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Marche Verte : Chronologie d’une épopée fondatrice du patriotisme marocain


Rédigé par La rédaction Samedi 6 Novembre 2021

La Marche Verte a été et restera le symbole absolu de la symbiose qui unit indissolublement le Trône et le peuple. Retour sur cette épopée nationale.



Aujourd’hui, le peuple marocain célèbre le 46ème anniversaire de la Marche Verte, un événement historique ancré dans l’âme marocaine. Le Maroc a récupéré ses provinces du Sud grâce au génie de feu Sa Majesté le Roi Hassan II et le dévouement de son peuple. Le 6 novembre 1975, 350.000 Marocains ont marché pour libérer pacifiquement leur Sahara du joug du colonisateur espagnol suite à l’appel solennel de leur monarque lors du discours inoubliable du 16 octobre pour mettre fin à une occupation qui durait depuis 1884. Cette marche libératrice a pris de court le monde entier, jamais un peuple n’a pu libérer son territoire aussi pacifiquement, prouvant ainsi l’exception d’une Nation millénaire. Maintenant que nous commémorons cette glorieuse épopée, il est important de raviver cet héritage légué aux nouvelles générations n’ayant pas vécu cet événement crucial qui s’est ancré dans l’imaginaire populaire et embelli notre Histoire nationale.

Bouter le colonisateur hors de nos terres

La Marche Verte est l’un des derniers épisodes de l’achèvement de l’unité territoriale. Après s’être affranchi des protectorats français et espagnol en 1956, rattacher Tarfaya en 1958 et Sidi Ifni en 1969, il ne restait plus que la récupération du reste des provinces du Sud constituées de Ouad Dahab et Saguia El Hamra pour tourner définitivement la page du colon espagnol. Dès le début des années 70, la question de la décolonisation du Sahara marocain est devenue une fatalité historique et une exigence de la communauté internationale par le biais des Nations Unies qui appelait à mettre un terme à la présence de l’Espagne au Sahara. Ce à quoi a concédé l’Espagne de Franco, qui vivait ses derniers jours. Laquelle a affiché sa volonté de quitter le territoire dès 1974. Ensuite, le Maroc a eu gain de cause auprès de la Cour Internationale de Justice des Nations Unies qui a donné raison aux revendications du Maroc sur son Sahara.

Le Sahara, une terre historiquement marocaine

Se distinguant avec une Histoire de 1200 ans, le Maroc n’est pas le fruit d’un traçage colonial, comme c’est le cas pour la plupart des pays colonisés. Le Sahara a toujours été une terre marocaine avant la venue des Espagnols, en témoigne l’avis de la Cour de La Haye, émis à la demande du Maroc, qui a clairement affirmé que le Sahara ne fut jamais une terra nullius (un territoire sans maître), reconnaissant les liens d’allégeance reliant les tribus du Sahara et les sultans du Maroc. Ce lien a été corroboré par des preuves juridiques du droit musulman prouvant la fidélité et l’obéissance des tribus sahraouies au pouvoir central du Sultan. Le cordon ombilical entre la dynastie alaouite et les tribus du Sahara ne peut plus être réfuté. Bref ! Le Maroc est légitime dans son Sahara. Après cela, rien n’empêchait le peuple marocain d’aller retrouver ses frères du Sud.

Le coup de génie de feu Hassan II

Fort de l’avis de la Cour de La Haye, feu SM Hassan II n’a pas hésité à défier les Espagnols par une idée d’une intelligence inouïe, en appelant les Marocains à une marche pacifique. Il s’agissait de neutraliser les colonisateurs en leur envoyant une marée humaine qu’ils n’oseraient attaquer. Le 16 octobre 1975, SM le Roi Hassan II a fait part aux Marocains de son plan lumineux pour recouvrer les provinces du Sud en leur lançant un appel solennel pour aller libérer le Sahara. Un appel resté gravé dans la mémoire collective. « Il nous reste à faire, cher peuple, une seule chose, c’est d’entreprendre une marche pacifique du Nord, de l’Est, de l’Ouest, vers le Sud. Il nous appartient d’agir comme un seul homme, dans l’ordre, pour rejoindre le Sahara », un appel si éloquent qu’il ne pouvait que galvaniser les foules marocaines qui ont aussitôt répondu à l’appel de leur Souverain.

