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Marchica : Un joyau méditerranéen qui revient de loin


Rédigé par Omar ASSIF Mercredi 14 Septembre 2022

A Nador, les participants au premier forum des régions d’Afrique (FORAF), qui s’est tenu du 8 au 10 septembre à Saïdia, ont pu découvrir la success-story de la résurrection de Marchica.



La ville de Nador et sa périphérie continuent à se transformer, le résultat positif est déjà là et le meilleur est encore à venir. Un constat globalement partagé par les habitants de cette région ainsi que par les visiteurs et les touristes qui sont chaque année plus nombreux à choisir la baie de Marchica en tant que destination estivale. C’est également l’avis des participants au premier forum des régions d’Afrique (FORAF), qui s’est tenu du 8 au 10 septembre à Saïdia, sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

Ainsi, dans le cadre d’une visite de terrain, une délégation de plusieurs présidents des régions des pays africains amis ont pu découvrir la province de Nador, et plus particulièrement le projet d’aménagement de la lagune de Marchica. La visite a eu pour objectif de mettre en avant « la portée de ce méga projet à grande valeur ajoutée, qui constitue un levier majeur de développement de la province de Nador et promet de drainer des investissements qui seront orientés au profit d’un développement durable global et équilibré ».

Sept cités thématiques

« Avant 2008, la lagune était polluée par les déchets du Grand Nador. Il y avait alors une seule station d’épuration par lagunage. Cette situation a été rectifiée avec l’arrivée de l’Agence Marchica qui a construit une nouvelle station d’épuration, en partenariat avec l’ONEP, pour effectuer le traitement mécanique et biologique des eaux usées de Nador », témoigne un habitant de la ville. La dépollution de la lagune n’est cependant qu’une phase (certes fondamentale) du chantier de transformation qui a été lancé au niveau de Nador.

Plusieurs autres projets ont également structuré le chantier piloté par l’Agence de Marchica afin d’ériger la région en nouveau pôle d’investissement et de haut lieu de tourisme. Initié en 2008 par SM le Roi Mohammed VI, le projet d’aménagement du site de la lagune de Marchica, afin de valoriser les richesses naturelles de la région de Nador, impliquait également la réalisation de sept cités thématiques autour de la lagune pour un montant estimé à 26 milliards de dirhams.

Les sept promesses de Marchica

Première à avoir vu le jour, la cité d’Atalayoun au Sud-Ouest de la Lagune héberge déjà la plus grande académie de golf au Royaume (réalisée sur une superficie de 12 hectares), une infrastructure hôtelière fonctionnelle de type « resort » et 300 unités résidentielles auxquelles s’ajouteront 4 nouveaux hôtels ainsi que 1400 unités résidentielles supplémentaires. Une autre cité thématique est également en phase de finalisation au niveau de l’ancienne ouverture de la lagune.

Portant le nom de « Cité des deux mers », ce nouveau pôle touristique abritera un autre Eco-Resort dont une partie s’étendra sur plusieurs îles artificielles qui ont déjà été constituées par l’Agence. De même, les aménagements des cités « Baie des flamand », «Marchica Sport», Ville Nouvelle de Nador » et « Village des pêcheurs » sont actuellement en cours et ont atteint différents degrés de finalisation. Enfin, les « Vergers de Marchica », qui représentent la septième et dernière phase du projet, devront voir le jour à l’horizon 2025.

La deuxième vie de Marchica

« Il y a quelques années, très peu de personnes pouvaient vous dire qu’elles avaient choisi de passer leurs vacances au bord de Marchica. L’état désastreux de la lagune était tel que son potentiel touristique était devenu invisible puisque la majorité des touristes ne connaissait même pas son existence », atteste Sidi Imad Cherkaoui, ornithologue. C’est dire le chemin parcouru depuis le lancement du projet d’aménagement du site de la lagune de Marchica.

« Actuellement, la ville de Nador est en train de vivre une renaissance grâce au retour à la vie de sa lagune. La réhabilitation de Marchica est par ailleurs un exemple parfait de la façon avec laquelle nous pouvons allier développement local et protection des écosystèmes. C’est un modèle qui devrait inspirer d’autres villes et régions du Royaume », souligne le naturaliste qui espère par ailleurs que l’exemple d’un « développement local qui capitalise sur des écosystèmes assainis et valorisés » pourra s’étendre à l’ensemble de la façade méditerranéenne marocaine. Amen.



Omar ASSIF
 

Repères

“Transformer la nuisance en plaisance”
Le projet d’aménagement du site de la lagune de Marchica s’est confirmé depuis plusieurs années comme une success-story au niveau continental et international. L’expérience menée par l’Agence Marchica a été mise en avant, en 2018 à Nairobi, par les Nations Unies comme un modèle économique et social résumé par le slogan « Transformer la nuisance en plaisance ». Les représentants de près de 170 pays avaient à cette occasion pu découvrir l’approche et les réalisations de ce projet initié par SM le Roi Mohammed VI en 2008.
 
