Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s'est entretenu, ce jeudi, avec son homologue allemande, Annalena Baerbock.
Qui aurait imaginé, il y a une année, les Chefs des diplomaties marocaine et allemande assis autour d’une même table, discutant allégrement des perspectives de développement de la coopération bilatérale. On a l’impression que les deux pays ont totalement oublié la crise qui les avait opposés en 2021 au point qu’on aurait cru qu’elle n’a jamais eu lieu. Durant sa première visite au Maroc après sa prise de fonction, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, découvre le Royaume auquel son gouvernement attache une importance particulière. Dès leur arrivée au pourvoir, les socio-démocrates n’ont pas tardé à se débarrasser des vestiges de l’héritage du gouvernement d’Angela Merkel, en tournant la page de la crise qui a opposé Rabat et Berlin pendant des mois sur fond des désaccords sur les intérêts vitaux du Royaume (Sahara, écartement délibéré du Maroc du dossier libyen, etc…). Une fois réconciliés, les deux pays ont fait part de leur volonté commune d’aller de l’avant et passer à la vitesse supérieure. Chose qu’a confirmée la Cheffe de la diplomatie allemande. « Le Maroc est un partenaire important, non seulement pour l’Allemagne, mais pour toute l’Union Européenne et est l’un des voisins les plus proches de l’Europe », a-t-elle affirmé, ajoutant que le pays a la volonté d’aller de l’avant et pousser la coopération bilatérale vers d’autres horizons, tels que la transition énergétique, la lutte contre le terrorisme et l’égalité homme-femme.
Sahara : l’Allemagne réitère son soutien au plan d’autonomie
La visite de Mme Baerbock a été une occasion pour réitérer encore une fois la position de son pays sur l’affaire du Sahara, sur la base de laquelle le Maroc établit ses partenariats et mesure leur loyauté. Sans ambages, la ministre allemande a exprimé une nouvelle fois la position de Berlin, telle qu’elle l’a été dans le communiqué du 13 décembre 2020. « L'Allemagne considère le plan d’autonomie comme une bonne base pour une solution acceptée par les parties », a déclaré la ministre allemande, lors de son point de presse, reprenant le communiqué conjoint.
La position allemande est alignée désormais sur celle de beaucoup de pays comme les Etats-Unis, l’Espagne, la France, la Hongrie, la Serbie et les Pays-Bas. Berlin s’inscrit, par conséquent, dans la tendance de soutien international au Maroc dans ce dossier.
Une visite aux objectifs clairs et ciblés
Accompagnée d’une importante délégation, la Cheffe de la diplomatie allemande n’est pas venue au Maroc seulement pour chanter les louanges des relations maroco-allemandes. Elle est venue avec un objectif clair : relancer la coopération dans des domaines bien précis, à savoir les énergies renouvelables, dont l’Allemagne est dépendante pour continuer sa transition énergétique. Berlin, rappelons-le, dirigé par un gouvernement à tendance écologiste, cherche des sources d’approvisionnement en énergie verte. Pas mieux que le Maroc qui dispose de l’une des plus grandes centrales solaires au monde (Noor à Ouarzazate) avec un climat propice au développement de cette industrie ainsi que celle de l’hydrogène vert. Berlin s’inscrit ainsi dans la continuité de la nouvelle politique d’association entre l’Union Européenne et le Maroc, basée essentiellement sur le numérique et la transition écologique. L’Europe compte investir près d’un milliard d’euros au Maroc dans le cadre de la nouvelle politique du « Global Gateway ».
Un nouveau dialogue stratégique
De son côté, le Maroc est lucide et semble déterminé à tout faire pour donner un nouvel élan aux relations bilatérales. Lors du point de presse conjoint, tenu à l’issue de son entrevue avec son homologue allemande, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a inauguré son allocation en allemand, a annoncé que la visite d’Annalena Baerbock ouvre un nouveau chapitre dans les relations bilatérales, qui ont déjà connu un nouvel élan suite à la lettre envoyée par le président allemand à SM le Roi. M. Bourita a indiqué qu’il s’est accordé avec son homologue sur la mise en place « d’un dialogue stratégique qui se tiendra chaque deux ans pour se concerter en permanence sur les sujets d’intérêt commun ». Aussi, les deux parties se sont-elles convenues d’instituer un comité économique mixte avec un échange de plus en plus fréquent de visites des responsables des deux pays. Enfin, Nasser Bourita a salué le rôle vertueux de l’Allemagne dans la promotion des relations du Maroc avec l’Union Européenne.