350.000 volontaires

350.000 Marocains se sont portés volontaires pour aller libérer le Sahara et le faire revenir à la mère patrie. Ce nombre fut choisi consciemment par SM feu Hassan II, il avait une portée symbolique puisqu’il correspondait au nombre annuel des naissances. « C’est le chiffre des individus qui naissaient annuellement au Maroc à l’époque. J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu nous donne pour ramener à la patrie une terre que nous n’avions jamais oubliée », avait précisé feu Hassan II, lors de son fameux discours du 16 octobre. Des bureaux d’inscription des volontaires ont aussitôt ouvert leurs portes pour accueillir les bénévoles à travers l’ensemble du pays sous l’autorité des gouverneurs. Les femmes comme les hommes se sont enhardis et n’ont pas hésité à prendre part à la marche libératrice. 10%, soit 3500 des participants, étaient des femmes. Les marcheurs sont venus de toutes les provinces du Royaume représentant le Maroc dans toute sa diversité, comme en témoigne l’ancien Premier ministre Maâti Bouabid, qui disait : « C’était un véritable Maroc en miniature ».

Une démarche pacifique

Contre toute attente, la libération du Sahara était pacifique, le Maroc avait récupéré ses provinces du Sud sans la moindre hostilité. Pour SM feu Hassan II, il ne s’agissait point de déclarer une guerre aux Espagnols, le Maroc ne voulait que récupérer paisiblement son territoire. « Nous serons sans armes, car nous n’allons pas faire la guerre à l’Espagne. Celle-ci n’a plus de responsabilités dans cette affaire », a rassuré le Souverain. Ainsi, 350.000 Marocains sont partis à la conquête de leurs terres légitimes armés de Coran et de drapeaux marocains. Toutefois, gare aux agitateurs ! Bien que la marche soit pacifique, feu Hassan II avait mis en garde les ennemies de notre intégrité, à savoir l’Algérie et son nouveau-né, le Polisario, né des accords secrets Lopez-Bouteflika, contre toute tentative d’attaquer les marcheurs qui furent encadrés par 20.000 membres des Forces Armées Royales.

Un périple libérateur dans la liesse populaire

La Marche Verte a nécessité pour sa réussite une mobilisation générale pour assurer le transport des participants vers Marrakech, le point de rassemblement. Des commissions pour l’hébergement et l’accueil ont été mises en place à cet effet. Pendant douze jours, avant le début de la marche tant attendue, dix trains étaient mobilisés quotidiennement, ont transporté les volontaires du Nord et de l’Est du Maroc vers la cité ocre, pour ensuite les acheminer par 7813 camions à Agadir avant d’entamer leur périple vers le Sahara. Les marcheurs ont pris ensuite leur chemin après le coup d’envoi donné par SM feu Hassan II lors du discours du 5 novembre : « Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne », a-t-il asséné.

Mis à part les participants, tous les Marocains qui n’ont pas eu la chance de rejoindre la marche y ont contribué à leur façon, de leur argent et leurs moyens personnels. « Mon père a mis tous ces camions à disposition des autorités pour transporter les marcheurs d’Agadir au Sud du Sahara », nous confie Khadija, quinquagénaire, qui se rappelle les moments de joie et liesse nationale pendant cette période. « Les jours précédant la marche connurent une communion incroyable entre les Marocains, je me rappelle des scènes des enfants de Rabat qui acclamaient les volontaires qui s’apprêtaient à partir pendant leur passage, nous leur donnions de la nourriture et des vêtements en leur souhaitant bonne chance », s’est-elle remémorée avec une nostalgie qui s’est dessinée sur son visage. Brandissant les drapeaux, le Coran et les portraits du Roi, les convois des marcheurs, à leur tête les responsables du Gouvernement ainsi que des élus, ont pénétré des zones occupées après le retrait des Espagnols, au regard admiratif de la communauté internationale.


Mission accomplie
 
Au bout de trois jours, la Marche Verte a réalisé ses objectifs. Du 6 au 9 novembre, les marcheurs ont parcouru plus de 20 km franchissant le poste frontalier de Tah, avant d’être rappelés par SM le Roi qui leur avait demandé de retourner, considérant que la marche a atteint ses fins. Ainsi, les Marocains ont accompli l’une des prouesses les plus remarquables de l’Histoire du Maroc, qu’avait louée feu Hassan II dans son discours du 9 novembre. « Ils viennent d’écrire une des pages les plus glorieuses de notre Histoire, une page qui sera citée en exemple aux générations futures en fait de discipline, d’obéissance, de maturité, d’endurance et de patriotisme », c’est ainsi que le Souverain a encensé les participants. Le Sahara est revenu à la mère patrie sans la moindre goutte de sang, les accords de Madrid du 14 novembre 1975 ont régi ensuite le retrait de l’Espagne, laissant le soin au Maroc et à la Mauritanie de partager le territoire avant que celle-ci n’abandonne sa responsabilité au profit du Maroc.

