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Mariem Faghraoui « Les startups manquent de financement d’accélération »


Rédigé par Mina ELKHODARI Mercredi 16 Août 2023

Les Industries Culturelles et Créatives (ICC) constituent un secteur de forte valeur ajoutée où tout reste à faire. Mariem Faghraoui, co-fondatrice de Neolli, que nous avons rencontrée lors d’une conférence tenue à Casablanca sous le thème : « Les opportunités entrepreneuriales dans les ICC », nous mène dans les coulisses de la vie entrepreneuriale.



Mariem Faghraoui, co-fondatrice de Neolli.
Mariem Faghraoui, co-fondatrice de Neolli.
- Actuellement, vous développez un projet en soutien à l’artisanat marocain. Quelles solutions proposez-vous à ce secteur ? 
 
- Neolli est une plateforme qui connecte les artisans et les petits producteurs à la clientèle B2B, soit des professionnels, soit des revendeurs ou encore autres. Notre objectif est de permettre aussi à ces artisans et producteurs de satisfaire les clients et de pouvoir se développer et se structurer.
 
Concrètement, l’idée consiste à offrir aux artisans et aux maâlems une boutique en ligne où ils exposent leurs produits pour plus de visibilité sur le marché. Notre équipe intervient, par ailleurs, dans la gestion de cette boutique, en coordination avec l’artisan concerné, lequel se concentre sur son travail artistique. 
 
Conscients des contraintes de l’artisan, Neolli s’occupe, ainsi, de toute la chaîne de valeur : suivi et préparation des commandes en ligne, logistique, contrôle de qualité, repackaging, facturation, mise en valeur des produits… C’est en tout cas le travail que les artisans ne maîtrisent pas forcément.
 
C’est une autre manière d’organiser le travail quotidien de l’artisan et de cadrer ses efforts en vue d’améliorer le niveau de son service pour qu’il soit au même niveau du service industriel. 
 
- Les artisans sont-ils réceptifs par rapport à ces solutions ?
 
- Bien entendu. Pour eux, c’est une vraie opportunité. Certes, ces artisans ont toujours voulu se digitaliser et accéder aux plateformes internationales mais ils ont toujours été contraints de s’adapter vu que ces plateformes exigent un niveau de savoir technologique important et un certain savoir-faire en marketing et en logistique pour réussir cette expérience.
 
- Neolli se veut également un dispositif d’accompagnement à l’artisan. Qu’en est-il exactement ? 
 
- Outre le volet commercial, Neolli accompagne l’artisan sur plusieurs volets : production, design, outils de paiement et obtention des autorisations d’export et des certifications au niveau de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) en cas de besoin. Tout ce travail se fait grâce au soutien de nos partenaires, notamment Visa.
 
En outre, nous leur permettons aussi de travailler sur de grandes commandes aux normes de grandes entreprises, dans le cadre de rencontres entre artisans. L’idée est de valoriser leurs créations mais aussi de les pousser à la formalisation de leur travail.
 
De ce fait, lorsqu’ils commencent à travailler avec Neolli, on essaye de les amener vers le statut d’auto-entrepreneur afin de les sortir de l’informalité.
 
- D’après vos constatations, à quel point est-il facile, en termes de financement et de gestion, de mener un projet d’ordre culturel et créatif au Maroc ?
 
- Dans notre cas, nous avons commencé, mon co-fondateur et moi, par des économies personnelles. Puis, nous avons réussi à avoir le financement de la Caisse centrale de garantie (CCG) « INOV IDEA, INOV START » qui nous a aidés à lancer notre plateforme. Nous avons eu droit, par la suite, à des Distinctions qui nous ont aidés à continuer notre aventure.
Ceci dit, peu importe le secteur, les entrepreneurs sont tous dans la même difficulté. Aujourd’hui, ce n’est plus difficile d’avoir le financement de départ grâce à la multiplication des programmes de soutien. Par contre, la difficulté réside surtout dans le fait de trouver le financement nécessaire pour accélérer la progression d’un projet. C’est cela, d’ailleurs, qui fait que plusieurs startups échouent à mi-chemin.
 
- Que devrons-nous donc faire ?
 
- Il s’agit surtout de mettre en place des programmes de financement et d’accompagnement à long terme. De plus, il est important que les administrations publiques et les banques soient plus agiles et rapides dans certains processus. Car, tout simplement, chaque jour compte pour les startups innovantes dont la durée de vie est limitée.
 
- Nombreuses sont les personnes qui doutent de la rentabilité de l’industrie artistique culturelle. Qu’en pensez-vous ?
 
- Le monde artistique et culturel est suffisamment rentable. Ceci dit, c’est possible de promouvoir la culture, l’héritage de notre pays, tout en gagnant de l’argent. La preuve en est l’expérience réussie de plusieurs pays, notamment le Japon et plus proche de nous l’Egypte dont la culture a traversé les frontières à travers le cinéma et l’art, en général. 
 
Les entrepreneurs marocains pourront, eux aussi, exporter notre culture et notre patrimoine à travers des projets dans l’industrie culture et créative sauf que cela exige forcément une vision globale de la part des décideurs. Une vision qui engage les différents acteurs dans plusieurs secteurs.
 
L’artisanat marocain, en particulier, est un secteur très porteur de richesse et de valeur ajoutée, ne reste que de comprendre le mindset (mentalité) de l’artisan, ses contraintes et son mode de fonctionnement pour en faire un acteur clé de l’industrie créative au Maroc.
 
- Plusieurs entreprises émergentes sont en situation difficile ces derniers temps. En tant qu’entrepreneur, quelle est la phase qui fait mourir les startups au Maroc ?
 
- Comme je l’ai déjà mentionné, au-delà du financement de départ garanti par les programmes d’incubation de l’Etat et du secteur privé, les startups manquent de financement d’accélération pour qu’elles puissent vivre. Elles commencent bien jusqu’au moment où elles se trouvent dans l’obligation d’injecter plus d’argent dans des moments décisifs où elles n’ont pas encore atteint un niveau de rentabilité important.
 
- Quelles sont les perspectives de développement de Neolli ? 
 
- Nous travaillons, aujourd’hui, sur l’ouverture de notre projet sur une clientèle plus large sans oublier l’accompagnement de plus d’artisans vers le secteur formel. Pour nous, il est question aussi de s’ouvrir sur d’autres artisans, notamment de l’Afrique subsaharienne, tout en intégrant de nouveaux services sur notre plateforme, à savoir le microfinancement.
 








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