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Maroc – Israël : Zim, futur acteur majeur du commerce avec l’Afrique ? [INTÉGRAL]


Rédigé par Abdellah MOUTAWAKIL Jeudi 27 Juillet 2023

Opérant très discrètement au Maroc depuis 2014, l’armateur maritime israélien Zim Integrated Shipping Services apparaît subitement comme un futur moteur vital du commerce israélien à destination de l’Afrique depuis le Maroc. Explications.



C’est une société qui a vu juste bien avant tout le monde. C’est ainsi que l’on serait tenté de résumer la situation de la compagnie maritime israélienne Zim Integrated Shipping Services (ou simplement Zim), elle qui a trouvé les moyens d’opérer au Maroc depuis 2014, par le biais de son représentant Sharaf Shipping Agency. 2014, c’est bien avant la normalisation, en décembre 2020, des relations entre le Maroc et Israël. Et c’est bien avant que la reconnaissance israélienne de la marocanité du Sahara ne vienne subitement « ouvrir des opportunités économiques » immenses pour les partenaires marocains et israéliens, comme le fait savoir le président de la région de Dakhla-Oued Eddahab, Yanja El Khattat. A l’heure où le Maroc n’attend que l’opérationnalisation effective de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), les perspectives du commerce maritime israélien depuis le Maroc vers l’Afrique subsaharienne s’annoncent prometteuses. « Pour le moment, Zim dessert le Kenya, la Tanzanie et l’Afrique du Sud. Grâce au Maroc, Zim pourra accéder au vaste marché de l’Afrique subsaharienne via le port Dakhla Atlantique », énonce l’expert maritime, le professeur Najib Cherfaoui.
 
100.000 conteneurs 
 
En attendant la fin des travaux de cette infrastructure qui va rapprocher le Maroc de l’Afrique subsaharienne, d’autres opportunités sont à saisir dans l’immédiat. « Il y a la demande en transport des engrais de l’OCP vers l’Afrique, actuellement de l’ordre de 10.000 conteneurs par an. A l’horizon 2030, ce trafic devrait atteindre une cadence annuelle de 100.000 conteneurs », poursuit le professeur Najib Cherfaoui, qui voit ainsi un véritable potentiel de coopération qu’apparemment personne ne croyait un jour se présenter. Cela, à l’heure où le Maroc ne dispose plus de pavillon national, une situation que les nouveaux partenaires israéliens ne manqueront sûrement pas de saisir, à défaut d’un retour en force d’une flotte marocaine, tant désirée. Car, il faut le dire, le Maroc a besoin de navires nationaux ou étrangers pour transporter sa forte production à destination du monde, et surtout de l’Afrique subsaharienne.
 
685 millions de dollars
 
Pour la compagnie maritime israélienne Zim, qui opère de façon discrète au Maroc, l’heure n’est pas encore à la communication. Mais, nous fait-on savoir auprès de ses partenaires, les schémas sont bien étudiés afin de faire du Maroc un probable relais des investissements et de pont logistique sur le continent. Pour Israël, l’objectif est aussi de sécuriser les relations avec l’Afrique, en créant des soupapes de sécurité à travers l’économie. Si les exportations israéliennes vers l’Afrique ne représentent que 685 millions de dollars en 2021, (1,3%), Tel Aviv espère les renforcer considérablement dans les années à venir. Ce qui ne peut se faire, à l’heure actuelle, qu’avec l’aide d’un partenaire prêt à mener des relations décomplexées avec Israël, à l’image du Maroc. Et dans cette perspective, l’équation logistique peut rapidement être résolue à travers des acteurs comme l’armateur Zim.
 
100 conteneurs par mois
 
Pour rappel, Zim est une entreprise de transport maritime israélienne, basée à Haïfa, qui a également un siège social nord-américain à Norfolk, en Virginie. Créée en 1945, Zim est cotée à la Bourse de New York depuis 2021. De 1948 à 2004, elle était commercialisée sous le nom de Zim Israel Navigation Company. Au 31 décembre 2022, avec une flotte de 137 navires et une capacité de 505.100 EVP, Zim se hisse à la place tant honorifique de huitième armateur mondial de porte-conteneurs. L’armateur opère dans environ 100 pays et dessert plus de 350 ports dans le monde. En ce qui concerne le Maroc, Zim se positionne globalement sur le transport de produits électroménagers, le carrelage et la céramique, en provenance de la Turquie, et les pâtes alimentaires à destination des Etats-Unis d’Amérique. On estime à environ 100 par mois le nombre de conteneurs transportés par cette compagnie dans les échanges extérieurs du Maroc.

