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International

Mer de Chine : Pékin lance de vastes exercices militaires autour de Taïwan


Rédigé par L'Opinion Jeudi 4 Août 2022

L’armée chinoise a entamé, jeudi, des exercices militaires autour de Taïwan qui se dit prêt « à la guerre ». L’UE condamne une réaction « agressive » chinoise.



La situation se tend davantage entre la Chine et Taïwan, après une visite de 24h de la cheffe des députés américains, Nancy Pelosi, sur l’île, attachée à son indépendance et sous la menace constante d’une invasion de la Chine.

Les relations se sont encore plus dégradées au point que Pékin a lancé ce jeudi d’importants exercices militaires tout près de Taïwan . Six zones sont concernées par ces nouvelles manœuvres militaires d’ampleur, notamment au niveau de certaines routes commerciales très fréquentées.

La télévision publique chinoise CCTV a annoncé la nouvelle dans un message sur les réseaux sociaux, dont s’est fait l’écho l’AFP. Cet exercice devrait durer jusqu’à dimanche midi et pourrait parfois avoir lieu à seulement 20km des côtes taïwanaises selon les zones.

D’après le journal Global Times, qui cite des analystes militaires, les exercices sont d'une ampleur « sans précédent».

En effet, le quotidien indique que « c’est la première fois que l'armée chinoise va lancer des tirs d'artillerie à munitions réelles et de longue portée au-dessus du détroit de Taïwan ».

Mise à exécution des menaces chinoises

L'AFP rapporte également que l'armée chinoise a tiré des projectiles non identifiés vers le détroit de Taïwan. Des journalistes de l'agence de presse assurent que ces tirs ont été lancés près d'installations militaires et se sont envolés vers la mer, suivis de fumée blanche.

Déjà et juste quelques heures seulement après le départ de Nancy Pelosi, 27 avions militaires chinois sont entrés dans la zone de défense aérienne taïwanaise. Pékin, qui avait annoncé des actions militaires ciblées en cas de venue de la présidente de la Chambre des représentants, a donc mis ses menaces à exécution.

En réponse, dans un communiqué publié ce jeudi, le ministère taïwanais de la Défense a indiqué qu'il « respectera le principe de se préparer à la guerre sans chercher la guerre».

Le porte-parole du ministère taïwanais de la Défense, Sun Li-fang, a également condamné « un acte irrationnel visant à défier l'ordre international ». « Certaines des zones des manœuvres de la Chine empiètent sur (...) les eaux territoriales de Taïwan », accuse-t-il comme le relate l’AFP.
 
Condamnation de l’UE

Du côté de l’Europe, le chef de la diplomatie de l'Union européenne (UE), Josep Borrell, a condamné ces manœuvres militaires « agressives », estimant qu’il n’y a « aucune justification » à utiliser « comme prétexte » la visite de Nancy Pelosi à Taïwan puisqu’il est « normal pour les députés de nos pays de voyager à l’international », a-t-il indiqué sur Twitter.

Ses homologues de l’Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont prévenu dans un communiqué que des « conflits ouverts » étaient possibles près de Taïwan.

Appelant au calme, l’Asean s’est dite « préoccupée par l'instabilité internationale et régionale ».

Mardi, Nancy Pelosi s’est rendue à Taïwan dans le cadre de sa tournée asiatique, après deux étapes en Malaisie et Singapour. La présidente de la Chambre des représentants est la plus haute responsable américaine élue à se rendre à Taipei en 25 ans. Cette visite affirmant le soutien des États-Unis à Taïwan a provoqué la fureur de la Chine qui a rapidement formulé des menaces militaires.

La démarche de Nancy Pelosi a quelque peu aggravé les relations déjà très tendues entre Pékin et Taipei. La Chine estime que Taïwan lui appartient, mais elle n'a pas encore réussi à réunifier l’ensemble de son territoire depuis la fin de la guerre civile. Pékin est opposé à tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays, pouvant lui donner une légitimité internationale.


Une visite contre-productive ?
 
Bien qu'ils se soient tous gardés de critiquer ouvertement la tournée asiatique de Nancy Pelosi, les alliés de Washington dans la région ne voient pas d'un si bon œil la venue de la présidente de la Chambre des représentants, qui attise des tensions déjà tendues entre Washington et Pékin. Le Japon se dit ainsi préoccupé par les manœuvres chinoises à munitions réelles, qui se dérouleront devant sa porte. Tokyo souligne que « les questions relatives à Taïwan doivent être réglées pacifiquement ».  

De nouvelles tensions ne sont pas non plus dans l’intérêt de l’Australie qui appelle la Chine et les États-Unis à la « désescalade ». Boycotté par Pékin pour avoir demandé une enquête sur les origines du Covid, Canberra peine à regagner la confiance de la Chine nécessaire pour vendre son vin et son charbon. Sans compter que des avions australiens ont déjà été interceptés par des avions de chasse chinois dans le passé.

Joe Biden, qui avait si patiemment tissé des liens solides avec ses alliés dans la région Asie-Pacifique pour contrer l’influence grandissante de la Chine, voit aujourd'hui sa stratégie minée, estime le New York Times.

Selon un expert des renseignements australiens, cité par le quotidien, la visite de Nancy Pelosi a déclenché « une crise inutile qui risque de s’avérer comme un but contre son propre camp ».