Dépollution sur 115 km²
L’enveloppe budgétaire nécessaire à l’accomplissement du projet d’aménagement du site de la lagune de Marchica s’élève à quelque 26 milliards de dirhams. La première phase du projet a consisté en la dépollution de la lagune de Marchica ayant nécessité un investissement de l’ordre de 1,5 milliard de Dirhams. L’ouverture d’une passe d’un kilomètre de longueur et de 300 mètres de largeur a ainsi permis le ressourcement et la purification du milieu marin. A noter que la lagune de Marchica s’étend sur une superficie de 115 km².

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Oriental


Les divers chantiers structurants de Nador et sa région
 
Le projet d’aménagement du site de la lagune de Marchica joue un rôle de locomotive et développement, de pôle de compétences et de création d’emplois. Il se positionne également comme un chantier en harmonie avec les grands projets de la région de l’Oriental, notamment le complexe portuaire Nador Med West, l’Agropole de Berkane et la centrale thermo-solaire de Aïn Béni Mathar.

Après la finalisation du projet d’autoroute Nador-Guerif, la zone bénéficiera par ailleurs d’une meilleure connectivité à même d’asseoir son nouveau statut régional. Une station de dessalement de l’eau de mer est également prévue dans la région de Nador.

D’une capacité de 100 millions de m³ qui pourra être portée à 200 millions de m³, la future station sera construite dans le cadre d’un Partenariat public-privé. Suite à un appel d’offres clôturé le 12 mai 2022, un consortium composé de trois entreprises (CID, Agroconcept et Medsurvey) a ainsi remporté le marché de l’étude de faisabilité et de mise en oeuvre du projet de la station.

 

Veille


Mobilisation à Nador pour la protection de Marchica
 
La préservation de la lagune de Marchica est une affaire de longue haleine. Les associations et les habitants de Nador semblent s’approprier cet enjeu puisqu’ils relaient régulièrement des alertes afin d’éviter la déperdition des acquis de la dépollution de leur lagune. Le dernier épisode de ce genre s’est déroulé en août dernier lorsque plusieurs associations de la ville ont signé et relayé une pétition pour signaler « des rejets délibérés d’eaux polluées » dans la lagune. Une alerte qui a rapidement déclenché une enquête à travers une commission centrale de l’ONEP.

Une visite de terrain a ainsi été menée du 4 au 6 août 2022 afin de s’enquérir sur place de la situation de tous les points de rejet déversant dans la lagune de Marchica. Le communiqué publié par la suite par l’ONEP a toutefois révélé que la commission n’a constaté aucun rejet délibéré des eaux usées ni d’odeurs nauséabondes au niveau de tous les points de rejets existants et pouvant déverser dans la lagune de Marchica.

La même source a par ailleurs souligné que « les équipes d’assainissement de l’ONEE sur place restent très engagées et n’épargnent aucun effort dans le suivi et la gestion des ouvrages d’assainissement, surtout durant cette période estivale caractérisée par l’affluence d’un nombre important de visiteurs vers la ville de Nador ».

En parallèle, les services de l’ONEE assurent une coordination continue avec les autorités locales et l’Agence pour l’Aménagement du Site de la Lagune de Marchica à Nador afin de mener les actions nécessaires pour éviter tout éventuel rejet vers la lagune.
 

3 questions à Imad Cherkaoui


« La lagune a déjà commencé à fournir à nouveau des services écosystémiques qui avaient été perdus ou interrompus à cause de sa détérioration »
 
Ornithologue, enseignant-chercheur à l’Université Ibn Tofail de Kénitra et président de l’Association Nature Solutions, Sidi Imad Cherkaoui répond à nos questions.

- Quelles sont les spécificités et les valeurs écologiques de la baie de Marchica ?

- Marchica est considérée comme l’une des plus grandes lagunes méditerranéennes. Classée comme zone humide RAMSAR depuis 2005, sa situation géographique et ses atouts naturels en ont longtemps fait une étape importante d’escale pour les oiseaux migrateurs. Elle constituait une véritable mosaïque d’habitats naturels qui hébergeait une biodiversité remarquable comprenant plusieurs espèces endémiques. Marchica fait également partie du réseau national des Sites d’Intérêt Biologique et Écologique (SIBE).


- La dépollution de Marchica a-t-elle permis sa réhabilitation écologique ?

- À mon avis, c’est le cas. Cette lagune est globalement passée par trois phases : une première phase durant laquelle elle conservait encore son état écologique initial, une longue phase de détérioration due aux rejets de pollution qui s’y sont accumulés durant plusieurs années, et une dernière phase de réhabilitation progressive qui s’est amorcée depuis le lancement des efforts de dépollution. Actuellement, plusieurs espèces qui avaient déserté la lagune sont de retour. C’est le cas par exemple de certaines espèces de tortues marines et d’oiseaux migrateurs comme l’Avocette élégante. La réhabilitation de la lagune a même permis à une espèce comme le « Chevalier gambette » de retrouver un habitat propice de nidification.


- Peut-on espérer que la lagune de Marchica puisse retrouver toute la richesse naturelle dont elle jouissait avant sa pollution ?

- Si les efforts pour la préserver se maintiennent, je pense que ça sera le cas. Certains habitats ou espèces très vulnérables à la pollution nécessitent beaucoup de temps avant de pouvoir se reconstituer. Cela dit, la lagune a déjà commencé à fournir à nouveau des services écosystémiques qui avaient été perdus ou interrompus à cause de sa détérioration.



Recueillis par O. A.
 








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