 

Maroc – Israël : 3 questions à Yanja El Khattat « Le port de Dakhla sera le Tanger Med de l’Atlantique pour tous nos partenaires »

Avec une maîtrise parfaite des enjeux économiques de la reconnaissance israélienne du Sahara marocain, Yanja El Khattat, Président istiqlalien de la Région de Dakhla-Oued Eddahab, répond aux questions de « L’Opinion » sur les opportunités d’une présence des entreprises israéliennes dans sa région.
 
En tant que Président du Conseil de la Région Dakhla-Oued Eddahab, quelles retombées économiques attendez-vous de la reconnaissance israélienne de la marocanité du Sahara ?

Cette reconnaissance constitue une énorme source d’opportunités économiques, aussi bien pour le Maroc que pour Israël, et bien évidemment pour notre région. Je dirais même que c’est une grande porte ouverte pour saisir le potentiel économique dans notre région. Dakhla est une porte qui mène le Maroc vers l’Afrique subsaharienne. S’installer sur place rapproche donc les partenaires israéliens du reste de notre continent.

Quels sont les secteurs qui sont susceptibles de tirer profit et de se développer à travers cette présence israélienne ?

De nombreux secteurs vont sûrement en profiter. Je commencerais par le tourisme, qui est très important pour Dakhla et ses environs. Beaucoup de touristes israéliens ont déjà visité notre région et je suis convaincu qu’avec les développements actuels, ce rythme va se renforcer. Nous sommes convaincus que cette reconnaissance de la marocanité du Sahara va aussi favoriser le développement des infrastructures dans notre région, sans parler du secteur agricole. Car nous savons tous que les Israéliens ont une expertise reconnue en la matière, notamment en termes d’irrigation dans des zones désertiques. Le dessalement d’eau de mer figure également parmi les champs de coopération possible, en plus des énergies renouvelables et de la technologie. Cette reconnaissance profitera aussi bien aux sociétés marocaines qu’israéliennes.
 
Quel rôle le port Dakhla Atlantique sera-t-il appelé à jouer, notamment sur le plan maritime ?
 
Je pense que c’est une très bonne chose que les partenaires économiques israéliens soient présents dans la région avant l’ouverture de ce port. Ce port sera le Tanger Med de l’Atlantique. Il sera à la fois une plateforme qui va rapprocher aussi bien de l’Afrique que de l’Amérique. Et cela profitera à l’ensemble de nos partenaires présents dans notre région.
 

Relations bilatérales : Cap sur le transfert de technologie

Selon les statistiques des services israéliens, le Maroc et Israël ont atteint 55,7 millions de dollars d’échanges commerciaux en 2022. Le Maroc importe un volume de 37,9 millions de dollars, et exporte, vers le marché israélien, 17,8 millions de dollars. En décembre 2021, les deux pays ont franchi un cap supplémentaire avec la signature d'accords en fournitures d'armes et de coopération des services de renseignement.

Désormais, c’est à un partage d’expériences et à un transfert de technologies qu’il faut s’attendre dans de nombreux domaines. Parmi ces domaines économiques, on peut citer l’agro-industrie, le dessalement d’eau de mer, les technologies de l’information, ou encore l’armement.  

Ces échanges se font aussi de façon forte sur un secteur qui constitue le cordon ombilical entre le Maroc et Israël : le tourisme. En effet, selon les statistiques israéliennes, environ 200.000 touristes israéliens ont visité le Maroc en 2022.
 

L’info...Graphie


Histoire de Zim : Du transport de migrants au commerce mondial

C’est la compagnie elle-même qui se plaît à le rappeler, quand elle parle de son Histoire qui s’étend sur plus d’un demi-siècle. « Depuis ses débuts, où elle transportait des immigrants quittant une Europe déchirée par la guerre pour rejoindre le futur État d’Israël, Zim a connu une forte croissance et est devenue l’une des principales sociétés maritimes du monde, avec une présence aux quatre coins du globe », indique l’armateur.

Le nom « Zim » est venu de David Remez, premier ministre des Transports d’Israël. « Il avait été inspiré par un verset de la Bible (Nombres 24:24), dans lequel le mot hébreu « zim » désigne « un ensemble de grands navires », poursuit la compagnie. « Fort à propos, ce clin d’œil historique fait écho à l’un des premiers objectifs de notre entreprise : bâtir une flotte marchande de grande envergure ».

Quant au drapeau de Zim, il s’inspire d’un célèbre fanion que Theodor Herzl a dessiné en 1896 dans l’espoir qu’il devienne un jour l’emblème de l’État d’Israël. On pouvait y voir sept étoiles dorées disposées sur un fond blanc.

Aujourd’hui, ces couleurs ornent les cheminées des navires de Zim, ce qui permet de les reconnaître instantanément en mer. Zim a été créée en 1945 par l’Agence juive pour Israël, la fédération générale des travailleurs en Israël (Histadrut) et la ligue maritime israélienne (Israel Maritime League). L’entreprise a acquis son premier navire, le Kedmah, en 1947.








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