément ancrés dans le local mais ouverts à l’universalité.
À travers ce film, Matthew Trainor réussit une double prouesse : offrir un témoignage sincère sur la culture marocaine du transport et capturer, avec une grande délicatesse, les battements d’un Maroc à la fois fidèle à lui-même et tourné vers demain. Dans cette Mercedes 240D devenue totem, c’est tout un imaginaire populaire qui défile, moteur allumé, le temps d’un dernier voyage cinématographique.