 


Elan Créatif
 
Etant une fête nationale, la Marche Verte a déclenché le génie musical marocain, tous les chanteurs et groupes musicaux de l’époque se sont hâtés de contribuer à leur façon pour célébrer la Marche par les chants les plus pittoresques qui sont encore vivants dans le patrimoine musical marocain. Une avalanche de chansons patriotiques a été produite dans un temps record entre l’appel du 16 octobre et le 6 novembre. Compositeurs, poètes, stars de la chanson marocaine, et autres musiciens chevronnés se sont donné le mot pour offrir au répertoire musical national une collection parmi les plus belles créations de son Histoire. Pour ne citer qu’elle, « Sawt LHassan ynadi », qui fut chantée passionnément par plusieurs chanteurs imminents de l’époque tels que Mahmoud Idrissi, Ismaïl Ahmed, Bahija Idriss, Mohammed Alhyani, Ahmed Algharbaoui, Abdelhadi Belkhayat, rendant hommage à l’appel de SM feu Hassan II et célébrant la libération du Sahara dans des envolées lyriques pittoresques du dialecte marocain.
 

 
L’inspiration de la patrie
 
Au lendemain de la Marche Verte, «Jil Jilala » compose et interprète «Laâyoune ayniya », un chant patriotique où le groupe exprime l’attachement des Marocains au Sahara. La légende veut qu’elle fût écrite, composée arrangée et enregistrée en une seule nuit. Mohamed Chahramane, poète de Marrakech, aurait écrit cette chanson, devenue slogan national, en l’espace de quelques heures. Mahmoud Saâdi, Moulay Tahar Al Asbahani et Mohammed Darham on fait le reste pour que ce chant devienne une véritable page d’Histoire. Le groupe, qui est devenu célèbre pour ces textes engagés et revendicateurs au début des années 70, est devenu porte-voix de tout un peuple avec une chanson qui allie à la fois la ferveur nationale, l’identité culturelle et l’attachement aux valeurs spirituelles, le tout dans un langage dont la simplicité et la clarté ont touché les cœurs avant de voir les Marocains la répéter en chœur à chaque fois qu’il était question de défendre la cause sacrée de notre intégrité territoriale. A elle seule, cette chanson si spontanée, et si authentique, résume tout l’esprit de la Marche Verte, et la quintessence de l’union du peuple et de son Roi pour une cause qui transcende tous les chauvinismes et autre régionalisme pour affirmer une identité unique : la marocanité dans toute sa splendeur.

 

Repères

Muammar Kaddafi voulait participer à la marche

Bien qu’il soit l’un des leaders les plus hostiles au Maroc pendant les années 70 en soutenant ouvertement le Polisario politiquement et même militairement, le Colonel Kaddafi avait voulu participer à la Mache Verte, chose qui peut interloquer beaucoup de gens. SM Hassan II l’a lui-même confié dans son livre « Mémoire d’un Roi ».
« En 1975, alors que je mettais la dernière main aux préparatifs de la marche, il m’a envoyé un télégramme officiel où il me déclarait : « En tant que révolutionnaire, je suis à mille pour cent avec vous, je veux venir à la tête d’une délégation libyenne et affronter nos ennemis communs, les colonisateurs», a rappelé le Roi défunt, précisant qu’il n’a pas donné suite à la demande de Kaddafi.

La lutte continue

Bien que le Maroc ait pu récupérer le Sahara, les turbulences persistent de la part du mouvement séparatiste du Polisario et son parrain l’Algérie, qui ont tout fait pour remettre en cause son intégrité territoriale et imposer une prétendue « autodétermination du peuple sahraoui » qui n’existe que dans leur imagination.
Les séparatistes n’ont pas hésité à guerroyer contre le Maroc jusqu’en 1991, date d’un cessez-le-feu décidé par les instances internationales. Maintenant que l’affaire est toujours entre les mains des Nations Unies, le Maroc semble avoir tranché ce différend avec sa proposition du plan d’Autonomie qui bénéficie du soutien de la majeure partie de la communauté internationale.








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